Le putsch du 8 août apparaît donc comme une remise en ordre et une reprise en main décidées par le haut commandement de l'armée, en liaison avec les États-Unis. Pour preuve le voyage éclair à Tegucigalpa, capitale du Honduras, du général Oscar Mejía, alors ministre de la Défense de Rios Montt, la veille du coup d'État. Il devait y rencontrer ses collègues honduriens et salvadoriens ainsi qu'un officier commandant les marines à Panamá.

Porté à la présidence par ses pairs après une brève échauffourée (7 morts), Oscar Mejía justifie son action par la nécessité d'en finir avec l'« ambition personnelle de ceux qui voulaient se maintenir au pouvoir » et dénonce les manœuvres d'un « groupe religieux fanatique et agressif ». Catholique et conservateur, âgé de 52 ans, le général Mejía est un parachutiste qui est passé par les célèbres écoles militaires américaines du canal de Panamá.

Plus disposé que son prédécesseur à collaborer avec Washington, il poursuit la lutte contre l'EGP (Armée de la guérilla des pauvres, principal groupe de guérilla). En dépit de ses offres de négociation, son gouvernement continue de mener une politique de répression dans les campagnes.

Dans un tel contexte, l'annonce du maintien du calendrier précédemment prévu pour les élections (mi-1984) ne constitue pas une garantie de démocratisation de la vie politique.

Jean-Louis Buchet

Mexique

Cure économique

Rigueur : tel est le maître mot en 1983. Sauvé de la banqueroute en 1982 par la mise sur pied, en un temps record, d'un véritable plan d'urgence auquel participèrent le gouvernement américain et l'ensemble du système bancaire international, le Mexique met en œuvre, sous l'égide du FMI, un sévère programme de redressement.

Aux côtés du président Miguel de la Madrid Hurtado, entré en fonctions le 1er décembre 1982, le principal artisan de cette politique d'assainissement est le ministre des Finances Jesús Silva Herzog, technocrate entretenant d'excellentes relations avec les milieux bancaires nord-américains et européens. Le crédit personnel de Silva Herzog facilite les négociations avec des bailleurs de fonds bien disposés, il est vrai, à l'égard du Mexique, en raison de l'importance même de son endettement (81 milliards de dollars fin 1982, 85 milliards mi-1983) et du volume de son commerce avec les États-Unis (Mexico est le troisième partenaire de Washington, avec lequel il réalise 75 % de ses échanges).

Sur les 58,8 milliards de dollars de la dette publique à fin 1982, 9,4 milliards arrivent à échéance en 1983. Silva Herzog obtient de limiter les déboursements à 1,5 milliard, dans le cadre d'un rééchelonnement qui allège les finances mexicaines jusqu'en 1986. De nouveaux crédits sont obtenus (5 milliards de dollars, non compris les lignes de crédits à l'exportation). Les discussions concernant les dettes privées (15 milliards de dollars) sont plus délicates. Le gouvernement doit, à son tour, accorder des facilités aux débiteurs. Dans l'ensemble toutefois, les arrangements concernant la dette posent relativement peu de problèmes, si on compare le cas mexicain au cas brésilien, par exemple. Il est vrai aussi que, sur le plan intérieur, les recommandations du FMI ont été suivies de près.

Résultats positifs

En début d'année, le gouvernement de Mexico s'était fixé trois objectifs : ramener le déficit des finances publiques à un taux raisonnable ; diminuer l'inflation ; réduire les déficits extérieurs. Sur ces trois points, les chiffres de 1983 confirment que la politique suivie a été pour une large part couronnée de succès.

Le déficit du secteur public est ramené à 1,5 milliard de pesos environ, soit 8,5 % du PIB, contre 18 % en 1982 ; grâce, notamment, à une contraction des dépenses de l'État, à la diminution des subventions et à la hausse des tarifs publics.

Pour l'inflation, le taux à atteindre était de 70 % (contre 98 % en 1982). Il est dépassé, le premier semestre s'étant terminé sur une hausse des prix de 40 %. Mais le rythme d'accélération a baissé tout au long de l'année.