Au-delà du malaise social, les éléments d'une crise politique grave sont décelables. L'armée est peut-être moins préoccupée par l'activité des guérillas depuis la mort de Marulanda Velez (dirigeant des FARC, communiste) et de Fabio Vasquez (leader de l'ELN, de tendance castriste).

Elle est attentive, en revanche, à la crise ouverte entre un gouvernement paralysé et une opposition parlementaire hétérogène, mais qui reste dynamique. Le mécontentement populaire est soutenu de plus en plus par le clergé progressiste.

Costa Rica

1 685 000. 33. 3,3 %.
Économie. PNB (68) 457. Production (66) : A 26 % + I 23 % + S 51 %. Énerg. (*68) : 346. C.E. (68) : 23 %.
Transports. (*68) : 71 M pass./km, (66) : 28 M t/km. (*68) : 33 700 + 17 900. (*68) : 112 507 000 pass./km.
Information. (67) : 5 quotidiens ; tirage : 95 000 pour 3 quotidiens. (67) : *66 000. (60) : *73 600 fauteuils. (68) : 50 093.
Santé (67). 858. Mté inf. (67) : 62,3.
Éducation (66). Prim. : 296 058. Sec. et techn. : 53 370. Sup. : 7 502.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1871. Président et chef de l'exécutif : José Figueres, élu le 1er février 1970 ; succède à José Joaquim Trejos Fernandez.

Cuba

8 250 000. 72. 2,2 %.
Économie. Énerg. (*68) : 1 026.
Transports. (65) : 162 000 + 103 700.  : 277 000 tjb. (*68) : 328 663 000 pass./km.
Information. (61) : 10 quotidiens ; tirage global : 611 000. (68) : *575 000. (61) : 330 000 fauteuils ; fréquentation : 49,9 M. (68) : *242 000.
Santé (68). 6 862.
Éducation (67). Prim. : 1 273 581. Sec. et techn. : 250 291. Sup. : 37 326.
Institutions. République démocratique socialiste, proclamée le 1er mai 1961. Président : Osvaldo Dorticos Torrado. Premier secrétaire du Parti et Premier ministre : Fidel Castro. Constitution en préparation.

Échec

La révolution prend un nouveau tournant ; le 26 juillet 1970, Fidel Castro annonce devant 200 000 personnes l'échec de la zafra (8,5 millions de tonnes de sucre, au lieu des 10 espérées). La crise économique qu'elle entraîne (rationnement de toutes les denrées alimentaires, difficultés énormes en approvisionnement, absence de tout produit de consommation courante) marque la fin de certaines illusions. En donnant les chiffres sur la baisse de production industrielle et agricole par rapporta 1968-69, Castro dénonce le principe du plan sucrier et de l'ensemble du système de gestion mis en place pour le réaliser.

Pour surmonter cette faillite, il lance l'idée d'une démocratisation du régime. Il s'agit d'organiser le contrôle des masses sur la production et la distribution à tous les niveaux, que ce soit sur l'administration, jugée « déficiente » et souvent « petite-bourgeoise », sur les membres du Parti, les privilèges qu'ils pourraient s'octroyer. Théorie périodiquement reprise depuis dix ans, mais qui, dans ce contexte de crise où des changements radicaux s'imposent, prend une nouvelle résonance.

Dans les mois qui suivent la déclaration du 26 juillet, sous l'impulsion du ministre du Travail, Jorge Risquet, des réunions et des campagnes d'explication se tiennent auprès des travailleurs. Elles aboutissent à la création « d'un mouvement ouvrier puissant et démocratique » et à la remise en cause des instances de décision dans les centres de production. L'administrateur des entreprises se voit doublé maintenant d'un « organisme collectif de direction », formé de représentants ouvriers (délégués syndicaux et membres du Parti). Le 3 septembre, Fidel Castro annonce des élections syndicales « libres et démocratiques ». Elles ont lieu en novembre ; 80 % des délégués élus sont des hommes nouveaux.

Stimulants

Cette démocratisation entraîne des réformes importantes, quoique limitées. Nombreux changements dans les entreprises, qui acquièrent une certaine autonomie ; les travailleurs donnent leur avis sur les plans de production, et en vérifient chaque mois la bonne marche ; le droit de discussion existant au niveau local est porté au niveau national (assemblées plénières en présence des dirigeants). Cependant, le véritable objectif de ces assemblées de travailleurs n'est pas de contrebalancer le pouvoir et de remettre en cause les rapports politiques et économiques, comme une force indépendante, mais de stimuler la production, de renforcer la « conscience professionnelle », de lutter contre l'absentéisme.