Cette analyse, qui inspirait déjà la politique énergétique de la France, est désormais largement partagée dans le monde entier. À Istanbul, les exposés de nos délégués ont été largement approuvés non seulement par ceux du tiers monde, mais aussi par les producteurs de pétrole de l'OPEP.

Avenir

Malheureusement, beaucoup de gouvernements ont du mal à infléchir leur pratique dans le sens qu'exige l'avenir. C'est particulièrement grave aux États-Unis, où le programme ambitieux et raisonnable présenté en 1977 par le président Carter a subi échec sur échec devant le corps législatif. Il n'a obtenu ni l'augmentation sensible de prix du pétrole et du gaz naturel produits aux États-Unis, nécessaire pour freiner un gaspillage énorme, ni la relance du programme américain de surrégénérateurs, ni la levée des obstacles écologiques à l'ouverture de nouvelles mines de charbon.

Les incertitudes politiques sur le retraitement des combustibles irradiés sont toujours aussi grandes En outre, la très dure grève des mineurs, au début de 1978, laisse mal augurer du développement de la production de charbon des États-Unis, où se trouvent les plus grandes réserves mondiales de ce combustible.

Par contraste, en dépit du léger infléchissement de son programme nucléaire, la politique énergétique française se maintient dans les orientations tracées depuis plusieurs années. Citons, parmi les principaux événements intervenus en 1977-1978 : de nouvelles dispositions, prises en décembre 1977, en faveur des investissements industriels économisant l'énergie ; la commande de tranches nucléaires de 1 300 MW, nouveau palier de puissance après celui de 900 MW ; le début de la construction de Super-Phénix, le premier réacteur surrégénérateur au monde de taille réellement industrielle ; la signature d'un accord avec l'Allemagne (après la Suède, le Japon, l'Italie...) pour le retraitement des combustibles nucléaires usés à l'usine de la Hague, qui poursuit son développement et dont la capacité même est d'ores et déjà saturée ; l'orientation économique du gouvernement nommé après les élections de mars 1978 en faveur de la vérité des prix, qui devrait normalement se traduire par l'amélioration de la situation financière, toujours délicate, de l'EDF et des raffineries de pétrole ; enfin, un effort notable du budget 1978 en faveur de la recherche appliquée sur les énergies nouvelles.

Nul doute que le choix fait par Raymond Barre, pour son nouveau ministère de l'Industrie, d'André Giraud, ex-commissaire à l'Énergie atomique, ne fera que renforcer la résolution avec laquelle le virage vers l'énergie nucléaire sera poursuivi.

Sidérurgie

Convalescence ou simple rémission ?

Après trois exercices catastrophiques qui se sont soldés globalement par des pertes dépassant sensiblement les 12 milliards de francs lourds, 1978 apparaît comme le point de départ d'une légère amélioration dans l'histoire récente de la sidérurgie française. Quatre éléments sont à l'origine de cette convalescence. « De cette rémission », corrigent les docteurs Tant-pis.

– Fin décembre 1977, les autorités communautaires ont décidé une augmentation de 15 % du prix de l'acier produit à l'intérieur de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier). C'est ce qu'on appelle le « plan Davignon ». Bien que cette hausse soit grignotée par le renchérissement des salaires et de l'énergie, elle n'en constitue pas moins un ballon d'oxygène appréciable pour une profession dont les tarifs sont orientés à la baisse depuis 1975.

– Les mêmes autorités de Bruxelles se sont résolues à prendre des mesures vigoureuses contre la concurrence dite « déloyale ». Il s'agit de ralentir la pénétration d'aciers bon marché fabriqués grâce à une main-d'œuvre sous-payée et vendus de surcroît à des prix de dumping. Figurent au banc des accusés aussi bien des pays comme l'Espagne, la Grèce, l'Afrique du Sud, et, bien entendu, le Japon, que des firmes pirates, tels les fameux Bresciani, travaillant à l'intérieur même du Marché commun, en Italie.