En Catalogne, comme on pouvait s'y attendre, les nationalistes triomphent aux élections régionales du 29 avril. Mais les socialistes augmentent également leur audience.

Même progrès du parti gouvernemental au scrutin du 26 février au Pays basque, où le grand vainqueur demeure néanmoins le Parti nationaliste basque (PNV), avec 42 % des suffrages exprimés.

OTAN et CEE

Paradoxalement, c'est à l'intérieur du PSOE que Gonzalez rencontre les plus vives réticences. Dossier test pour le chef du gouvernement : celui de l'OTAN, qui avait constitué le cheval de bataille des socialistes durant la campagne électorale de 1982. Depuis qu'ils sont au pouvoir, ils semblent moins pressés de faire sortir l'Espagne de l'organisation atlantique. Toutefois, une forte minorité de militants (35 % de la fédération de Madrid) persiste à vouloir tenir la promesse qui a permis la victoire.

L'aspiration à adhérer à la CEE représente toujours le fondement de la politique étrangère espagnole. Pour apaiser les impatiences des postulants, le président en titre de la Communauté, François Mitterrand, se rend à Madrid le 29 juin, comblant ses hôtes de promesses : « On peut prévoir que d'ici à octobre les choses auront été clarifiées. »

Mais, le 6 octobre, Roland Dumas, ministre des Affaires européennes, suppute, désenchanté, que « l'entrée de l'Espagne dans la CEE se fera progressivement sur une période de dix ans, pour les produits agricoles sensibles ».

Sur d'autres champs, la diplomatie de Madrid marque des points. C'est le cas de l'Amérique latine. Mais sa décision d'établir des relations avec Israël heurte les traditions espagnoles.

Georges Dupoy

Europe de l'Est

Les limites de l'intégration

Les pays de l'Est, sous la tutelle soviétique, n'ont jamais constitué un bloc compact et monolithique, même s'ils parlaient d'une seule voix dans l'arène internationale, se réclamaient chez eux des mêmes principes et glorifiaient régulièrement leur fidélité à Moscou. Toutes les crises qui ont secoué l'empire occidental du Kremlin ont révélé des stratifications. Sous la chape uniforme de l'idéologie et de l'organisation du pouvoir, tissée après la guerre dans le sillage de l'Armée rouge, les démocraties populaires se distinguent entre elles à la fois par l'identité nationale, le niveau de développement, la nature de la greffe stalinienne pratiquée au départ et la croissance qui en résulta.

Ainsi, il aura fallu moins de treize ans aux dirigeants soviétiques pour réunir un sommet des pays membres du Comecon, ce Conseil d'assistance économique mutuelle, créé en 1949 pour contrer le plan Marshall et qui comprend aujourd'hui, outre les six satellites européens de l'URSS, Cuba, le Viêt-nam et la Mongolie-Extérieure.

Cette session s'est tenue du 12 au 14 juin à Moscou, en présence de tous les numéros un de la communauté socialiste, à l'exception de Fidel Castro, mécontent, murmura-t-on, du rôle joué par les Soviétiques à Grenade, avant l'intervention américaine. Les longs préparatifs de cette réunion, plusieurs fois ajournée, témoignaient déjà des difficultés que les dirigeants de Moscou rencontraient dans l'objectif qu'ils poursuivent pourtant opiniâtrement : l'intégration économique de leurs alliés européens, politiquement soumis. Les documents adoptés à l'issue du sommet, les explications fournies sur celui-ci ont montré que les résistances demeuraient, même si elles se manifestaient discrètement, de manière, en tout cas, à ne pas donner prétexte à des mesures de rétorsion.

Désaccords

L'aveu de cette réalité, on le trouve dans le discours de clôture de Constantin Tchernenko : « La conférence a donné lieu à un échange de vue franc, circonstancié et fructueux. » L'adjectif « franc » est significatif : dans le langage stéréotypé du Kremlin, il signale la présence de désaccords. Il y en a eu, en effet, et certains sont connus. Ainsi, l'URSS a refusé d'exaucer le vœu de ses alliés (et, plus particulièrement, des Roumains) qui souhaitaient l'augmentation des livraisons de pétrole soviétique aux démocraties populaires ; Moscou préfère vendre ses excédents d'or noir sur les marchés occidentaux pour obtenir des devises fortes. Elle n'a pas hésité non plus à affronter le mécontentement de ses vassaux, en annonçant que le prix de son pétrole serait désormais fixé en tenant davantage compte des cours mondiaux, ce qui entraînera pour les pays consommateurs un supplément de dépenses. Bref, sur ce chapitre, l'Union soviétique a tenu son rôle de puissance impériale : ses intérêts sont passés avant ceux des membres de la communauté.