Les Noirs et les femmes réalisent des progrès modestes au Congrès. Les premiers comptaient 16 sortants ; ils sont maintenant 17. Les secondes étaient 16 ; elles seront désormais 18. Dans les assemblées locales, le nombre des uns et des autres augmente de façon appréciable. Les républicains essuient un sérieux échec aux élections pour le renouvellement des législatures d'États et contrôlent les deux assemblées locales dans 6 États seulement sur 50 (au lieu de 16 sur 50 au lendemain de la consultation de novembre 1972).

Argentine

Buenos Aires. 24 290 000. 9. 1,5 %.
Économie. PNB (71) 1 261. Production : G (71) 153 + A (72) 97 + I (72) 198. Énerg. (*72) : 1 728. C.E. (71) : 6 %.
Transports. (*72) : 12 183 M pass./km, 12 284 M t/km. (71) : 1 669 200 + 777 900.  : 1 453 000 tjb. (72) : 1 542 M pass./km.
Information. (72) : 162 quotidiens ; tirage global : *3 677 000. (70) : *9 000 000. (72) : *3 711 000. (72) : 611 400 fauteuils ; fréquentation : 51,4 M. (72) : 1 952 000.
Santé. (69) : 45 340. Mté inf. (68) : 59,6.
Éducation. (70). Prim. : 3 385 790. Sec. et techn. : 974 826. Sup. : 274 634.
Institutions. République fédérale. Constitution de 1853, amendée par le Statut de la révolution (29 juin 1966). Président : Isabelita Peron ; succède à son mari Juan Domingo Peron, décédé le 1er juillet 1974.

Rupture entre la CGT et le gouvernement

Juan Domingo Peron mort le 1er juillet 1974 à l'âge de 79 ans, le péronisme continue en la personne de sa femme Isabelita. Mais celle-ci apparaît davantage comme le symbole d'une doctrine dont tout le monde se réclame (sans lui donner le même contenu) que comme un véritable chef d'État. Les vrais héritiers du pouvoir sont ailleurs : au gouvernement, dans les syndicats, dans la police, dans l'armée et dans la clandestinité.

Assassinats

Aux luttes sourdes que l'on devine dans les coulisses de la Casa Rosada, siège de la présidence, répondent les enlèvements et les assassinats. L'Argentine connaît une vague de violences sans précédent : le nombre des victimes des attentats politiques dépasse les deux cents. Parmi elles : le frère de l'ancien président Frondizi ; Ricardo Goya, directeur de la filiale de Renault à Cordoba ; le général Prats, ancien chef d'état-major de l'armée chilienne et ami personnel d'Allende ; John Egan, consul américain à Cordoba.

Isabelita Peron règne mais ne gouverne pas. L'homme fort du régime est Lopez Rega, son secrétaire particulier, ministre du Bien-être social. Il représente la droite la plus conservatrice du péronisme. Contesté par des éléments plus modérés, il est néanmoins parvenu, au nom de la lutte contre le communisme, à conquérir l'appareil de la puissante CGT et une partie des chefs militaires.

Dès la mort de Peron, il prend les choses en main. Un double remaniement ministériel, en août 1974 et en octobre, écarte les hommes de gauche désignés par l'ancien président. En novembre, comme pour mieux assurer sa légitimité, il rapporte en Argentine la dépouille d'Evita Peron, « la madone des sans-chemises ». L'université et la presse sont mises au pas (plusieurs journaux sont interdits et des correspondants étrangers expulsés). Enfin, on assiste à la création de l'alliance anticommuniste argentine, qui pratique (impunément) l'assassinat politique quasi quotidien.

Clandestinité

En fait, en se radicalisant à droite, le régime a poussé la gauche ou tout au moins l'extrême gauche à choisir la clandestinité. Dès septembre, les Monteneros, jeunes péronistes de gauche, décident de reprendre le maquis et la lutte armée contre le pouvoir. Dans la clandestinité également, l'armée révolutionnaire du peuple (ERP), de tendance marxiste, implantée essentiellement dans la province de Tucuman. Ces deux organisations représentent environ 3 000 hommes et bénéficient de complicités dans la population.

L'armée argentine est mobilisée en février 1975 contre les guérilleros de l'ERP ; on se demande si les militaires n'envisagent pas de reprendre les rênes du pouvoir. En réalité, échaudés par leurs échecs précédents, ils se contentent d'obéir au gouvernement tout en s'interrogeant sur une politique dont le but essentiel est, au-delà de la lutte contre les guérilleros, d'anéantir la gauche péroniste. Dans cette perspective, il n'est pas exclu qu'ils aient fait pression sur le gouvernement pour qu'il renoue avec les partis modérés, et en particulier l'Union civique radicale, de plus en plus distante à l'égard du pouvoir.