La disproportion des forces a joué progressivement en faveur des partisans du Nigeria uni (Due Nigeria). La fédération comptant près de 60 millions d'habitants, les Biafrais se battaient pratiquement à un contre quatre.

Militairement, les fédéraux, plus aguerris et plus nombreux, disposaient d'un armement plus moderne et plus abondant : artillerie lourde, blindés, aviation. À la fin du conflit, on estime qu'ils ont lancé environ 120 000 hommes de troupe contre les 80 000 soldats biafrais, équipés en majorité d'armes légères.

Diplomatiquement, le gouvernement de Lagos a bénéficié du concours actif de la grande majorité des États de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA). Comme la plupart des membres de l'ONU, ils condamnèrent sans appel la sécession biafraise, à la fois par solidarité et par fidélité à l'esprit de la charte d'Addis-Abeba, de 1963, qui érigeait en dogme l'intangibilité des frontières africaines. Seuls, le Gabon, la Côte-d'Ivoire, la Tanzanie, la Zambie et Haïti acceptèrent de reconnaître l'État séparatiste. Cet isolement contribua à démoraliser ses chefs.

L'intervention des grandes puissances

La prolongation du conflit s'explique à la fois par la combativité des séparatistes, par l'intervention des grandes puissances et par l'action des organismes humanitaires. Persuadés qu'une défaite militaire entraînerait un génocide général de leur peuple, les Biafrais se sont battus longtemps avec l'énergie du désespoir. Sous-alimentés, insuffisamment pourvus en munitions, ils ont opposé une résistance farouche.

Les fournitures d'armes par les puissances étrangères ont exacerbé la volonté des deux camps de tenter d'imposer un règlement militaire du conflit. L'Union soviétique et la Grande-Bretagne ont vendu aux fédéraux des engins blindés, des canons, des vedettes, des appareils de chasse et de bombardement. De leur côté, la France, la Tanzanie, la Rhodésie, l'Afrique du Sud, la Côte-d'Ivoire, le Gabon et le Portugal ont livré ou ont laissé utiliser leur territoire pour livrer des armes aux troupes du général Ojukwu. Contrairement aux partisans du gouvernement de Lagos, les alliés des séparatistes ont toujours refusé d'admettre qu'ils soutenaient militairement les Biafrais. Il est pratiquement impossible de déterminer l'étendue exacte de l'aide accordée par les uns et les autres à la république du Biafra. À titre individuel, des mercenaires européens combattirent des deux côtés, notamment le comte suédois Gustav van Rosen, célèbre pour l'efficacité de ses raids aériens contre les fédéraux.

Paradoxalement, l'action des organismes humanitaires a prolongé le conflit. L'intervention du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à partir de Fernando Poo, puis de Cotonou, celle de la Croix-Rouge française à partir de Libreville, et celle de Caritas internationalis à partir de Sao Tomé, permirent aux contrebandiers d'armes d'utiliser les aérodromes de secours d'Ulli et d'Uga, sur lesquels arrivaient par ailleurs médicaments et vivres. Ces envois de secours diminuèrent la portée du blocus exercé par les fédéraux et entretinrent le moral des assiégés. Mais le temps travaillait de toute évidence pour les fédéraux.

Le 11 janvier 1970, le général Ojukwu fuyait en Côte-d'Ivoire, après avoir remis ses pouvoirs au général Philipp Effiong. Quarante-huit heures plus tard, celui-ci capitulait sans condition, signant un armistice, à Lagos, avec le général Gowon.

L'éphémère République biafraise avait vécu, mais la Fédération nigériane était également remise en question, tandis que commençaient les immenses difficultés de la reconstruction.

Ouganda

8 133 000. 35. 2,5 %.
Économie. PNB (67) 95. Production (67) : A 60 % + I 12 % + S 28 %. Énerg. (67) : 53. C.E. (67) : 24 %.
Transports. (*66) : 31 200 + 6 000. (*67) : 184 386 000 pass./km.
Information. (65) : 5 quotidiens ; tirage global : 63 000. (65) : *200 000. (67) : 7 500. (65) : 16 000 fauteuils ; fréquentation : 2 M. (67) : 23 368.
Santé (65). 728.
Éducation (66). Prim. : 564 190. Sec. et techn. : 98 129. Sup. : 1 240.
Institutions. État fédéral indépendant le 9 octobre 1962. République proclamée le 9 octobre 1963. Constitution présidentielle de 1966. Président de la République et chef du gouvernement : Milton Obote, auteur du coup d'État du 22 février 1966 qui renverse le chef de l'État, Mutesa II, roi du Bouganda. Membre de la Communauté économique d'Afrique orientale, fondée le 1er décembre 1967.

République arabe unie

32 501 000. 34. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 189. Production (66) : A 28 % + I 27 % + S 45 %. Énerg. (67) : 267. C.E. (66) : 11 %.
Transports. (*67) : 6 268 M pass./km, 3 068 M t/km. (*67) : 108 000 + 27 100.  : 250 000 tjb. (*67) : 573 258 000 pass./km.
Information. (65) 14 quotidiens. (65) : *1 613 000. (67) : 399 000. (66) : 145 600 fauteuils ; fréquentation : 69,9 M. (67) : 352 316.
Santé (66). 13 021.
Éducation (65). Prim. : 3 450 338. Sec. et techn. : 996 555. Sup. : 177 123.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953, après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renverse le roi Farouk. Constitution de 1964. Président de la République et chef du gouvernement : colonel Gamal Abdel Nasser, réélu le 25 mars 1965. Vice-président : Anouar El Sadate, nommé le 20 décembre 1969.

Une aide massive de Moscou

Le régime nassérien paraît se stabiliser. Le premier souci du président semble être le moral de son armée. Le 23 juillet 1969, il annonce que les accords de cessez-le-feu avec Israël sont caducs et qu'une « longue guerre d'usure » est désormais engagée pour libérer le Sinaï de l'occupation étrangère. Il calme ainsi l'« impatience croissante » du corps des officiers, avant d'accroître considérablement les crédits consacrés à l'effort de guerre : ceux-ci passent de quelque 360 millions de livres égyptiennes dans l'exercice 1969-70 à 550 millions pour l'année 1970-71.