Le déficit extérieur, déjà réduit de 13 à 4 milliards de dollars en 1982, diminue encore de moitié, grâce, surtout, à une baisse des importations.

Soumise à une telle cure d'amaigrissement, l'économie mexicaine connaît une croissance négative en 1983 (entre – 2 et – 4 %), malgré le maintien de la production pétrolière à 2,5 milliards de b/j. C'est donc une année de récession, qui voit le chômage s'accroître — même si des programmes de travaux sont lancés pour le limiter — et le pouvoir d'achat diminuer brutalement pour la majorité des Mexicains (le rythme d'augmentation de la population est de 2,6 % par an !). C'est donc que le gouvernement prend le risque de voir s'aggraver des tensions sociales déjà fortes, avec l'espoir que la reprise, attendue pour 1984, surviendra avant l'explosion sociale.

La reprise est fonction, certes, de l'assainissement des finances publiques, mais surtout de la relance américaine : plus que jamais, le Mexique se sent, en 1983, dépendant de son grand voisin du Nord. Ce qui explique aussi sans doute que, tout en maintenant ses positions nuancées sur les conflits centre-américains et en dépit d'importants problèmes bilatéraux, le gouvernement de Mexico met une sourdine à ses critiques de la politique de Washington.

Jean-Louis Buchet

Nicaragua

Limites de la contre-révolution

Une forteresse assiégée, victime de l'« agression permanente » des États-Unis, telle était en 1983 la situation du Nicaragua. Prétexte à un renforcement de la « vigilance révolutionnaire », la menace extérieure, bien que réelle, n'a jamais atteint les dimensions que lui prêtent les autorités de Managua.

Dans le sud du pays, les commandos de l'ARDE (Alliance démocratique révolutionnaire), dont le leader le plus en vue est un ancien sandiniste de renom, Eden Pastora (alias comandante Cero) ont mené, après des actions spectaculaires — comme le bombardement de Managua par un petit avion, le 8 septembre — des attaques plus inquiétantes pour les sandinistes. D'autant qu'ils bénéficient, depuis octobre, de soutiens internationaux. Les maquis des Indiens Miskitos, dans le Nord-Est, ont une puissance de feu limitée.

Plus dangereuse est la Force démocratique nicaraguayenne (FDN), créée au Honduras avec l'appui déclaré des États-Unis. Né à Miami en 1981, ce mouvement était, au départ, essentiellement constitué d'anciens gardes nationaux du dictateur Anastasio Somoza. Aujourd'hui, ces hommes forment l'ossature de l'encadrement militaire. Mais nombre de jeunes recrues sont des Nicaraguayens de bonne foi, déçus par le socialisme sandiniste, souvent très catholiques et hostiles au « communisme ». L'éventail idéologique de la FDN s'est également élargi : parmi les 7 membres de la direction collégiale, on trouve en particulier Edgar Chamorro, issu d'une famille dont le nom reste attaché — au même titre que celui de Sandino — à la lutte contre le clan Somoza.

Sur le terrain, la FDN, que dirige le colonel Enrique Bermudez, a pu aligner plus de 10 000 hommes, contre seulement 500 à sa naissance. Ses effectifs devaient être augmentés avec l'aide financière et matérielle des États-Unis. Suffisante pour créer un abcès de fixation dans le nord-ouest du pays (départements du Chinandega, Esteli, Madriz, Nueva Segovia, Jinotega et Matagalpa), cette guérilla contre-révolutionnaire ne paraît pas en mesure de renverser le régime de Managua. C'est du moins l'avis du sénateur Paul Tsongas, qui s'est rendu en août au Nicaragua à la tête d'une délégation du Congrès américain. En fait, les Américains cherchent surtout, par le biais de la FDN, à faire cesser l'aide des sandinistes aux révolutionnaires salvadoriens.

Les mouvements d'opposition armée

Force démocratique nicaraguayenne (FDN) : composée surtout d'ex-partisans du dictateur Somoza, dirigée par Enrique Bermudez, Edgar Chamorro Coronel et Alfonso Callejas, la FDN est de tendance conservatrice. Effectifs : 10 000 hommes environ.

Misurata : rassemblant près de 2 000 Indiens Miskitos antisandinistes, il est animé par Steadman Fagoth Muller et Brooklyn Rivera.