– Panneau de laque noire et or, par Jean Dunand, 64 × 99 cm : 186 000 F, Cannes, 5-V-84.

– Table à écrire, par Bugatti : 110 000 F, Drouot, 27-VI-84.

Curiosités

Les objets d'art populaire, les ferronneries, les outils anciens, les grès et terres vernissés sont recherchés par de nombreux collectionneurs et payés à bon prix.

– Fontaine au grès blanc figurant en homme à cheval sur un tonneau, Berry, début xixe s. : 9 500 F, Drouot, 23-V-84.

– Coupe queue de cheval en fer ciselé, xviiie s. : 6 500 F, Drouot, 27-III-84.

– Moulin à café en bois marqueté, époque Charles X : 9 700 F, Drouot, 8-IV-84.

– Râpe à tabac en bois sculpté, xviiie s. : 3 700 F, Épernay, 20-VI-84.

– Tabatière en or avec montre et automate, Genève, 1815 : 940 000 F, Drouot, 13-VI-84.

Deauville : 7 600 000 F pour un cheval !

Les ventes de yearlings (poulains nés l'année précédente) attire chaque année à Deauville les amateurs fortunés : Américains, Saoudiens et Français groupés en sociétés de courses. Au cours d'une vente de yearlings sélectionnés, en août 1984, le chiffre d'affaires s'est établi à 106 770 millions de F pour une centaine de sujets.

Avec une progression de 38 % par animal, la France, grâce à la réputation de ses élevages, dame le pion, pour une fois, aux ventes américaines, où la hausse s'est établie à 17 % par cheval par rapport à l'an passé. Miss Shirley, demi-sœur de Mendez, a été adjugée 7,6 millions de F au cheik Al Maltoum, fils de l'émir de Dubayy. La plupart des yearlings vendus au-dessus du million sont partis à l'entraînement à l'étranger.

Jean Bedel

Roman

Plus d'artisans que d'artistes

L'histoire n'entre que lentement dans la littérature d'imagination. On n'écrit rien à chaud que des témoignages vrais ou faux. Plus encore que pour l'histoire scientifique, on pourrait dire pour l'histoire romancée qu'il faut que beaucoup de documents soient perdus, et que la réflexion ait mûri à distance... Ainsi, c'est maintenant seulement, malgré les efforts des existentialistes des années 50, que la dernière guerre est considérée à bonne distance, comme dans le roman de Jean-Marie Rouart, Avant-guerre, dont nous parlions l'an dernier ou dans celui de Robert Sabatier ou même dans celui de Bernard-Henri Lévy.

Au cœur de la guerre

Rompant avec son cycle des Allumettes suédoises qui a connu un immense succès, Robert Sabatier avec les Années secrètes de la vie d'un homme aborde un thème moins plaisant mais beaucoup plus ambitieux. Très jeune lui-même, le héros, au hasard d'une embuscade à la fin de la guerre, a tué un jeune Allemand et ce souvenir pèse sur lui. Il va courir le monde et connaître bien des aventures sur mer et sur terre, notamment en Extrême-Orient, et il se heurtera plusieurs fois aux fantômes de la barbarie guerrière, jusqu'à vivre en compagnie d'un riche sage japonais qui est un rescapé d'Hiroshima. Le roman d'aventures écrit avec beaucoup d'art, au point de faire penser à un émule français du grand Conrad, est passionnant. Mais il est aussi une quête de lumière, qui l'arrête finalement comme infirmier dans une léproserie africaine. On voit bien tout ce que cela condamne du monde atroce de la guerre, du nationalisme et de la politique du monde frivole des affaires, de l'argent et du divertissement. Mais faut-il penser que la dernière foi et la dernière espérance de notre siècle incrédule, c'est la charité ?

C'est au cœur de la guerre, puis dans ses suites matérielles et morales que nous conduit le roman le mieux lancé de la saison d'automne, le Diable en tête, de Bernard-Henri Lévy. Si l'auteur s'est fait connaître par ses essais sur les idées et la société d'aujourd'hui comme nouveau philosophe, on peut dire qu'il est ici un romancier à l'ancienne mode.

Né en 1942 d'une mère bourgeoise un peu nigaude et d'un père si profondément lié aux Allemands qu'il sera fusillé à la Libération, le héros, Benjamin, sera élevé par le second mari de sa mère, un résistant bon teint. Quand, très jeune adolescent, il apprend la vérité sur la mort de son père, c'est une catastrophe morale dont il ne se remettra pas. Situation commune à bien des enfants après les orages politiques. Enfant du xxe siècle, Benjamin ne cherchera pas à sortir de son désarroi, mais à le généraliser, et il deviendra un agent actif du terrorisme international avant d'aller disparaître dans un semblant d'asile de paix, à Jérusalem, comme si l'auteur avait souhaité en faire une sorte de juif d'honneur.