Paris accueille toujours avec plaisir les grands orchestres internationaux. Celui de Montréal, dirigé depuis 1977 par Charles Dutoit, fait halte au cours de sa tournée européenne de quarante-six semaines. Le TMP Châtelet accueille, entre autres, Evgueni Svetlanov et l'Orchestre d'État de l'URSS, ainsi que l'Orchestre du Mai musical florentin, avec à sa tête Eduardo Mata ; il sert surtout de cadre, comme tous les deux ans, à la plus fastueuse fête orchestrale que l'on puisse imaginer : pendant huit soirs consécutifs, huit des plus prestigieuses formations du monde.

Le Japon à l'honneur

Un orchestre japonais à Paris, c'est un événement peu banal. Le Tōkyō Philharmonic, dirigé par Tadaaki Otaki, est l'invité du Théâtre des Champs-Élysées en mai. En ce même mois de mai, au Japon, un concert met à son programme Iannis Xénakis et Jean-Claude Eloy. Un mois plus tard, à Paris, toujours au Théâtre des Champs-Élysées, Hiroyuki Iwaki, chef permanent à vie de l'orchestre de la célèbre chaîne de télévision NHK, se produit à la tête de l'Orchestre national avec des œuvres de Toro Takemitsu et Toshi Ishiyanaji et crée le Concerto pour tuba de Renaud Cagneux. En décembre, enfin, Yves Prin offre, à la tête de l'ensemble instrumental du Nouvel Orchestre philharmonique, un programme au thème évocateur : Japonais du Japon et Japonais de Paris.

Soirées uniques

Riccardo Chailly et le RSO de Berlin, d'une splendide musicalité dans Schoenberg et Bruckner ; Nikolaus Harnoncourt et le Concertgebouw d'Amsterdam dans un Mozart décapé et dramatique ; Vladimir Ashkenazy, chef et soliste inspiré du Philharmonia, et Seiji Ozawa qui, à la tête de l'Orchestre national, soulève l'auditoire par la beauté sonore qu'exhalent ses interprétations de Debussy et Ravel. Lawrence Foster et le Philharmonique de Monte-Carlo bénéficient avant tout de la présence au piano du sensible Radu Lupu. Mais, malgré l'excellence de ses chœurs, l'Orchestre symphonique de Prague, sous la baguette de Jiri Belholacek, déçoit dans le Requiem de Dvořák. Sans parler de la Philharmonie de Cracovie ; il est vrai que la faute en incombe plutôt à la musique de Penderecki qui semble avoir mal vieilli, et pourtant le compositeur lui-même était au pupitre. Un incendie malencontreux priva l'auditoire de la Première Symphonie de Mahler offerte par Riccardo Muti et le Philhadelphia ; auparavant, toutefois, cette super-star n'avait convaincu personne dans la Symphonie de Franck, véritable non-événement.

La musique ancienne

On parle davantage de retour aux sources plutôt que d'authenticité, mais tous les descendants de Leonhardt et Harnoncourt ont pris la relève avec fougue. Viva Trevor Pinnock et l'English Concert, Philippe Herreweghe et la Chapelle royale, William Christie et les Arts florissants ou Reinhardt Goebel et l'ensemble Musica antiqua de Cologne. Franz Brüggen, avec son Orchestre du xviiie siècle, redonne à Mozart, Haydn et même Beethoven une transparence inouïe, moment de jubilation suprême.

En province, la politique de décentralisation continue à se mettre en place et Cyril Diederich se voit confier la direction du nouvel orchestre Montpellier-Languedoc-Roussillon. Espérons qu'il ne connaîtra pas les difficultés rencontrées par l'orchestre Provence-Côte d'Azur, abandonné par la ville de Cannes et qui ne doit sa survie qu'à l'intervention de la région. L'Orchestre français des jeunes, lancé en 1982, est maintenant entre les mains d'Emmanuel Krivine. Le conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur vient de fonder l'Orchestre des jeunes de la Méditerranée, avec à sa tête Michel Tabachnik.

Festivals

À peine la saison s'achève-t-elle que les festivals commencent. Pas une ville qui n'ait le sien. Strasbourg vise le haut de gamme (Ashkenazy et le Philharmonia, Anne-Sophie Mutter, Brendel, les Beaux-Arts Trio, Theodor Guschlbauer avec l'orchestre philharmonique local et Elisabeth Schwarzkopf... lisant des poètes français et allemands). Besançon, pour sa trente-septième année, mêle musique ancienne et musique contemporaine, et le Concours international des jeunes chefs d'orchestre qui a fait sa renommée revient pour la trente-quatrième fois, tandis que la douzième édition de Musique en cinéma a pour invité d'honneur Ennio Morricone. Divonne fête les trente ans de son festival de musique de chambre. Quant à Lille, sa présence à la fin de l'automne prend une place prépondérante : on y applaudit Luigi Nono et le Studio expérimental de la SWF de Baden-Baden, Elisabeth Chiojnacka, le Philharmonia et Giuseppe Sinopoli, le National et David Atherton ou l'Harmonie de Grimethorpe dirigée par Elgar Howarth aussi bien que Christopher Hogwood et l'Academy of Ancient Music ou l'Orchestre baroque d'Amsterdam du claveciniste Ton Koopman.