Les chefs d'États d'Afrique, du Soudan au Nigeria, en passant par le Cameroun et le Niger, continuent de s'inquiéter des éventuels rebondissements de la crise tchadienne. Dans ces perspectives, ils sont anxieux de savoir si François Mitterrand a ou non l'intention de remettre en cause le dispositif militaire français en Afrique centrale, tel qu'il a été décidé aussitôt après l'intervention des troupes libyennes à N'Djamena.

À Libreville, capitale du Gabon, à Bouar au Centrafrique et dans une moindre mesure à Douala, l'état-major français a en effet décidé de se doter de moyens logistiques accrus, qui sont de nature à barrer la route à toute nouvelle velléité libyenne d'expansion vers le sud.

Togo

Lomé. 2 470 000. 43. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 269. Productions (72) : A 34 + I 21 + S 45. Énerg. (76) : 85. CE (75) : 21 %.
Transports. (74) : 65 M pass./km, 22 Mt/km. (*74) : 13 000 + 7 000.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 7 000. (76) : *52 000. (75) : 3 200 fauteuils ; fréquentation : 0,1 M. (70) : 10 000.
Santé. (77) : 128.
Éducation. (76). Prim. : 395 381. Sec. et techn. : 81 374. Sup. (75) : 2 353.
Armée.  : 3 500.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 30 décembre 1979. Président de la République et chef du gouvernement : général Ghansimgbe Eyadema, confirmé dans ses fonctions par référendum le 30 décembre 1979 ; il proclame la IIIe République le 13 janvier 1980.

Tunisie

Tunis. 6 200 000. 38. *2,3 %.
Transports. (*77) : 709 M pass./km, 1 331 Mt/km. (75) : 102 600 + 67 000. (77) : 1 040 M pass./km.
Information. (75) : 4 quotidiens ; tirage global : 190 000. (76) : *810 000. (76) : *208 000. (73) : 50 100 fauteuils ; fréquentation : 12,5 M. (77) : 144 000.
Santé. (76) : 1 196.
Éducation. (77). Prim. : 991 908. Sec. et techn. : 230 868. Sup. (76) : 23 137.
Armée.  : 28 600.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée en 1969, 1975 et 1976. Président de la République à vie (novembre 1974) : Habib Bourguiba. Premier ministre : Mohamed Mzali.

Les conditions d'un retour au libéralisme sont réunies

Échaudé par les émeutes de 1978 et par la rébellion de Gafsa en janvier 1980 (Journal de l'année 1979-80), le président Bourguiba réagit en décidant de pratiquer une véritable politique d'ouverture. C'est son Premier ministre, Mohamed Mzali, nommé le 23 avril 1980, qui mettra en place, par étapes, ce processus lent mais sûr de démocratisation.

La décrispation commence par des mesures de grâce accordées aux condamnés politiques et aux syndicalistes emprisonnés depuis 1978. Le 3 août 1980, pour l'anniversaire du président, on annonce qu'il n'y a plus un seul prisonnier politique en Tunisie. Seul Habib Achour, ex-leader du syndicat unique UGTT, reste en résidence surveillée, mesure qui est levée pour l'ex-ministre des Affaires étrangères Mohamed Masmoudi.

Pluripartisme

Les syndicalistes libérés participent à la commission chargée de préparer le prochain congrès extraordinaire de l'UGTT. Les forces d'opposition sont autorisées à faire reparaître leurs journaux (tous en profiteront, sauf les intégristes musulmans). Enfin, le corps des vigiles universitaires est dissous, la fonction de procureur général est supprimée, et on voit disparaître de la scène Mohammed Farhat l'homme fort de la Justice, maître d'œuvre de tous les procès politiques depuis 1956.

Le Congrès du parti socialiste destourien, qui aurait dû avoir lieu en 1984, est avancé au printemps 1981.

« En cinq mois, non seulement nous avons vidé les prisons et libéré tous les syndicalistes, mais certains d'entre eux participent actuellement à la direction de l'UGTT. Il faut le faire ! », s'exclame non sans fierté Mohamed Mzali.

Le feu vert est donné, spectaculairement, par Habib Bourguiba lui-même, lors du discours inaugural du Congrès extraordinaire du PSD, le vendredi 10 avril 1981. Le président tunisien y annonce qu'il accepte désormais le pluripartisme, que les mouvements d'opposition sont autorisés à se constituer en partis et à se présenter aux élections sur des listes concurrentes de celles du PSD — parti jusqu'alors unique.