Les étapes les plus importantes ont été successivement :
– un accord de rationalisation Sollac-Usinor pour que les usines de ces deux sociétés géantes soient employées en commun à pleine capacité avant que l'une ou l'autre des deux sociétés se lance dans une opération de développement ;
– une fusion Usinor-Lorraine-Escaut ;
– enfin, au terme de l'année 1967, une fusion De Wendel-Sidelor-Mosellane, regroupant l'essentiel de la sidérurgie du bassin de Metz en une seule société et faisant d'elle la première affaire sidérurgique française et la quatrième en Europe.

Parallèlement, des sociétés sidérurgiques de vocation moins générale et de taille moins grande se rapprochaient entre elles ou de partenaires étrangers pour renforcer leur compétitivité.

Ces rationalisations, jointes à un rajustement en baisse des prix des cokes et charbons à coke et à un abaissement du coût des investissements, ont déjà permis des gains de productivité à la sidérurgie. Les installations nouvelles en cours d'édification (à Dunkerque et en Lorraine notamment) permettront d'en enregistrer de nouveaux.

Accords européens

Mais la restructuration de l'industrie sidérurgique au sein du territoire français autour de deux grandes unités qui ont déjà la dimension européenne ne suffit pas pour l'adaptation de l'industrie sidérurgique aux conditions modernes du marché et de la production. D'ores et déjà, l'étape des rapprochements européens doit être abordée.

D'une part, l'importance des problèmes de distribution (et notamment l'incorporation d'une part accrue de services dans les opérations de vente) ainsi que la recherche de nouveaux marchés (en particulier dans la construction) constituent des préoccupations qui se sont reflétées en 1967 dans le comportement des sidérurgistes (redistribution des réseaux et des dépôts au sein des groupes concentrés) et qui s'y liront plus encore dans l'avenir.

D'autre part, au-delà de la restructuration sur le plan national, il apparaît déjà que la sidérurgie européenne, confrontée aux géants japonais, américains et soviétiques, ne pourra durablement et sans artifice tenir sa place dans la compétition qu'au prix d'une nouvelle étape de rationalisation et de concentration.

Sans doute, aucune réalisation en ce sens ne verra le jour en 1968, non plus qu'en 1969 ou même en 1970, mais l'idée est dans l'air, et il faut désormais suivre les progrès qu'elle fera dans les esprits.

Mécanique

Pression de la concurrence étrangère

Le mouvement de concentration des entreprises, lent à prendre son essor dans ce secteur, s'est trouvé stimulé par la concurrence étrangère, ainsi que par les pouvoirs publics.

L'industrie de la machine-outil et celle produisant du gros matériel pour la manutention, la sidérurgie et les travaux publics ont préparé chacune pour leur part un plan afin de rassembler leurs moyens de production. Le groupe de l'électromécanique avait déjà donné l'exemple.

En novembre 1967, des hauts fonctionnaires et des industriels ont porté sur les fonts baptismaux du ministère de l'Industrie le groupement du gros équipement. François Peugeot et Georges Glasser, respectivement président de la Fédération des industries de la mécanique et du Syndicat général de la construction électrique, en sont les présidents.

Ce groupement est né à la suggestion du Comité de développement industriel, et donc du Commissariat général au plan. Quelque temps auparavant, un rapport, dit « rapport Clappier », avait radiographié l'état des structures des firmes de l'électromécanique.

Celle-ci, très dispersée, a une taille deux fois et demie inférieure à ses concurrentes allemande et anglaise. Outre-Rhin, six sociétés de construction mécanique ont un chiffre d'affaires supérieur à celui de la plus Importante des entreprises françaises de la même spécialité.

Il n'y a pas d'industrie nationale forte sans mécanique lourde ; en outre, il faudra bientôt abandonner aux pays en voie de développement, qui s'industrialisent peu à peu, les tâches banales ou moins compliquées, et les mécaniciens des nations industrialisées de longue date ne pourront prospérer qu'en s'orientant vers des travaux de plus en plus évolués. L'heure est venue de se préparer à cette mutation.

L'État s'engage

Mais le chiffre d'affaires n'est pas tout et les concentrations ne sont pas une panacée. Aussi les pouvoirs publics ont-ils entrepris de réformer les marchés passés par l'État aux industries lourdes (celles-ci font le tiers de leur chiffre d'affaires avec les entreprises nationales) afin d'en faciliter la croissance.