Le régime tente d'isoler ses ennemis en prenant des mesures qui se veulent populaires. Le 11 novembre 1970, il promulgue une réforme agraire prévoyant, d'une part, la confiscation des domaines appartenant aux partisans de l'ancien régime et, d'autre part, la limitation de la propriété à 20 feddans (8,5 ha) pour les terres irriguées et à 40 feddans pour les domaines non irrigués ; les terres confisquées sont confiées à des coopératives d'État. Toujours en novembre, les autorités assistent (avec une évidente satisfaction) à des jacqueries dans la province du Lahej, où les paysans s'emparent des terres de grands propriétaires.

Le 30 novembre, le chef de l'État, Salem Ali Robaya, annonce que la République sud-yéménite prenait désormais le nom de République démocratique et populaire du Yémen. Il indique que le Front national de libération, au pouvoir, accueillerait les membres d'autres organisations si celles-ci acceptaient (à l'instar du parti communiste) de se fondre dans le FNL. À la mi-janvier 1971, le ministre de la Défense rencontrait au Caire Abdel Kawi Makkawi, secrétaire général du Flosy, organisation rivale dissoute, afin d'obtenir son ralliement.

L'opposition conservatrice, que l'on dit soutenue par l'Arabie Saoudite, ne désarme pas. Des forces tribales prennent le maquis dans le Troisième Gouvernorat, au nord-est d'Aden. Des combats, fin février 1971, font, selon le ministre de l'Information, quelque 200 morts. Le 25, le ministre de la Défense indique que des armes de fabrication américaine ont été saisies.

Pour les dirigeants sud-yéménites, une conjuration animée par les États-Unis, la Grande-Bretagne, l'Arabie Saoudite et les principautés du golfe Persique vise à renverser le régime progressiste d'Aden. Celui-ci soutient à plusieurs reprises que des avions britanniques, basés dans le sultanat voisin d'Oman, violent le territoire de la RDPY. En revanche, les responsables admettent qu'ils soutiennent la révolution dans la province du Dhofar dirigée contre le sultan d'Oman.

Pékin

Par idéologie autant que par nécessité, le gouvernement d'Aden développe ses relations avec les pays communistes. Ses préférences paraissent aller davantage à la Chine populaire qu'à l'Union soviétique. Le chef de l'État yéménite accomplit du 31 juillet au 13 août 1970 une visite officielle en Chine, au cours de laquelle il s'entretient avec Mao Tsé-toung et Chou En-lai. Le 7 août, un accord de coopération économique et technique est signé entre les deux pays. Pékin octroie notamment un prêt de 4 millions de livres sterling pour la construction d'une route de 320 km.

Dans le conflit palestinien, Aden a adopté une attitude analogue à celle de Pékin, en rejetant la résolution 242 du Conseil de sécurité, ainsi que le plan Rogers. Mais, en juin 1971, aucune preuve ne permettait d'affirmer qu'Aden avait participé à l'attaque du détroit de Bab el-Mandeb, contre le tanker libérien Coral-Sea, qui transportait du pétrole vers le port israélien d'Eilat.

Fédération des États du golfe Persique

Après une réflexion de neuf mois, le gouvernement conservateur de Grande-Bretagne décide, le 1er mars 1971, de ne pas revenir sur la décision travailliste : les troupes anglaises seront retirées des États du golfe Persique avant la fin de l'année. Les propositions de Londres, formulées devant la Chambre des communes, prévoient essentiellement l'abolition des accords de protection conclus avec chacun des neuf émirats du golfe et la signature d'un nouveau traité liant cette fois-ci l'Angleterre avec la fédération que mettraient sur pied ces principautés.

Londres n'a pas l'intention de renouveler son engagement de défendre les pays de la région contre des attaques extérieures, mais seulement de contribuer à l'entraînement des forces fédérales ; il est également prévu que les bases entretenues à Bahreïn et à Charjah seront supprimées, mais que des unités navales et aériennes britanniques visiteront la région à intervalles réguliers. Ces arrangements, indique-t-on au Foreign Office, pourraient être remis en cause si les neuf États — Bahreïn, Qatar, Abou Dhabi, Dubaï, Charjah, Ajman, Om-el-Kaywayn, Ras-el-Kheima et Foudjeira — ne constituent pas, avant la fin de l'année, la fédération en discussion depuis février 1968.