Démocratisation et lutte contre l'absentéisme sont pour Castro les deux faces d'un même problème : celui de l'accroissement de la production. Les dirigeants de La Havane ont de sérieuses raisons de se lancer dans une telle opération. Depuis l'échec de la zafra historique, le rendement du travail a considérablement baissé, et l'absentéisme a augmenté à cause des mauvaises conditions de travail dans les usines, des difficultés de transport, de la mauvaise répartition des tâches, de l'excédent de signes monétaires par rapport aux biens de consommation. La campagne sucrière 1971 a un retard considérable et n'atteindra pas son objectif, fixé à 7 millions de tonnes, et cela malgré l'emploi du système planifié de brûlage de la canne à sucre qui devrait permettre l'augmentation de la production, l'économie de main-d'œuvre et le développement normal des autres secteurs de l'économie.

Pour remettre les Cubains au travail, une loi sur « les mérites et les démérites » (inscrits sur les livrets de travail), après avoir été discutée dans les 28 000 assemblées de travailleurs, est édictée le 16 octobre 1970 ; seuls désormais les travailleurs reconnus « sérieux » auront la possibilité d'acheter des appareils électroménagers. Elle est suivie, le 31 décembre, d'une loi sur la paresse condamnant les oisifs à des peines de six mois à deux ans de camp de travail. « Le travail est un droit que garantit l'État, autant qu'un devoir que doit accomplir l'individu. »

Heberto Padilla

Autre signe du malaise, l'arrestation de l'écrivain Heberto Padilla, prix national cubain de poésie en 1968. Attaché commercial à Moscou, puis à Prague, Heberto Padilla y découvre les méthodes staliniennes, pour les retrouver maintenant à La Havane. Arrêté le 20 mars 1971, et libéré trente-sept jours plus tard, il lit devant l'Union des écrivains son autocritique. Il reconnaît ses erreurs contre-révolutionnaires et exhorte certains écrivains à « surmonter leurs faiblesses qui pourraient les amener à la dégradation politique et morale ». Il accuse René Dumont, agronome, et K. S. Karol, journaliste, auteurs de plusieurs ouvrages sur la révolution cubaine, d'être des agents de la CIA.

Le 25 septembre 1970, une déclaration de Washington laissait entendre que les Soviétiques construisaient une base permanente pour leurs sous-marins nucléaires dans le port cubain de Cienfuegos. Trois pontons de réparation y avaient été conduits, alors qu'un ravitailleur de sous-marins mouillait dans le port. Le 13 octobre, l'URSS remettait les choses au point dans une déclaration de l'agence Tass affirmant que le consensus intervenu lors de la crise de 1962 était toujours valable. Le départ, puis le retour, le 10 novembre, du ravitailleur et du remorqueur dans le port de Cienfuegos, où les travaux se seraient poursuivis, faisaient rebondir l'affaire. Le 4 janvier, Nixon affirmait, après plusieurs mises en garde, qu'en vertu de l'accord remontant au 11 novembre, il ne devait pas y avoir de base à Cuba ou à partir de Cuba. Le départ de Cuba du ravitailleur sous-marin soviétique, annoncé par le Pentagone le 8 janvier, fait taire les rumeurs.

Équateur

6 093 000. 23. 3,4 %.
Économie. PNB (68) 229. Production (66) A 35 % + I 23 % + S 42 %. Énerg. (*68) : 261. C.E. (68) : 15 %.
Transports. (*68) : 59 M pass./km, 60 M t/km. (*68) : 22 000 + 34 300. (*68) : 263 414 000 pass./km.
Information. (67) : 23 quotidiens ; tirage global : 241 000. (67) : *801 000. (67) : *71 000. (66) : 114 600 fauteuils ; fréquentation : 15,1 M. (68) : 88 000.
Santé (65). 1 698.
Éducation (67). Prim. : 897 539. Sec. et techn. : 151 197. Sup. : 19 600.
Institutions. République présidentielle. Constitution du 25 mai 1967. Président et chef de l'exécutif : Jose Velasco Ibarra, élu le 2 juin 1968 ; succède à Otto Arosemena Gomez.

Situation troublée

Depuis la décision du président Velasco Ibarra de s'arroger les pouvoirs suprêmes le 22 juin 1970, les arrestations se multiplient, frappant les dirigeants universitaires et les opposants au régime. À Guayaquil, le maire est arrêté le 27 septembre ; les manifestations hostiles au président Ibarra suscitées par ces deux mesures sont sévèrement réprimées. Le gouverneur de la province, Assad Bucaram, est déporté. Les universités, fermées le 22 juin, n'ont été rouvertes que le 26 décembre. Une mutinerie militaire éclate le 31 mars 1971 ; la tentative de rébellion échoue et 45 officiers sont arrêtés.