L'EDF se sentirait plus tranquille avec la formule américaine, qui dispose d'une plus vaste expérience. Mais comme elle exige de l'uranium enrichi, il faudrait ou bien se mettre sous la dépendance des États-Unis, ou bien construire un second Pierrelatte. Le Commissariat à l'énergie atomique (CEA), qui a développé la filière à l'uranium naturel, soutient que ses chances demeurent, d'importants progrès étant possibles et en vue.

C'est aux pouvoirs publics d'arbitrer cette guerre des filières. En attendant le résultat des études qui se poursuivent, il a été décidé en décembre 1967 de poursuivre — prudemment — à la fois dans la voie de l'uranium naturel, en construisant à partir de 1968 deux centrales à Fessenheim (Bas-Rhin), et dans celle de l'uranium enrichi, en participant à une autre centrale franco-belge à Tihange.

Métallurgie

À la recherche de la compétitivité

L'année 1967 est restée une année médiocre pour l'industrie sidérurgique française sur le plan de la conjoncture : la stagnation de la production s'est accompagnée d'une diminution des prix de vente et d'une aggravation de la concurrence étrangère.

Par contre, sur le plan des structures, la signature, en fin d'année, de la fusion entre les grandes entreprises lorraines a consolidé les progrès antérieurs réalisés dans la rationalisation et permet d'escompter un profit maximal des investissements en cours pour la productivité de la branche.

Cette dernière apparaît donc comme se trouvant dans une période à la fois critique et décisive de son histoire : le poids du passé et de ses handicaps récents pèse sur les résultats, et le fruit des efforts d'adaptation restera encore un temps à l'état de promesse.

Production stagnante

Pour la production, une augmentation de 0,5 % seulement dans les chiffres d'acier brut entre 1966 et 1967 traduit la relative stagnation de toute la production Industrielle française et aussi la part moins essentielle qu'y tient l'acier.

Sur les 19,7 millions de tonnes élaborées en 1967 (au lieu de 19,6 en 1966), la part des exportations et celle du marché intérieur n'ont pas changé : 5,6 millions de tonnes livrées hors des frontières, et 14,1 à l'intérieur (au lieu de 14 en 1966).

Cette stagnation contraste nettement avec le mouvement des importations : celles-ci, du fait de la pression de nos voisins du Marché commun, sont passées de 4 millions de tonnes en 1966, à 4,7 millions en 1967.

Le solde des échanges extérieurs d'acier reste donc positif pour la production nationale, mais il ne l'est plus, en 1967, que de 1 million de tonnes d'acier, au lieu de 1,6 en 1966.

De ce fait, la consommation apparente du marché français ressort pour 1967 à 18,7 millions de tonnes, au lieu de 18 un an auparavant, soit un progrès de 4 %. En vérité, il ne s'agit, dans ce taux de croissance relativement élevé, que d'une apparence, reflétant bien davantage le gonflement des stocks d'acier dans le circuit de distribution que l'accroissement de l'utilisation réelle par les consommateurs finals.

Comme rien n'autorise à penser que ce stockage a affecté plus fortement les importations que les livraisons intérieures, c'est la part de l'industrie nationale dans l'approvisionnement du marché qui se trouve diminuée.

Course à la baisse

L'acuité de la concurrence s'est, en outre, manifestée sur les prix de vente de l'acier. D'un bout a l'autre de l'année dernière, ils ont enregistré une nouvelle dégradation de 3,5 % en moyenne, malgré les efforts des producteurs pour éviter une course a la baisse, qu'ils estiment dangereuse.

Il semble qu'en 1968 la reprise de la demande en Allemagne, les programmes de relance dans le reste de l'Europe et les achats de précaution opérés aux États-Unis (où l'on craint des grèves) doivent donner au marché mondial de l'acier une vigueur qui permettra de tenir, dans les transactions à l'exportation comme dans les ventes sur le Marché commun, le niveau de prix stabilisé à la fin de 1967. Ce qui devrait permettre de tirer le meilleur parti de l'évolution des structures.

La restructuration

La conclusion d'un ensemble d'accords entre les producteurs d'aciers spéciaux devait être, au printemps 1968, la dernière étape de la réorganisation de l'industrie sidérurgique française menée de pair entre celle-ci et les pouvoirs publics.