Une gigantesque rafle destinée à prévenir une semaine de terreur révolutionnaire à l'occasion du premier anniversaire de la mort de Carlos Marighela amène à l'arrestation d'environ 5 000 personnes. Mais le président Medici ordonne de mettre fin à cette vague d'arrestations, déclenchée, déclare-t-il, sans son accord.

Élections

28 millions et demi d'électeurs — sur une population de 92 millions d'habitants — se rendent aux urnes pour procéder au renouvellement d'un tiers du Sénat, de la totalité de la Chambre des députés et de la totalité des représentants aux assemblées législatives des 22 États de la fédération.

Seul moyen de manifester son opposition : le bulletin blanc ou nul. Les électeurs en usent largement : dans certaines villes, cette solution sera adoptée par 50 % des votants.

L'ARENA (Alliance de rénovation nationale), représentant l'autorité en place, sort largement vainqueur de la consultation électorale. Le Mouvement démocratique brésilien, qui constitue l'opposition, a pu, très timidement, faire entendre sa voix pour demander l'abrogation de l'acte institutionnel n° 5 et le retour à un régime démocratique.

Enlèvements

Ayant déjà réussi à échanger 15 prisonniers politiques contre l'ambassadeur des États-Unis, Charles Bruke Elbrick ; ayant obtenu 5 détenus contre la libération du consul du Japon à Sao Paulo, Nobuo Ogushi, et 40 prisonniers politiques contre l'ambassadeur de l'Allemagne de l'Ouest, Erhenfried von Hollebenn, l'Alliance de libération nationale (ALN) enlève cette fois l'ambassadeur de Suisse à Rio, Giovanni Enrico Bûcher. Elle exige en échange du diplomate 70 prisonniers politiques, la publication d'un manifeste et la gratuité du transport sur les lignes ferroviaires de la banlieue de Rio pendant la durée des négociations. Le gouvernement refuse cette dernière mesure démagogique, s'oppose à la deuxième, mais accepte la première. Une nouvelle notion interviendra dans ce genre de tractation : celle de prisonnier politique négociable. En effet, l'accord ne se fait pas immédiatement sur certains noms, ce qui retarde la libération de l'ambassadeur, qui restera aux mains de ses ravisseurs pendant quarante jours.

Économie

Le ralentissement de l'inflation, l'intégration économique de l'Amazonie, le succès du programme d'éducation, la mise en œuvre de grands travaux devraient permettre de régulariser la situation au Brésil.

Chili

9 780 000. 13. 2,4 %.
Économie. PNB (68) 569. Production (67) : A 9 % + I 45 % + S 46 %. Énerg. (*68) : 1 151. C.E. (68) : 18 %.
Transports. (*68) : 2 085 M pass./km, 2 637 Mt/km. (*68) : 130 200 + 124 300.  : 288 000 tjb. (*68) : 601 460 000 pass./km.
Information. (64) : 46 quotidiens ; tirage global : 1 006 000 pour 43 quotidiens. (67) : *49 000. (66) : 266 300 fauteuils ; fréquentation : 69,4 M. (68) : 312 042.
Santé (67). 3 930. Mté inf. (67) : 99,7.
Éducation (67). Prim. : 1 854 604. Sec. et techn. : 203 597. Sup. : 57 146.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1925. Président et chef de l'exécutif : Salvador Allende, élu le 24 octobre 1970 ; succède à Eduardo Frei Montalva.

Les résultats de l'élection présidentielle pour la succession d'Eduardo Frei ont été ressentis en Amérique latine comme « un véritable tremblement de terre électoral ».

Le 4 septembre 1970, le marxiste Salvador Allende. candidat de l'Unité populaire arrive en tête, avec 36,3 % des voix, devançant ainsi le candidat conservateur Jorge Alessandri, ancien président de la République (34,9 %), et Radomiro Tomic, démocrate-chrétien (27,8 %). Ce succès relatif du candidat socialiste a été obtenu à l'issue d'une campagne électorale marquée essentiellement par la crainte d'un coup d'État militaire et par de très violents incidents ayant fait au total 6 morts et plus de 200 blessés, notamment lors de la journée du 28 août, où les partisans d'Alessandri et les supporters de Tomic s'affrontèrent.

Vote du congrès

Aucun des trois candidats n'ayant obtenu la majorité absolue, il revenait au Congrès, réuni en séance extraordinaire, de décider entre les deux candidats les mieux placés. La démocratie chrétienne, avec ses 78 députés sur 200, se trouve ainsi être l'arbitre de la situation. Jusqu'à présent, la tradition voulait que le Congrès respecte le verdict populaire : trois fois il a dû choisir et trois fois il l'a ratifié. Mais cette fois le problème se pose différemment : l'écart des voix est faible entre Allende et Alessandri (1,4 %). De plus, si le Chili s'est déjà donné des gouvernements de front populaire, c'est la première fois que des formations non marxistes, MAPU (Mouvement d'action pour l'unité populaire), API (Action populaire indépendante [l'aile gauche du parti radical]), se joignent aux communistes et aux socialistes pour former un régime populaire dont Allende a dit qu'il serait « une transition vers le socialisme ».

87 millions de dollars

La droite chilienne, qui considère cette élection comme une catastrophe nationale, essaie d'y faire obstacle. Délibérément, au lendemain des résultats, elle joue la carte du chaos économique, la violence blanche. 14 000 Chiliens quittent le pays, les capitaux sont placés en lieux sûrs. En une semaine, 87 millions de dollars sont retirés des banques, qui restreignent, puis suppriment totalement le crédit. La production industrielle baisse de 9 %, les achats manufacturés de 61 %.