Il faut distinguer la chimie minérale, la chimie organique et la parachimie.

Dans la chimie minérale, la reprise apparaît d'autant plus typique qu'elle enchaîne sur deux très mauvaises années. Dans la chimie organique, un taux malgré tout élevé a permis de se tenir aux niveaux tracés par le Ve plan.

Le poids de la production des engrais dans la chimie minérale explique son redressement, ces produits ayant fait l'objet d'une bonne demande intérieure et surtout extérieure. La production des engrais azotés de synthèse a augmenté de 13,7 % et celle des engrais composés de 9,2 %.

Par contre, la stagnation générale de l'industrie a affecté la demande des produits de la chimie organique ; seules les productions de matières plastiques ont continué à se développer avec autant d'impétuosité que les années précédentes. Si le tonnage de chlorure de vinyle ne s'est accru que de 4,5 %, le progrès de son principal concurrent, le polyéthylène, a été de 23,4 %.

La parachimie, semblable en cela à l'ensemble de l'activité industrielle, a très faiblement progressé. Dans la parachimie, les produits pharmaceutiques ont continué d'accuser des taux élevés de croissance (12,5 %), les peintures et vernis ont subi les effets de la récession du logement (4 %).

Les importations se sont moins durement ressenties de l'évolution de la demande intérieure que les ventes des produits français, et leur croissance globale (13,2 %) s'est maintenue à un taux supérieur à celui de la croissance de la production. Elles portent, en effet, sur les produits les plus demandés.

En revanche, les exportations françaises, affectées par le ralentissement de certaines économies étrangères, n'ont augmenté que de 12,1 %.

La balance des échanges des demi-produits chimiques, qui est la plus caractéristique, ressort pour 1967 à 5 850 millions à l'exportation et à 5 500 millions à l'importation.

Ainsi, même dans la branche de son industrie qui résiste le mieux à la récession, à savoir la chimie, l'économie française présente ses faiblesses globales les plus typiques.

Manque de dynamisme

Ce sont, d'une part, l'impuissance à compenser par des ventes à l'étranger le fléchissement de la demande intérieure et, d'autre part, l'incapacité à contenir sur le marché national la poussée des concurrents étrangers. Ce sont d'ailleurs les deux faces d'une même insuffisance de compétitivité.

Pour des productions comme celles de la chimie, les principales conditions de la rentabilité et de la compétitivité d'une entreprise résident dans l'innovation rapide des produits, dans le renouvellement rapide des outillages, dans les prix des approvisionnements de base et dans la qualité du réseau de distribution national et international.

Ces facteurs favorisent les grandes entreprises, dont les laboratoires et les finances correspondent aux moyens à mettre en œuvre pour obtenir une régularité de résultats, et dont la position de négociation est solide à l'égard de leurs interlocuteurs de tous ordres.

Or, face aux grands groupes américains, allemands, britanniques et italiens, les sociétés françaises, exception faite de Rhône-Poulenc, n'ont pas la dimension suffisante.

Un impératif urgent

Dans ces conditions, les regroupements constituent un impératif urgent.

En 1967, l'État, qui possède lui-même de solides intérêts dans l'industrie chimique, a réorganisé les sociétés sous son contrôle : d'une part, fusion entre les Mines domaniales de potasse et l'Office national industriel de l'azote ; d'autre part, regroupement en une seule société (la Société chimique des charbonnages) de tous les actifs chimiques des bassins houillers.

Mais ces entreprises, trop peu importantes elles mêmes et d'ailleurs trop exclusivement orientées vers le secteur peu rentable et peu expansif des engrais, sont loin de constituer les pôles de développement dont l'industrie a besoin.

Du côté des sociétés privées, on reste encore loin des profondes restructurations nécessaires pour entrer dans la compétition sévère que signifie l'échéance de juillet 1968 pour une industrie aussi exposée que la chimie.

Textiles

La situation se détériore encore

L'industrie du textile a connu en 1967 une de ses plus mauvaises années. Toutes les branches principales de production ont enregistré des résultats inférieurs à ceux de 1966, année déjà médiocre. Les reculs les plus importants ont été marqués par les industries lainière, cotonnière, linière, du jute, et, ce qui est plus nouveau, par les textiles artificiels.