Atrides
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».
Famille abandonnée des dieux et condamnée à un destin cruel, à laquelle Atrée, fils de Pélops et petit-fils de Tantale, donne son nom.
Chrysippe est assassiné par ses deux frères, Atrée et Thyeste, qui bénéficient probablement de la complicité de leur mère Hippodamie. Les deux frères se vouent ensuite une haine mortelle, car l'un et l'autre aspirent au royaume de Mycènes ; Agamemnon, fils d'Atrée, est assassiné par son cousin Égisthe ; Oreste, fils d'Agamemnon, venge son père en tuant Égisthe et sa propre mère, Clytemnestre, maîtresse d'Égisthe. Pour ce crime, il est persécuté par les Érinyes. Les dieux, finalement, ramènent la paix dans la famille. Dans l'Agamemnon d'Eschyle, Égisthe, heureux et triomphant devant le cadavre de son ennemi, tout en expliquant au chœur d'où lui vient sa haine pour Agamemnon, rappelle la malédiction des Atrides.
Voir aussi : Atrée, Thyeste, Hippodamie, Plisthène, Égisthe, Pélopia, Chrysippe, Pélops, Œnomaos, Myrtilos
Le triomphe d'Égisthe
Transporté de joie à la vue de son ennemi mort, Égisthe explique au chœur l'origine de sa haine pour Agamemnon, et comment ce complot que Clytemnestre a fait aboutir, c'est lui, Égisthe, qui l'a tramé.
Ô joyeux éclat du jour de la justice ! je puis donc dire enfin qu'il y a des dieux vengeurs qui observent du haut du ciel les crimes de la Terre. Voilà dans le voile, dans le tissu des Érinyes, cet homme étendu, doux spectacle pour mes yeux ! Il expie la ruse infernale de son père.
Atrée, le père de cet homme, régnait sur ce pays, après l'avoir arraché de force à Thyeste, mon père et son propre frère ; je rappelle des faits précis. Il l'avait banni de sa patrie, de sa demeure. Revenu au foyer en suppliant, l'infortuné Thyeste y reçoit la vie sauve : son sang, son propre sang ne devait point rougir le sol natal. Mais le repas des hôtes lui est offert par le père d'Agamemnon, par l'impie Atrée : celui-ci, avec un empressement perfide, semble célébrer par des sacrifices un jour de fête, et ce qu'il sert à mon père, c'est la chair de ses enfants. Il brise les pieds, les doigts des mains, et les distribue, méconnaissables, à chacun de ceux qui ont pris place autour de lui. Thyeste, dans son ignorance, prend sa part et dévore ces aliments qui avaient, comme tu le vois, coûté la vie aux siens. Puis, reconnaissant l'horrible forfait, il gémit et roule à terre en vomissant le fruit du carnage ; il appelle sur les Pélopides les plus affreux malheurs, il renverse du pied la table, et ses justes imprécations souhaitent un semblable sort à toute la race de Pleisthénès. Voilà pourquoi cet homme est à terre sous tes yeux. Et moi, c'est justement que j'ai ourdi ce meurtre ; car j'étais le troisième fils de Thyeste, et je partageai, tout petit, encore dans les langes, l'exil de mon malheureux père ; puis, je grandis et la Justice me ramena. Et ma main s'est appesantie sur cet homme, bien que je fusse absent de ces lieux : c'est moi qui ai machiné tout le complot. Et maintenant, la mort elle-même me serait douce, puisque je le vois dans les rets de la Justice.
Eschyle
