Le développement de la chimie organique a été favorisé par la conjoncture des deux dernières années ; automobile, bâtiment et textile ont consommé beaucoup de résines de synthèse et de matières plastiques. Malgré les investissements nouveaux, l'insuffisance des capacités de production a freiné la croissance et introduit dans l'approvisionnement des goulets et des à-coups.

En chimie minérale, la situation a été différente pour les produits minéraux et pour les engrais. Dans le premier secteur, la vivacité de la demande mondiale a donné un coup de fouet à l'industrie française, qui, excédentaire en capacité, a pu accroître fortement ses exportations pour un temps. Dans le secteur des engrais (la moitié de la chimie minérale), au contraire, l'acuité de la concurrence avec les pays neufs anciennement clients et désormais producteurs a provoqué une nouvelle dégradation de la balance commerciale.

La parachimie n'a dû sa meilleure croissance qu'à des raisons circonstancielles, dont l'épidémie de grippe de la fin 1969.

La chimie française a encore beaucoup d'efforts à accomplir sur le plan des structures pour subsister et se développer dans le monde ouvert et dynamique où elle est placée désormais.

La chimie de synthèse étant devenue une industrie lourde et la chimie fine restant une industrie à évolution technique rapide, la masse de recherches et d'investissements que doit faire la chimie est considérable. Elle est proportionnelle à l'important accroissement de son marché et fonction de la compétition entre grandes firmes.

On trouve là assez de justifications à la puissance des grands groupes dans le secteur de la chimie ; l'année 1969 et le début de 1970 ont marqué, sur ce plan, une étape décisive.

Le groupe Rhône-Poulenc a désormais sa place dans le peloton des grandes affaires mondiales (absorption de Progil et accords de majorité avec Pechiney-Saint-Gobain et Naphtachimie).

La création d'une société d'intérêts communs entre les deux grands pétroliers français, CFP et Elf Erap (Journal de l'année 1968-69), qui ont annoncé de grands investissements pétrochimiques, peut valoir, dans quelques années, un deuxième grand groupe à l'économie française.

Coopération fructueuse

Enfin, si quelques accords avec des chimistes étrangers ont signifié un abandon de positions au profit de concurrents extérieurs, dans d'autres cas (Société chimique des Charbonnages, Entreprises minière et chimique, Ugine-Kuhlmann), les possibilités existent pour des coopérations fructueuses.

Ce renforcement structural de la chimie française est la condition de son essor et de sa compétitivité.

Textiles

Bon niveau, mais faiblesse des exportations

Faut-il choisir d'aller court vêtue ou préférer la mode maxi ? Cette question d'apparence futile a marqué l'industrie textile depuis la fin de 1969 et durant les premiers mois de 1970. Les incertitudes de la mode se sont ajoutées aux conséquences de l'encadrement du crédit et aux hésitations des commerçants à constituer des stocks pour provoquer chez les industriels un tassement de la production et un climat psychologique maussade. Sans parler de véritable régression, les professionnels n'escomptaient pas de reprise avant l'automne, dans le meilleur des cas.

À vrai dire, si marasme il y a eu, il s'est produit à un niveau relativement élevé de la production. L'année 1969 fut, en effet, très satisfaisante dans son ensemble, malgré un fléchissement au dernier trimestre : l'indice global de la production est monté à 122, contre 109 en 1968 (base 100 en 1962), soit un accroissement de 12 %. Quoique gonflé par le bas niveau de la production au début de 1968, ce taux est plus qu'honorable. L'expansion a touché pratiquement tous les secteurs, en favorisant la bonneterie (+ 25,6 % en tonnage), le moulinage (+ 23,7 %), la production de fils et fibres synthétiques (+ 18 %), le peignage de laine et de fibres chimiques (+ 17,3 %), la production de fibres artificielles (+ 16,5 %).

Vocation exportatrice

Point noir : le commerce extérieur, où l'on a enregistré une détérioration sensible. Les exportations ont augmenté de 16,4 % en 1969, pour atteindre une valeur de 6,1 milliards de francs ; mais la croissance des importations s'est faite au rythme de 56,7 % pour passer de 2,8 milliards de francs en 1968 à 4,4 milliards ! En conséquence, la balance des échanges (fibres brutes exclues) n'indique plus qu'un excédent de 1,3 milliard de francs, contre 2 milliards en 1968.