Les nouveaux dirigeants affirment avoir déjoué en avril un complot contre-révolutionnaire. Parmi les personnalités arrêtées, le général Ali Khorsel, qui est démis de ses fonctions et accusé de haute trahison. Il apparaît à cette occasion que l'unité de l'armée nationale est aussi artificielle que celle du pays.

De sérieux désaccords opposent les officiers formés par les anciennes puissances mandataires (Italie et Grande-Bretagne) et leurs collègues plus récemment sortis des prytanées d'Union soviétique, de Chine populaire ou de République arabe unie. Au demeurant, l'unanimité est particulièrement difficile à réaliser entre anglophones et italophones et entre individus qui placent souvent la solidarité tribale avant le sentiment national.

Soudan

15 186 000. 6. 2,8 %.
Économie. PNB (63) 104. Production (64) : A 54 % + I 12 % + S 34 %. Énerg. (67) : 87. C.E. (67) : 20 %.
Transports. (*67) : 2 162 M pass./km. (*67) : 21 100 + (66) : 17 600. (*67) : 96 961 000 pass./km.
Information. (62) : 7 quotidiens ; tirage global : 64 000. (66) : *11 000. (61) : fréquentation : 10,1 M. (67) : 42 524.
Santé (66). 567.
Éducation (65). Prim. : 492 085. Sec. et techn. : 100 478. Sup. : 7 701.
Institutions. République indépendante proclamée le 1er janvier 1956. Président du Conseil de la révolution et Premier ministre : général Gaafar el-Nimary ; succède le 28 octobre 1969 à Aba Bakr Awadalla, Premier ministre après le coup d'État du 25 mai 1969. Constitution de 1964 suspendue. Le Conseil de la Révolution assume tous les pouvoirs.

Persistance des tensions internes

Le régime du général Gaafar el-Nimary est constamment harcelé par ses nombreux adversaires qui tentent de le renverser. La coalition de militaires et de civils nationalistes de gauche, socialistes et communistes, qui s'est hissée au pouvoir à la suite du putsch du 25 mai 1969, suscite l'opposition des deux grands partis conservateurs mis hors la loi (l'Oumma et le Parti national unioniste) et d'une partie des tribus et des populations rurales. Malgré les vastes épurations opérées dans les forces armées, les services de sécurité déjouent quatre tentatives de coup d'État en l'espace de sept mois : deux en juillet 1969, une autre en août et la quatrième en janvier 1970.

Le régime, qui se veut résolument laïque, s'attire l'hostilité implacable des Frères musulmans et des deux puissantes sectes religieuses (les Ansars et les Khatmia), qui combinent leur ascendant mystique à leur pouvoir économico-politique pour dresser les campagnes contre les dirigeants. Ces derniers s'appuient sur les syndicats ouvriers et sur les diverses organisations de masse, implantées en majeure partie dans les villes, pour imposer des mesures destinées à séparer l'Islam de l'État. Les prédicateurs des mosquées sont invités à éviter toute incursion dans la politique, sauf sur instructions du gouvernement. Toute référence à l'Islam est bannie des discours officiels, sinon pour justifier l'usage qu'en firent les anciens dirigeants.

La révolte des Ansar

L'épreuve de force s'engage en mars. Au cours d'une tournée qu'il entreprend en province, le chef de l'État est pris à partie par les partisans de l'imam El Hadi el-Mahdi, chef spirituel de la secte Ansar, et échappe de justesse à un attentat le 27 mars 1970. Le chef des Ansar lui refuse l'accès de l'île d'Aba, où se sont retranchés environ 30 000 guerriers. Le 29, des milliers d'Ansar fanatisés se soulèvent à Omdurman, dans la banlieue de Khartoum, et attaquent les forces de l'ordre. Celles-ci répriment dans le sang l'insurrection, tandis que l'armée et l'aviation donnent l'assaut à l'île d'Aba. L'imam El-Mahdi, qui prend la fuite, est abattu alors qu'il tente, le 1er avril, de franchir clandestinement la frontière. Les affrontements d'Aba et de Khartoum auraient fait plusieurs centaines de morts.

Ayant réussi à réduire le principal centre d'opposition sur leur droite, les officiers nationalistes au conseil de la révolution tentent d'affaiblir leur principal allié sur leur gauche : le parti communiste. Formellement interdit, celui-ci est cependant libre de poursuivre ses activités. Bien organisé et rompu aux activités de masse, il tend à devenir trop puissant et à exercer des pressions sur l'appareil de l'État. Le secrétaire général du parti, Abdel Khalek Mahjoub, est déporté en Égypte le 5 avril.