Pendant ce temps, l'autorité du général-président se renforce quotidiennement. Après la mort de Moïse Tshombé, frappé en janvier par une crise cardiaque alors qu'il se trouve en détention a Alger, le général Mobutu se retrouve pratiquement seul sur la scène politique. Depuis l'assassinat de Patrice Lumumba en janvier 1961, la mort de Joseph Kasavubu en mars 1969, tous les concurrents sérieux ont été écartés.

Reste Justin Bomboko, ministre des Affaires étrangères, qui doit céder son portefeuille en août 1969 après avoir été nommé ambassadeur à Washington, ce qui équivaut pratiquement à une disgrâce.

En juillet 1969, un Conseil national de sécurité, chargé d'« aider et de seconder le chef de l'État pour assurer la sécurité intérieure et extérieure », a été créé, mais, en fait, le général Mobutu exerce sans partage la totalité des pouvoirs. En août, il prend le portefeuille de la Défense nationale pour être le seul à avoir la haute main sur les forces armées congolaises. Usant alternativement de la rigueur et de la clémence, il fait d'abord condamner à de sévères peines de prison, en août, une trentaine d'étudiants contestataires de l'université Lovanium, puis les amnistie en octobre, montrant avec éclat qu'il entend être et demeurer le seul dispensateur de toutes grâces.

Côte-d'Ivoire

4 100 000. 13. 2,3 %.
Économie. PNB (66) 266. Production (66) : A 41 % + I 18 % + S 41 %. Énerg. (67) : 151. C.E. (66) : 31 %.
Transports. (*67) : 479 M pass./km, 325 M t/km. (*67) : 41 900 + 29 800. (*67) : 59 787 000 pass./km.
Information. (66) : 1 quotidien. (66) : 65 000. (65) : 6 000. (65) : 28 800 fauteuils. (67) : 22 288.
Santé (66). 218.
Éducation (66). Prim. : 381 452. Sec. et techn. : 35 829. Sup. (64) : 1 568.
Institutions. État indépendant le 7 août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1960 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Félix Houphouët-Boigny, réélu le 7 novembre 1965.

Démocratie à l'africaine

Environnée de pays soumis à de graves tensions internes, la Côte-d'Ivoire continue de constituer un étonnant îlot de stabilité politique. La prospérité exceptionnelle de son économie en fait un exemple pour tous les États du tiers monde africain.

Tirant fort habilement les leçons de la contestation étudiante et ouvrière qui se manifeste en septembre et en octobre, Félix Houphouët-Boigny entreprend une vaste campagne de consultations populaires. Toutes les grandes catégories sociales et professionnelles du pays sont conviées au palais présidentiel d'Abidjan et invitées les unes après les autres à faire connaître leur point de vue. Après plusieurs semaines de discussions dont le déroulement s'inspire très étroitement des palabres traditionnelles, le chef de l'État ivoirien procède à diverses réformes essentielles.

Les salaires des catégories professionnelles les plus défavorisées sont revalorisés. L'africanisation des cadres est accélérée. Le rajeunissement des équipes dirigeantes est entrepris et une relève partielle des aînés commence. Le résultat de cette longue concertation entre le président et ses concitoyens est estimé d'autant plus positif qu'un important remaniement ministériel a lieu en janvier.

Une jeune équipe

La nouvelle équipe gouvernementale comprend plusieurs jeunes techniciens et la majorité des ministres ivoiriens est composée de moins de quarante ans. D'autre part, cinq gestionnaires médiocres sont écartés. Les syndicats, dont certains éléments avaient, en septembre, provoqué des heurts à Treichville entre chômeurs et policiers, semblent satisfaits. Les étudiants eux-mêmes, qui, en septembre, avaient vainement tenté de relancer l'agitation à l'université d'Abidjan, se rallient au régime.

Les incidents qui éclatent en décembre en pays Sanwi, dans le sud-est de la Côte-d'Ivoire, relèvent moins de la politique que du folklore. Le courant séparatiste que s'efforcent de réveiller quelques adversaires du gouvernement fait long feu. Les sujets du roi Amon Ndouffou III, qui avaient déjà fait parler d'eux en 1960, à une époque où le Sanwi envisageait de proclamer unilatéralement son indépendance, rentrent rapidement dans le rang.

Une économie en expansion

Le budget de l'État ivoirien pour 1970 traduit une expansion économique sans égale dans toute l'Afrique francophone. Financé à raison des deux tiers par des ressources intérieures, le budget national d'investissements dépasse à lui seul 880 millions de francs. Les diverses réalisations économiques des dernières années commencent à porter leurs fruits, notamment dans le domaine de la diversification des cultures (riz, hévéa, palmier à huile). Quant au financement des grands projets en cours (électrification à partir du barrage de Kossou, création du port de San Pedro), il est assuré sans aucune difficulté grâce au climat de confiance qui règne dans le pays. Ce budget prévoit, d'autre part, un fort accroissement des crédits destinés au secteur social : lutte contre le chômage, formation professionnelle, habitat.