Les PTT, il est vrai, sont devenues en quelques années un puissant investisseur industriel. En 1974, les autorisations de programmes étaient de 10,30 milliards de F au profit des télécommunications. Ces crédits se sont élevés à 24,80 milliards de F en 1977 et ils seront de 25,70 milliards de F en 1978. L'effort fait depuis dix ans porte des fruits : en janvier 1978, on dénombrait 10 millions d'abonnés au téléphone (contre 6 millions à la fin de 1974). Le coût du raccordement téléphonique est passé de 800 F à 700 F depuis le 20 janvier 1978.

Bâtiment

Des mutations difficiles

La crise du bâtiment, tant déplorée par les milieux professionnels, ne pouvait apparaître dans les programmes arrivant à échéance en 1977, puisqu'il s'agissait de la commercialisation d'immeubles engagés parfois plusieurs années auparavant. De fait, autant de logements ont été livrés en France en 1977 que l'année précédente (448 900), la seule modification notable concernant le secteur HLM où la location ne cesse de décliner au profit de la vente.

Perspectives

La contraction du marché est beaucoup plus nette au niveau des mises en chantier, en recul de 6 % sur 1976, de 10 % sur 1975, de 16 % sur les années 1972-1973, et les perspectives 1978 ne sont pas meilleures puisqu'elles portent sur un nouveau repli de 5 %. Le parc français de logements serait-il devenu insuffisant et son renouvellement normal conduirait-il à un rythme régulier de 400 000 à 450 000 logements par an ? La réponse n'est pas évidente. La pénurie, consécutive aux destructions de la guerre et à l'accroissement démographique, a disparu dans la plupart des pays européens, mais la qualité du parc laisse encore beaucoup à désirer. 16 % des résidences principales datent d'avant la Première Guerre mondiale. Le quart d'entre elles ne dispose pas d'un confort élémentaire. 13 % sont surpeuplées. L'évolution des mœurs suscite également de nouveaux besoins de logements adaptés aux personnes âgées, aux jeunes ménages, aux travailleurs migrants. L'effectif des résidences secondaires continue de s'élargir à un rythme moyen de 200 000 par an.

Toujours en termes de qualité, la dimension des logements neufs n'a guère évolué depuis une quinzaine d'années et elle est l'une des plus faibles parmi les pays développés. Au total, promoteurs et constructeurs sont persuadés que le marché potentiel est beaucoup plus important que ne le laisse supposer le volume actuel des mises en chantier, mais ils reconnaissent que l'environnement économique s'oppose à l'expression complète des besoins latents. Si le coût de la construction a progressé en 1977 à un rythme voisin de 9 %, comparable à l'évolution générale du coût de la vie, le prix de vente final du logement, en revanche, augmente toujours rapidement en raison des charges foncières et financières : de 13 % dans le secteur libre et de 13 à 17 % pour les autres catégories.

Cette distorsion par rapport aux revenus d'une clientèle freinés par la politique anti-inflationniste du gouvernement conduit à l'amenuisement progressif du marché.

Stratégie

Dans l'attente d'un assainissement et d'une reprise des commandes tant de logements neufs que de travaux de modernisation, les entreprises sont contraintes de réviser leur stratégie industrielle. Équipées pour répondre à un certain volume de besoins émanant du marché intérieur, souvent local ou régional, elles ont à supporter désormais la charge d'une surcapacité de production qui risque d'être fatale à beaucoup d'entre elles. Les plus grandes entreprises, jouant à la fois sur le bâtiment et les travaux publics et bénéficiant déjà d'une expérience des marchés étrangers, recherchent et obtiennent des contrats, parfois considérables, dans les pays pétroliers du Moyen-Orient et en Afrique. Elles s'efforcent également de pallier le défaut de programmes importants de logements collectifs en France en développant leurs implantations régionales, en se rapprochant d'un marché plus diffus et que saisiraient mal des services trop centralisés.

Ces grandes sociétés se heurtent à la concurrence et à la résistance des moyennes entreprises en place, auxquelles les marchés étrangers sont moins accessibles et qui risquent de payer le plus lourd tribut à la crise actuelle. Ces entreprises plus modestes se rabattent sur les programmes dispersés de logements individuels, qui paraissent conserver une clientèle fidèle, sinon capable de compenser le déclin de la demande de logements collectifs. Mais il s'agit, pour l'essentiel, de produits de bas de gamme, d'autant moins rémunérateurs que leurs prix sont fortement discutés par les grands promoteurs sociaux tenus à respecter des prix plafond qui ne s'écartent pas du coût strict de la construction.

Marché privilégié

L'effectif des moyennes entreprises du bâtiment diminuera sans doute sensiblement, estime-t-on dans les milieux professionnels — sceptiques à l'égard des encouragements à l'amélioration de l'habitat ancien prodigués par les pouvoirs publics. Les prévisions sont moins pessimistes en ce qui concerne les entreprises les plus petites, de structures fréquemment artisanales et dont le marché privilégié est celui de l'entretien ou du second œuvre. Elles n'échappent pas à la dégradation de la solvabilité des ménages, mais le montant unitaire des travaux qui leur sont confiés provoque moins de réticences que l'engagement à long terme représenté par l'achat d'un logement neuf. Elles profitent également de l'engouement, non démenti, pour les résidences secondaires.