Le premier Parlement indien d'Amérique du Sud se tient à San Bernardino, du 8 au 14 octobre 1974. Pour la première fois dans l'histoire contemporaine latino-américaine, des représentants de onze nations indigènes, venus de cinq États nationaux (Argentine, Bolivie, Brésil, Paraguay, Venezuela), se réunissent pour échanger des vues sur leurs problèmes communs : la possession des terres cultivables, la discrimination dans l'éducation et le travail, la non-reconnaissance de leur langue et l'état sanitaire précaire de la population.

Pérou

Lima. 14 910 000. 12. 3,1 %.
Économie. PNB (72) 378. Production : A (72) 121 + I (71) 182. Énerg. (*72) : 622. C.E. (72) : 17 %.
Transports. (70) : 248 M pass./km, 610 M t/km. (70) : 230 400 + 117 500.  : 448 000 tjb. (71) : 119 M pass./km.
Information. (71) : 56 quotidiens. (72) : *2 000 000. (72) : *410 000. (72) : 269 000.
Santé. (72) : 8 023. Mté inf. (67) : 72,5.
Éducation. (70). Prim. : 2 664 100. Sec. et techn. : 660 000. Sup. : 124 700.
Institutions. Indépendant depuis le 28 juillet 1821. République présidentielle. Constitution de 1933. Président : général Juan Velasco Alvarado, qui renverse Fernando Belaunde Terry, le 2 octobre 1968. Premier ministre : général Francisco Morales Bermudez, nommé le 1er février 1975, remplace le général Edgardo Mercado Jarrin.

Des tensions malgré des réformes

Comment être (ou rester) socialiste en respectant un pluralisme idéologique, alors que les forces conservatrices ne cessent de vous attaquer sinon de vous critiquer ? Telle est, en fin de compte, la question à laquelle se trouve obligée de répondre la junte péruvienne dès le mois de juillet 1974. Une question posée depuis mai et qui a déjà entraîné la démission du ministre de la Marine, l'interdiction du parti d'Action populaire et l'expulsion de plusieurs journalistes.

En juillet, le chef de l'État, le général Velasco Alvarado, décide de franchir un pas supplémentaire. Le 24, les six quotidiens publiés à Lima sont retirés à leurs propriétaires et confiés aux organisations de travailleurs. C'est ainsi que El Commercio devient la propriété des agriculteurs, la Prensa celle des ouvriers et des mineurs, El Correo celle des professions libérales, Ojo celle des artistes et des intellectuels, et Ultima ora celle des banques et des services. Le sixième quotidien, la Cronica, est pris directement en charge par le journal officiel de la junte El Peruano.

Socialisation

L'ambiguïté de cette loi de socialisation (approuvée par les syndicats et une partie des journalistes, mais dénoncée par les autres) apparaît dans son texte même. Tout en décidant de « soustraire les organes de presse les plus influents dans la formation de la conscience nationale aux intérêts minoritaires » (les journaux appartiennent à quelques grandes familles) la loi souligne que l'État « reconnaît, respecte et garantit le droit des journalistes à informer et à exprimer librement des opinions, sans consultation préalable du gouvernement ni censure, tant qu'ils ne transgressent ni la loi ni la morale ».

En fait, les rédacteurs ne font guère usage de cette liberté : une autocensure se manifeste et les sujets importants ne sont pas abordés. Parallèlement, des journalistes ayant appartenu à des quotidiens socialisés fondent un nouveau magazine, Opinion libre (tendance de droite), mais il est interdit le 19 novembre 1974, en même temps que l'hebdomadaire Oiga, dont la sympathie pour le régime n'empêchait ni l'indépendance ni la lucidité. Le dernier journal libre de Lima, le bimensuel Caretas, est fermé au mois de mars 1975.

Ce refus de la junte d'accepter la moindre critique ajouté à des difficultés économiques ont fini par créer dans la capitale une certaine tension. Le 2 décembre 1974, le général Mercado Jarrin, Premier ministre, échappe à un attentat (c'est la première action violente contre l'un des dirigeants du régime) et, un mois plus tard, une bombe explose à la résidence du ministre de la Marine.

Émeutes

Le malaise éclate en émeute le 5 février 1975. À l'origine : une grève des gardes civils (qui réclament une augmentation de traitement, une amélioration des conditions de travail et la mise en jugement d'un général accusé d'avoir frappé un de leurs collègues).