L'aviation bombarde les cités, Dacca notamment, où les vieux quartiers brûlent pendant trois jours. Après le passage des hordes de Pendjabis, Dacca n'est qu'une ville morte : plus de 20 000 personnes ont été exterminées, selon les militaires eux-mêmes ; les deux tiers des habitants se sont enfuis. Malgré quelques sabotages, l'armée de libération, force disparate composée d'unités bengalies mutinées, de la police locale et de volontaires, ne peut empêcher la progression des soldats de l'Ouest, qui occupent chaque ville l'une après l'autre.

Répression

Armes et munitions font défaut et le même scénario se reproduit : des paysans se lancent, avec des couteaux ou leurs mains nues, à l'assaut des chars ou des soldats, entraînés et renforcés (ils passent de 10 000 à 70 000). La répression est impitoyable. De village en village, les Pendjabis incendient systématiquement les deux côtés de la route et tirent sur tout ce qui bouge, même les enfants. Les malades de l'hôpital de Chittagong n'ont pas plus grâce à leurs yeux.

Song-My, le Biafra, Dresde, Oradour : c'est ainsi que les témoins occidentaux évoquent les horreurs du Bengale. La destruction vise les richesses économiques (récoltes, usines de jute) et les élites (étudiants et professeurs, dirigeants awamis). « Ils veulent nous forcer à manger de l'herbe et qu'aucun cerveau ne puisse se relever contre eux », dit un résistant bengali.

Quand les soldats regagnent leurs bases, ils ont pris de vitesse la mousson, allié sur lequel comptaient les Bengalis. Il est temps : le Pakistan est au bord de la banqueroute. La pacification revient à 10 millions de francs par jour, et Américains et Britanniques conditionnent le renouvellement de leur prêt annuel au « règlement humanitaire » de la crise. Vœu pieux et tardif ! Les pays occidentaux (qui, avec la Chine, fournissent ses armes au Pakistan) s'en remettent à l'appréciation d'Islamabad. D'ailleurs, Londres a prêté aux avions pakistanais son escale de l'île de Gan.

Indifférence

Encore mal remise des remous du Biafra, l'ONU reste sourde à l'appel que lui lance Mujibur Rahman. Seul, N. Podgorny tape sur la table et exhorte Yahya khan « à faire cesser l'effusion de sang. » Mais l'URSS ne renouvelle pas son avertissement, qualifié par Pékin de geste de soutien envers l'Inde, accusée d'intervention directe en faveur des Bengalis. L'attitude de La Nouvelle-Delhi est ambiguë. Elle dénonce le « génocide » bengali, interdit aux appareils pakistanais le survol de l'Inde, mais ne reconnaît pas le Bangla Desh, comme le réclame son opinion publique.

Des conférences de presse à la sauvette à quelques pas de la frontière indienne n'accréditent pas beaucoup le gouvernement provisoire du Bangla Desh, réfugié à Calcutta, sans son chef, Mujibur Rahman, tué ou prisonnier. Aucun pays étranger ne l'a reconnu. Tandis que des contremaîtres pendjabis supervisent la reprise du travail et que Yahya khan demande aux réfugiés « trompés par l'Inde » de rentrer chez eux, dans les rizières ou sous le couvert de la jungle, les étudiants, ceux de Dacca, mais aussi ceux de Calcutta, les maoïstes indiens qui passent la frontière, rejoignent les paysans, et s'exercent avec eux à la guérilla, en rêvant d'un État populaire bengali de 130 millions d'habitants.

Pékin, l'allié fidèle qui accorde aux capitalistes d'Islamabad un important prêt sans intérêt, gagne sur les deux tableaux. C'est la raison de la réaction vigoureuse de Moscou et de la prudence de La Nouvelle-Delhi, qui redoutent, à travers la crise pakistanaise, la naissance d'autres remous dans le subcontinent asiatique.

Philippines

38 493 000. 129. 3,5 %.
Économie. PNB (68) 301. Production (67) : A 33 % + I 24 % + S 43 %. Énerg. (*68) : 248. C.E. (68) : 9 %.
Transports. (*68) : 894 M pass./km, 117 M t/km. (*68) : 232 700 + 173 300.  : 929 000 tjb. (*68) : 1 320 043 000 pass./km.
Information. (66) : 23 quotidiens ; tirage global : 906 000. (66) : 639 000. (67) : *190 000. (68) : 241 496.
Santé (67). 24 921.
Éducation (65). Prim. : 5 816 106. Sec. et techn. : 1 183 307. Sup. : 519 221.
Institutions. République indépendante le 4 juillet 1946. Constitution de 1935 ; régime présidentiel. Président et chef de l'exécutif : Fernando Marcos, élu le 9 novembre 1965 ; succède à Diosdado Macapagal.

Qatar

100 000. 5. 7,8 %.
Information. (68) : 8 237.
Santé (67). 50.
Éducation (67). Prim. : 11 871. Sec. et techn. : 2 465.
Institutions. État indépendant le 2 avril 1970. Constitution provisoire d'avril 1970. Chef de l'État : cheikh Ahmed ben Ali Al Thani (ancien gouverneur).

Singapour

2 050 000. 3 534. 2,3 %.
Économie. PNB (68) 723. Énerg. (*68) : 686. C.E. (68) : 88 %.
Transports. (*68) : 126 500 + 29 300. (*68) : 337 364 000 pass./km.
Information. (67) : 13 quotidiens ; tirage global : 635 000. (68) : 108 000. (66) : 57 300 fauteuils ; fréquentation : 25,9 M. (68) : 119 184.
Santé (67). 1 099. Mté inf. (68) : 24,6.
Éducation (67). Prim. : 368 650. Sec. et techn. : 146 200. Sup. : 13 005.
Institutions. République indépendante le 9 août 1965. Constitution de 1957. Président de la République : Benjamin Sheares, élu le 30 décembre 1970 ; succède à Youssouf ben Ishak, décédé. Premier ministre : Lee Kwan Yew.

Sultanat d'Oman

565 000. 3.
Économie. PNB (58) 62. Énerg. (*68) : 42.
Santé (66). 23.
Institutions. Sultanat indépendant. Souverain : sultan Sayed Qabous Ben Said ; succède à son père Said Ben Taimur, destitué le 23 juillet 1970. Jusqu'à cette date le sultanat d'Oman portait le nom de Mascate-et-Oman.

Destitution

Le 23 juillet 1970, le sultan Said Ben Taimur, souverain de Mascate-et-Oman depuis trente-huit ans, abdique en faveur de son fils Qabous dans des conditions sur lesquelles toute la lumière n'a pas été faite.