L'endettement de l'agriculture, qui double pratiquement tous les cinq ans, atteint 120 milliards de F à la fin 1977. Il progresse plus rapidement que la production agricole, mettant en danger certaines exploitations, dont 120 000 ont des charges trop élevées par rapport à leur chiffre d'affaires.

Le Premier ministre R. Barre reçoit, début décembre, les états-majors des organisations agricoles pour une conférence des revenus, la première du genre. Il est décidé que le franc vert sera dévalué de 2,5 % le 1er février. Ce qui entraînera une hausse à peu près équivalente des prix agricoles garantis et une diminution de 2,9 % des montants compensatoires monétaires. Les dirigeants agricoles sont satisfaits, car ils s'attendaient à une dévaluation de 1,5 % au 1er janvier. Le rajustement du franc vert est rapidement effacé, à la mi-février, par un nouveau glissement du franc, qui provoque une nouvelle hausse des montants compensatoires.

Commerce extérieur

Les exportations de produits agricoles et alimentaires s'élèvent, en 1977, à 46,8 milliards de F, 67 % sont dirigés vers les pays de la CEE (31,3 milliards). L'excédent avec cette dernière ressortit à 9,6 milliards (10,7 en 1976), alors qu'avec les pays tiers le déficit est de 13,3 milliards (7,4 en 1976).

Dégradations

Le déficit du commerce extérieur agro-alimentaire s'élève donc à 3,7 milliards, et à 7,5 selon la nouvelle nomenclature des douanes qui inclut notamment les produits de la sylviculture et de la pêche maritime. Si l'on retient l'ancienne nomenclature, c'est la première fois depuis six ans que la balance extérieure de ce secteur est en déficit. Cette évolution, due à la hausse des produits tropicaux (café et cacao notamment), aux conséquences de la sécheresse puis de la pluie et des dérèglements monétaires, remet en cause l'objectif du VIIe Plan (20 milliards d'excédent en 1980).

Notre premier client devient l'Italie, qui prend la place de la RFA. La dégradation de notre balance agro-alimentaire avec ce dernier pays s'accentue depuis cinq ans. En 1977, l'Allemagne accroît de 28 % ses exportations vers la France. Elles s'élèvent à 1,6 milliard de DM.

Le premier poste de nos exportations, les céréales, atteint 8,5 milliards. Au deuxième rang, ce sont les vins et spiritueux, avec un record de 7,7 milliards (+ 24 % sur 1976) dont 1,7 pour le seul cognac. Les exportations de produits laitiers progressent de 30 % sur celles de 1976, avec près de 6 milliards (49 000 t de beurre vendues à l'URSS).

Les exportations de bovins vivants régressent de 8,6 % et celles de viande de 21 %. Le déficit en viande de mouton s'aggrave avec une augmentation des importations (450 000 têtes) de 6,3 % en volume et de 21 % en valeur.

Au cours du premier trimestre 1978, la situation se redresse quelque peu, le déficit régressant à 160 millions contre 600 lors de la même période en 1976. Les exportations de viandes diminuent de 45 %, alors que les importations s'accroissent de 47 %. Le déficit en viande de porc augmente, notamment comblé par des importations en provenance de RDA. La France importe du beurre et encore plus de fromage (+ 19 %), alors que ses exportations progressent, elles, de 14 %.

L'Europe verte

Les Britanniques quittent la présidence du Conseil des ministres de la CEE. Personne ne le regrette. D'autant que, en s'efforçant de modifier la politique agricole commune, leur opposition interdit à la Communauté de mettre en œuvre une politique commune de la pêche maritime.

Déboires

En janvier, se termine la période transitoire de cinq ans des trois nouveaux États membres, Danemark, Grande-Bretagne, Irlande. En avril, la Commission propose, pour les trois pays (Grèce, Espagne, Portugal) qui demandent à adhérer à la CEE, une période transitoire de dix ans. Mais, en même temps, elle souligne la nécessité de renforcer pendant cette décennie la Communauté des Neuf et d'aider certaines activités à se reconvertir dans les régions méridionales, sous peine de graves déboires lors de l'élargissement.

Des déboires, la CEE en connaît déjà. Le plus important est l'impossibilité, pour les Neuf, de décider d'une politique économique monétaire commune dont l'absence entrave tout progrès dans le domaine agricole.