Au printemps 1980, un automobiliste francophone reçoit une contravention pour excès de vitesse. Le procès-verbal constatant l'infraction étant rédigé uniquement en anglais, le contrevenant refuse d'acquitter l'amende. Lobbying parlementaire, poursuites judiciaires et campagnes de presse aboutissent, le 26 octobre 1983, à un référendum provincial dont l'enjeu, proposé par le gouvernement néodémocrate d'Howard Pawley, est la garantie constitutionnelle des droits des 31 000 francophones (5 % de la population) au Manitoba.

Le projet Pawley prévoit l'utilisation du français dans les services publics et la traduction de quelque 450 législations. Appelés à se prononcer, les électeurs disent non à leur leader : 76 % des Manitobains s'opposent au bilinguisme. L'affaire n'est pas classée pour autant et, au lendemain du vote référendaire, H. Pawley affirme sa volonté de faire adopter son projet.

Disparition de Gabrielle Roy

Le 13 juillet 1983, à 21 h 55 (heure de Montréal), le monde littéraire québécois perd l'un de ses plus beaux fleurons. Gabrielle Roy, auteur de Bonheur d'occasion (prix Fémina 1947) s'éteint, emporté par un infarctus du myocarde.

Née 74 ans plus tôt à Saint-Boniface, Gabrielle Roy avait depuis longtemps établi sa résidence au Québec, où elle avait poursuivi une intense carrière littéraire et journalistique. Ironie du sort, l'écrivain décède quelques heures seulement avant la première cinématographique de son chef-d'œuvre, porté à l'écran par le réalisateur Claude Fournier.

Au fil des dernières décennies, la romancière s'était taillé une place privilégiée au pinacle des lettres québécoises et avait été récompensée par de nombreux prix, dont la médaille du Conseil des arts (en 1968), pour sa contribution exceptionnelle à la culture canadienne.

Pierre Leroux

États-Unis

Le reaganisme triomphant

Une année marquée par une reprise vigoureuse de l'économie, surtout au cours du premier semestre, et un engagement croissant, tant diplomatique que militaire, au Proche-Orient et en Amérique centrale. Avec l'URSS, les rapports, assombris par de nouveaux motifs de tension, sont difficiles. Avec les alliés, les relations sont ternies à plusieurs reprises par divers malentendus d'ampleur variable.

Le ton est à l'optimisme dès le début de l'année. Après une récession de 18 mois, la plus persistante et la plus profonde depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les signes de reprise se multiplient. L'indice des indicateurs économiques enregistre en janvier une hausse de 3,6 %, performance jamais réalisée depuis 1950. La production industrielle marque une nette progression (1,6 % en janvier, 2,1 % en avril, 1,5 % en septembre).

Vers la reprise économique

Le résultat le plus satisfaisant est enregistré dans l'automobile où, au printemps, les ventes atteignent 6 millions d'unités, alors qu'elles avaient plafonné à 5,6 millions en 1982. En août, elles sont en progrès de 40 % sur la période correspondante de l'année précédente. Dans un autre secteur clé, l'acier, la hausse de la production atteint des proportions comparables. La production des biens d'équipement, des biens de consommation et des matériaux de base s'accroît également. Après une baisse de 1,1 % au dernier trimestre de 1982 (+ 1,7 % pour l'ensemble de l'année), le PNB augmente de 3,1 % en rythme annuel au premier trimestre, de 6,6 % au deuxième, de 7,9 % au troisième.

Autres signes favorables : un bond important des bénéfices des sociétés (14,7 % au deuxième trimestre) ; une hausse sensible des salaires et traitements ; l'excellente tenue du Dow Jones, l'indice des valeurs industrielles, qui, à Wall Street, bat à plusieurs reprises ses propres records ; la conclusion d'un accord entre les syndicats et l'industrie sidérurgique.

Le chômage, lui, continue de refluer très lentement. Le taux de sous-emploi, qui avait été de 10,8 % en 1982, retombe à 10,2 % en janvier, puis à 10,1 % en mai. Il se stabilisera ensuite à 9,5 %, puis se situera à 9,3 % en septembre, soit 10,4 millions de personnes sans travail.

Déflation

À partir de l'été, pourtant, certaines statistiques traduisent un essoufflement relatif. Les mises en chantier diminuent de 3 % en juin, puis de 0,6 % en juillet. La production industrielle ne progresse que de 0,9 % en août. Ici et là, les achats du public se ralentissent. Les ventes au détail fléchissent même de 1,4 % en août.