Métis capverdien, Luis Cabral appartient à une minorité de militants qui créèrent, et ne cessèrent d'animer depuis sa fondation, le parti africain pour l'indépendance de la Guinée et des îles du Cap-Vert (PAIGC), structure politique devenue commune à la république de Guinée-Bissau et à celle du Cap-Vert, l'une et l'autre membres de l'ONU.

Rivalité

Pendant la période coloniale, ces métis, mieux scolarisés que les Noirs, bénéficiant d'un meilleur niveau de vie, furent de fidèles auxiliaires de l'administration portugaise, avant de devenir le fer de lance du nationalisme guinéen. Aujourd'hui, soucieux de reprendre totalement en main la gestion de leurs propres affaires, les Noirs de Guinée-Bissau, comme ceux d'Angola par exemple, entendent confisquer aux métis les postes de responsabilité.

D'autres éléments ont été fatals à Luis Cabral et à son équipe. C'est le cas de la dégradation permanente de la situation économique, qui se traduit pour la population guinéenne par la disparition à peu près complète du riz, aliment de base, des magasins des centres urbains. Il ne faut pas sous-estimer la rivalité personnelle qui opposait le chef de l'État à Joao Bernardo Vieira, Premier ministre dépourvu de pouvoirs réels et dont un projet de réforme constitutionnelle devait faire un simple figurant.

Litige

Ont également pesé sur les événements du 14 novembre 1980 les relations entre Bissau et Conakry, empoisonnées depuis plusieurs mois par un litige frontalier portant sur une vaste zone maritime réputée riche en pétrole. Après avoir inconditionnellement soutenu le PAIGC contre les Portugais lors de la lutte nationaliste, le régime de Conakry ne dissimule pas sa déception devant l'attitude de Luis Cabral, qu'il estime insuffisamment coopérative.

À la solidarité a succédé un sentiment de désenchantement tel que certains n'écartent pas une discrète intervention du président Sekou Touré contre Luis Cabral. Interprétation apparemment abusive, même si le gouvernement de Conakry est le premier à reconnaître le nouveau régime.

L'accession au pouvoir de celui que l'on désigne sous le sobriquet de commandant Nino scelle la fin du vieux projet d'unification entre la Guinée-Bissau et les îles du Cap-Vert, et entraîne un renforcement de l'axe Conakry-Bissau. En revanche, la succession de Luis Cabral ne donne lieu à aucun règlement de comptes, du moins au moment où s'installe un Conseil de la révolution exclusivement composé de Noirs autochtones.

Bien que l'ancien président semble un moment devoir être personnellement impliqué dans un massacre d'opposants (on a découvert à Bissau un charnier contenant plusieurs centaines de corps de victimes de l'ancien régime), on annonce en février 1981 que Luis Cabral ne passera pas en jugement. En revanche, Rafaël Barbosa, qui avait été accusé par le régime de Luis Cabral d'avoir participé à l'assassinai d'Amilcar Cabral, est remis en liberté.

En tout état de cause, les nouveaux dirigeants ne semblent pas faire l'unanimité, puisqu'en février 1981 ont lieu, à Bissau, d'importantes grèves lycéennes accompagnées de manifestations hostiles à Joao Bernardo Vieira.

Guinée équatoriale

Malabo. 360 000. 13. *1,8 %.
Économie. PIB (75) : 360. Énerg. (76) : 94.
Information. (76) : *80 000.
Santé. (75) : 5.
Éducation. Prim. (73) : 35 977. Sec. et techn. (75) : 4 523.
Institutions. République indépendante le 12 octobre 1968. Nouvelle Constitution de 1973. Président du Conseil militaire suprême, mis en place après le coup d'État du 3 août 1979 qui renverse Francisco Macias Nguema : lieutenant-colonel Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Vice-président : capitaine Eulogio Eyo Riqueza.

Haute-Volta

Ouagadougou. 6 730 000. 25. *2,3 %.
Économie. PIB (75) : 91. Productions (74) : A 42 + I 17 + S 41. Énerg. (76) : 18. CE (75) : 8 %.
Transports. (75) : 9 500 + 10 100.
Information. (75) : 1 quotidien ; tirage global : 2 000. (76) : *105 000. (75) : *6 000. (75) : 6 000.
Santé. (76) : 108.
Éducation. (76). Prim. : 149 270. Sec. et techn. : 18 060. Sup. (75) : 1 067.
Armée.  : 3 800.
Institutions. Indépendance le 5 août 1960. République (11 décembre 1958). Nouvelle Constitution approuvée par référendum le 27 novembre 1977. Chef de l'État et du gouvernement : colonel Saye Zerbo, président du Comité militaire de redressement pour le progrès national, mis en place après le coup d'État du 25 novembre 1980 qui renverse le général Sangoulé Lamizana.

Fin de l'expérience démocratique

Ouagadougou est, le 25 novembre 1980, le cadre d'un putsch sans effusion de sang, à l'issue duquel un jeune colonel, Saye Zerbo, élimine un vieux général, Sangoulé Lamizana, qu'il remplace à la tête de l'État. En écartant ainsi du pouvoir son aîné, militaire le plus ancien dans le grade le plus élevé, Saye Zerbo ne bouleverse pas seulement une hiérarchie qui avait jusqu'alors été scrupuleusement respectée, mais il met entre parenthèses une démocratie que tous les Africains citaient comme un modèle.