Les pays d'Amérique latine, les uns après les autres, renouent avec La Havane, mais le problème de fond (celui des relations avec les États-Unis) n'est toujours pas résolu, en dépit de la déclaration de H. Kissinger selon laquelle son pays envisagerait une évolution de ses relations bilatérales avec Cuba si les sanctions votées en 1964 par l'Organisation des États américains étaient levées.

C'est en effet l'OEA qui, pour l'instant, interdit toute normalisation. La conférence de Quito (8-14 novembre 1974) maintient le principe du blocus contre Cuba, alors que trois pays seulement (le Chili, le Paraguay et l'Uruguay) en sont partisans et que les États-Unis s'abstiennent. La majorité nécessaire des deux tiers pour lever les sanctions ne peut être obtenue. De manière à sortir de l'impasse, une commission de l'OEA étudie une modification du système de vote : la majorité simple serait suffisante. Quoi qu'il en soit, entre Washington et La Havane l'ère des excommunications réciproques est dépassée. Le sénateur George McGovern se rend à La Havane, le 5 mai, pour une visite privée de quatre jours.

Isolement rompu en Amérique, mais aussi en Europe de l'Ouest qui a quelque peu boudé Fidel Castro : voyage de Raul Roa, ministre des Relations extérieures en Suède, Italie et Suisse ; rétablissement des relations entre Bonn et La Havane ; etc. Dans cette diplomatie tous azimuth (géographiquement et politiquement), Cuba reçoit, en octobre 1974, une délégation du PS conduite par F. Mitterrand, et Paris accueille, le 15 janvier 1975, Carlos Rafael Rodriguez, vice-Premier ministre. À l'issue de ce séjour, la France accorde à Cuba 1 milliard et demi de francs de crédit pour 1975 et 1976. Le 13 mai, Norbert Ségard, ministre français du Commerce extérieur, installe à La Havane une commission mixte de coopération économique.

Parallèlement à ce dégel, la hausse extraordinaire des cours du sucre sur le marché mondial (environ quatre fois plus élevés en 1974 qu'en 1973) va permettre à Cuba d'obtenir les devises convertibles nécessaires à ses importations et d'augmenter ainsi son taux annuel de croissance. Cette détente économique, après des années de restriction, ne peut que faciliter l'expérience de démocratisation tentée depuis le mois de mai 1974 dans la petite province de Matanzas. Le gouvernement y organise, le 30 juin 1974, pour la première fois depuis la révolution de 1959, des élections municipales au suffrage universel.

Dominicaine (république)

Saint-Domingue. 4 430 000. 91. 2,9 %.
Économie. PNB (71) 391. Production : G (71) 150 + A (72) 140 + I (71) *159. Énerg. (*72) : 261. C.E. (71) : 15 %.
Transports. (*72) : 50 700 + 24 200.
Information. (72) : 7 quotidiens ; tirage global : 155 000. (72) : *170 000. (72) : *150 000. (71) : 40 600 fauteuils ; fréquentation : 5,2 M. (72) : 66 000.
Santé. (71) : 2 050. Mté inf. (71) : 48,8.
Éducation. (70). Prim. : 773 394. Sec. et techn. : 111 668. Sup. : 19 336.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1963. Président et chef de l'exécutif : Joaquin Balaguer, réélu pour un troisième mandat le 16 août 1974.

Équateur

Quito. 6 730 000. 26. 3,4 %.
Économie. PNB (72) 317. Production : A (72) 125 + I (71) *241. Énerg. (*72) : 296. C.E. (72) : 15 %.
Transports. (71) : 62 M pass./km, 55 M t/km. (71) : 30 100 + 44 300. (72) : 151 M pass./km.
Information. (71) : 22 quotidiens ; tirage global : 283 000. (71) : *1 700 000. (71) : *280 000. (70) : 114 600 fauteuils ; fréquentation : 22,5 M. (72) : 120 000.
Santé. (70) : 2 080. Mté inf. (71) : 78,5.
Éducation. (69). Prim. : 976 229. Sec. et techn. : 194 682. Sup. : 31 921.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1945 (suspendue en 1946 et rétablie le 18 février 1972). Président et chef de l'exécutif : général Guillermo Rodriguez Lara, qui renverse, le 15 février 1972, José Velasco Ibarra.

Grenade

Saint George's. 100 000. 290. 0,5 %.
Transports. (71) : 3 800 + 100.
Information. (71) : 2 quotidiens ; tirage global : *3 000. (65) : 2 000 fauteuils ; fréquentation : 0,2 M. (72) : 4 000.
Santé. (71) : 21. Mté inf. (70) : 34.
Éducation. (70). Prim. : 30 355. Sec. et techn. : 4 081.
Institutions. État indépendant le 7 février 1974. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Leo de Gale. Premier ministre : Eric Gairy.

Guatemala

Guatemala. 5 540 000. 51. 2,9 %.
Économie. PNB (72) 400. Production (72) : G 162 + A 135 + I 161. Énerg. (*72) : 260. C.E. (71) : 14 %.
Transports. (70) : 106 M t/km. (71) : *43 000 + *36 000. (72) : 60 M pass./km.
Information. (71) : 8 quotidiens ; tirage global : 241 000. (72) : *85 000. (71) : 71 700 fauteuils ; fréquentation : 9,4 M. (72) : 54 000.
Santé. (70) : 1 435. Mté inf. (71) : 83,1.
Éducation. (70). Prim. : 506 691. Sec. et techn. : 79 722. Sup. : 15 609.
Institutions. Indépendance acquise en 1821. République présidentielle. Nouvelle Constitution en vigueur depuis le 15 septembre 1965. Président et chef de l'exécutif : général Kjell Laugerud Garcia, désigné par le Congrès comme vainqueur des élections du 3 mars 1974 ; succède au colonel Carlos Arana Osorio.

Guyane

Georgetown. 760 000. 4. 2,3 %.
Économie. PNB (71) 380. Énerg. (*72) : 1 012. C.E. (71) : 53 %.
Transports. (71) : 23 M pass./km. (*72) : 21 300 + 9 200.
Information. (72) : 4 quotidiens ; tirage global : 41 000. (72) : *100 000. (72) : 37 500 fauteuils ; fréquentation : 10,3 M. (72) : 15 000.
Santé. (71) : 171. Mté inf. (68) : 38,3.
Éducation. (70). Prim. : 130 484. Sec. et techn. : 65 809. Sup. : 1 182.
Institutions. État indépendant le 26 mai 1966. République proclamée le 23 février 1970. Chef de l'État : Arthur Chung, élu le 17 mars 1970. Premier ministre : Forbes Burnham.

Haiti (république d')

Port-au-Prince. 5 200 000. 189. 2,1 %.
Économie. PNB (70) 97. Production : G (70) 105. Énerg. (*72) : 28. C.E. (70) : 9 %.
Transports. (*72) : 11 900 + 1 600.
Information. (72) : 7 quotidiens ; tirage global : 82 000. (72) : *86 000. (72) : *12 000. (64) : 12 300 fauteuils ; fréquentation : *1,5 M. (71) : 5 000.
Santé. (69) : 361.
Éducation. (68). Prim. : *291 000. Sec. et techn. : *34 230. Sup. (66) : 1 527.
Institutions. République. Constitution de 1946. Président à vie : Jean-Claude Duvalier ; succède, le 22 avril 1971, à son père, François Duvalier, décédé.

Nationalisme

Le régime du président Jean-Claude Duvalier, en durcissant sa position à l'égard des sociétés multinationales, s'oriente vers une politique nationaliste. Suivant l'exemple des pays membres de la nouvelle Association internationale de bauxite, dont Haïti devient membre le 6 novembre 1974, le gouvernement impose, le 2 décembre 1974, une hausse des redevances de 600 % à la firme américaine Reynolds Metal, qui exploite depuis vingt ans la mine de bauxite de Miragoâne. Ces nouveaux revenus, 7 millions de dollars, amélioreront (si toutefois ils ne servent pas uniquement des intérêts privés) une économie médiocre ; le pays possède le revenu par tête le plus bas de l'Amérique latine.

Honduras

Tegucigalpa. 2 780 000. 25. 3,1 %.
Économie. PNB (72) 301. Production : G (72) 153 + A (72) 163 + I (70) 217. Énerg. (*72) : 231. C.E. (72) : 24 %.
Transports. (71) : 13 800 + 16 900.  : 67 000 tjb. (72) : 159 M pass./km.
Information. (71) : 12 quotidiens ; tirage global : *113 000. (*72) : 150 000. (71) : *25 000. (72) : 16 000.
Santé. (72) : 780. Mté inf. (72) : 39,3.
Éducation. Prim. (69) : 392 670. Sec. et techn. (70) : 39 839. Sup. (68) : 3 459.
Institutions. Indépendance proclamée le 5 novembre 1838. République. Constitution du 5 juin 1965. Président : colonel Juan Alberto Melgar Castro, auteur du coup d'État militaire du 22 avril 1975 qui renverse le général Osvaldo Lopez Arellano.

Fifi : 10 000 victimes

Le cyclone tropical Fifi (ou plutôt hurricane, puisque cette catastrophe s'est produite dans les Caraïbes) a ravagé l'Amérique centrale le 19 septembre 1974. Le Guatemala, le Nicaragua, le Costa Rica, El Salvador et le sud du Mexique ont été touchés. Mais c'est le Honduras qui a le plus souffert. Fifi a frappé surtout la côte nord du pays, détruisant en partie les villes de Choloma et de Puerto Trujillo et de nombreux villages. Les victimes se comptent par milliers. Les cultures de la région (rizières, champs de canne à sucre, plantations maraîchères) ont été dévastées par des pluies diluviennes. Selon le ministre de l'Économie, environ 60 % des richesses du pays seraient détruites.

Putsch

Un coup d'État militaire renverse, le 22 avril 1975, le président Arellano et porte au pouvoir le colonel Juan Alberto Melgar Castro, commandant en chef des forces armées. Le putsch intervient sans effusion de sang, peu de temps après l'affaire des pots-de-vin de la United Brands (anciennement United Fruit). La compagnie américaine reconnaît, devant la commission de vérification des opérations de Bourse, le versement de sommes importantes à un haut fonctionnaire pour obtenir une réduction de taxe sur l'exportation de bananes. La taxe devait effectivement passer de 50 à 25 cents par caisse.