Avec un capital de 396,5 millions de francs, un chiffre d'affaires global de 2,65 milliards en 1969 (dont 1,13 milliard de francs à l'exportation), des effectifs s'élevant à 42 000 personnes et des installations représentant 700 ha répartis dans une vingtaine d'établissements, la SNIAS est la plus importante entreprise de constructions aéronautiques et spéciales des pays du Marché commun ; 56 % des effectifs se consacrent à l'activité avions, 17 % aux hélicoptères, 15 % aux systèmes balistiques et spatiaux, 8 % aux engins tactiques, 4 % aux activités diverses.

Comme prévu, l'organisation de l'Aérospatiale repose sur une structure de directions correspondant à deux natures de responsabilités : un niveau à compétence essentiellement fonctionnelle (état-major de direction) et un niveau opérationnel, responsable des activités productives, réparties en quatre grandes branches : avions, hélicoptères, engins tactiques, systèmes balistiques et spatiaux. Les principales filiales sont la SOCATA (avions de tourisme et d'affaires) à Tarbes, la SOGERMA (entretien et réparations) à Bordeaux Mérignac, la SEGA au Bourget, la SOCHEA à Rochefort, la SEMM (Société européenne de matériels mobiles — essentiellement des caravanes) à Saint-Nazaire-Trignac, Saint-Chamont-Granat à Courbevoie, et Europe Air Service au Bourget.

Les programmes

Les principaux programmes en cours sont :
– L'Airbus européen A-300B (250 passagers), dont cinq exemplaires de présérie ont été lancés en fabrication avec la coopération de la Deutsche Airbus et du constructeur britannique Hawker-Sideley. L'appareil volera en 1972 et entrera en service en 1973. Un type de moteur a été choisi : le CF6-50 de General Electric, qui équipera également les triréacteurs américains McDonnell-Douglas DC-10 (le DC-10 et le A-300B auront ainsi des nacelles motrices communes) ;
– Le Concorde, dont les deux prototypes ont atteint mach 1,5 (1 600 km/h) ; deux avions de présérie et six avions de série sont en construction ; la mise en service reste prévue pour 1973/1974 ;
– La Caravelle 12, version allongée (128-132 places) qui entrera en service en 1971 ;
– Le bimoteur de transport militaire Transall, construit en coopération avec l'industrie allemande. Sur 169 machines commandées, plus de 70 exemplaires ont été livrés, dont 9 à l'Afrique du Sud ;
– Le biréacteur léger SN-600 Corvette, qui a commencé ses essais en juin ;
– Le bimoteur Nord-262, vendu à plus de 95 exemplaires ;
– Les avions légers Rallye et ST-10 de la SOCATA ;
– Les hélicoptères Alouette 2 et 3 (le cap des 2 000 appareils vendus a été franchi), SA-330 (premières commandes à l'exportation enregistrées), Super-Frelon (des débouchés civils apparaissent) et SA-341 (successeur de l'Alouette 2).

Des difficultés surgissent cependant dans le programme franco-britannique d'hélicoptères (SA-330, SA-341, WG 1) par suite d'une élévation sensible des coûts de production.

L'industrie privée

À côté de l'Aérospatiale, contrôlée par l'État, le groupe privé Dassault-Breguet montre une activité soutenue. Le prototype n° 1 du Mercure (130 passagers) est en achèvement et volera au printemps 1971 ; les premières options ont été prises par Air Inter, et la construction en série est étudiée sur des bases européennes ; la Pan Am a commandé ferme 40 exemplaires du Falcon 10 et a pris des options sur 120 appareils : le Falcon 10 (6-10 places), qui volera cet automne, complétera ainsi la gamme des Falcon 20 et 30 (nouvelle version à long rayon d'action).

Dans le domaine des avions militaires, les sept prototypes du biréacteur franco-britannique Jaguar ont effectué leur premier vol, la fabrication en série du F-1 (successeur du Mirage III) est lancée, le prototype du biréacteur à géométrie variable Mirage G4 est en achèvement (il volera au début de 1970) et une nouvelle version du Mirage III, le Milan, est proposée à l'exportation. Quant au Mirage III, il a dépassé le cap des 1 000 exemplaires vendus avec les commandes reçues de la Libye, de l'Espagne, de l'Argentine et du Brésil.