Pélops

Pélops abreuvant ses chevaux.
Pélops abreuvant ses chevaux.

Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de mythologie grecque et romaine ».

Initiateur légendaire des jeux Olympiques, et ancêtre des Atrides.

Le roi de Phrygie Tantale, désirant éprouver la clairvoyance des dieux qu'il reçoit à sa table, leur sert à manger son fils Pélops, préalablement découpé en morceaux et cuit dans une casserole. Seule Déméter, l'esprit encore préoccupé par la disparition de sa fille Perséphone, ne s'aperçoit pas de la supercherie et mange une épaule. L'enfant est aussitôt ramené à la vie, plus beau que jamais, au point que Poséidon est frappé d'amour ; il lui offre un char ailé et, comme Zeus de Ganymède, il fait de lui son échanson. L'épaule de Pélops est remplacée par une autre en ivoire. En souvenir de cette tragédie, tous les descendants de Pélops portent une étoile brillante sur cette partie du corps.

Toutefois, en raison du forfait de son père, Pélops est bientôt invité par les dieux à quitter l'Olympe.

Voir aussi : Tantale (Variante 3)

De retour sur terre, Pélops se rend à Pise, en Élide, où il convoite la main d'Hippodamie. Le père de la jeune fille, le roi Œnomaos, ayant appris par un oracle que son gendre le supprimera, n'est pas très chaud pour donner sa fille en mariage ; aussi y met-il une condition : l'heureux élu sera son vainqueur dans une course de char – épreuve où il excelle grâce aux coursiers que lui a donnés Ares. Pélops prie alors Poséidon de le favoriser dans son dessein, car déjà treize prétendants ont péri et il ne veut pas finir comme eux. Le dieu, ayant entendu sa prière, lui fait don d'un char d'or et de chevaux imbattables à la course.

Selon la version la plus répandue, Pélops corrompt Myrtilos, le fils d'Hermès, l'aurige d'Œnomaos, pour qu'il sabote le char : il trafique l'essieu et masque son forfait avec de la cire.

Le roi ayant trouvé la mort au cours de la compétition, Myrtilos vient demander à Pélops le prix de sa trahison ; Pélops se débarrasse alors de lui, en le jetant du haut d'un rocher. Avant de mourir, le traître invoque son père, maudit son assassin et toute sa descendance. Pélops est purifié de ce meurtre par Héphaïstos. Il épouse Hippodamie et monte sur le trône, conquiert l'Arcadie et l'Argolide.

Voir aussi : Œnomaos, Myrtilos, Hippodamie

Pour commémorer sa victoire sur Œnomaos, Pélops institue des jeux Olympiques, ce qui lui vaut d'être grandement honoré, à l'égal d'un héros ; il enseigne les rites funèbres et les chants destinés aux jeunes morts. Il change le nom d'Apia en celui de Péloponnèse. Les Éléens prétendent aussi qu'il est le premier à y fonder un temple à Hermès et ce, pour se faire pardonner le meurtre de Myrtilos. Quand il meurt, un temple lui est érigé à Olympie ; on célèbre des jeux funèbres : une course de chars a lieu, retraçant celle qui a donné à Pélops sa victoire sur Œnomaos.

Pélops est celui par lequel une grande stérilité s'abat sur l'Hellade : parce qu'il a tué le roi des Arcadiens Stymphalos, l'a découpé en morceaux qu'il a disséminés ensuite à travers la région. Le fléau cesse grâce à Éaque.

Voir aussi : Éaque, Stymphalos

D'Hippodamie, Pélops a six garçons : Alcathoos, Atrée, Chrysippe, Pitthée, Plisthène, Thyeste. Chrysippe est victime de la jalousie cruelle de ses frères, lesquels, avec la complicité de leur mère, l'assassinent puis jettent son corps au fond d'un puits. Pélops est également le père d'Astydamie, de Lycidicé, de Nicippé, de Coprée, de Scyron.

Une version lui attribue quinze enfants.

Variante

Pélops ne vient pas à Pise avec des chevaux ailés ; le sachant, Œnomaos n'aurait sûrement pas permis à sa fille de prendre place à côté de son concurrent lors de la course, comme à l'accoutumée. En fait Pélops arrive à bord d'un navire, et sur sa tente il est écrit : « Chevaux ailés ». Il enlève Hippodamie et s'enfuit.

Le sanctuaire de Pélops

À l'intérieur de l'Altis, il y a aussi un sanctuaire réservé à Pélops : parmi tous les héros que les Éléens honorent à Olympie, Pélops jouit d'une vénération comparable à celle de Zeus parmi les autres dieux.

Le Pélopion se trouve donc à droite du temple de Zeus, quand on y entre, en direction du vent de Borée, à une distance telle du temple que, sur cet espace, peuvent trouver place des statues et d'autres offrandes ; depuis environ la moitié du temple, il s'étend jusqu'à l'opisthodome ; il est ceint d'un mur de pierres, à l'intérieur duquel poussent des arbres ; des statues y sont placées.

L'entrée se trouve à l'occident. On dit que c'est Héraclès, le fils d'Amphitryon, qui l'attribua à Pélops : de fait il descendait lui aussi, à la quatrième génération, de Pélops, et on dit aussi qu'il sacrifia en l'honneur de Pélops sur la fosse. Encore de nos jours, chaque année, les magistrats en fonction lui offrent des sacrifices ; la victime est un bélier noir. De ce sacrifice, le devin ne reçoit aucune part ; la coutume veut que l'on donne seulement le cou à celui qu'on appelle le « bûcheron ».

Le bûcheron est affecté au culte de Zeus ; sa tâche est de fournir, aussi bien aux cités qu'aux particuliers, le bois nécessaire pour les sacrifices, au prix fixé. Le bois ne peut être que du peuplier blanc – d'aucun autre arbre. Quiconque, Éléen ou étranger, aurait mangé de la viande de la victime offerte en sacrifice à Pélops, ne peut approcher Zeus.

Pausanias

Pélops abreuvant ses chevaux.
Pélops abreuvant ses chevaux.