Comme pour donner un nouveau souffle à son gouvernement, Helmut Schmidt procède, le 27 avril 1982, à un remaniement, qui ne touche que les membres SPD du cabinet. Peu convaincante et entreprise avec trop de tergiversations, cette action a surtout consisté à faire revenir d'anciens collaborateurs du chancelier, écartés en 1980. Le ministre d'État, Manfred Lahnstein, qui dirigeait les services de la chancellerie, devient ministre des Finances.

N'étant pas député, sa nomination irrite le groupe SPD au Bundestag. À la chancellerie il est remplacé par Hans-Jürgen Wischnewski, qui avait déjà exercé cette fonction de 1976 à 1979. Pour des raisons de santé, Hans Matthöfer quitte les Finances et prend le ministère des Postes, moins éprouvant ; son titulaire, Kurt Gscheidle, se retire du gouvernement pour raisons de santé.

Le ministre du Travail, Herbert Ehrenberg, qui ne parvenait pas à adapter la politique sociale aux nouvelles données économiques, se voit remplacé par un spécialiste des questions budgétaires, Heinz Westphal. Au ministère de la Famille, Antje Huber, agacée par les appréciations peu flatteuses sur son activité, avait démissionné dès le 7 avril 1982. Elle cède sa place à une autre femme (la seule du gouvernement), Anke Fuchs, dont le dynamisme et la compétence n'étaient pas passés inaperçus.

Le porte-parole du gouvernement, Kurt Becker, est remplacé par son prédécesseur Klaus Bölling qui, dans l'intervalle, était représentant permanent de la RFA à Berlin-Est. N'appartenant pas à un parti politique, Kurt Becker présentait l'inconvénient de provoquer la méfiance du groupe parlementaire social-démocrate.

Les difficultés économiques ne sont pas étrangères aux désillusions électorales et gouvernementales du SPD. L'endettement public de l'État, des Länder et des communes atteint, en 1982, 600 milliards de DM, et les possibilités d'action de l'État s'en trouvent très réduites. Le nombre des chômeurs a approché, au début de l'année 1982, la barre fatidique des 2 millions (8 % de la population active). Il n'était que de 1 100 000 en mai 1981.

Les régions du Nord (à l'exception de Hambourg) et la Sarre sont très touchées, car elles accueillent les branches les plus menacées, comme l'industrie sidérurgique, la construction navale, la pèche, l'industrie textile et l'habillement. En valeur réelle, le PNB a reculé de 0,3 % en 1981 par rapport à l'année précédente, qui avait connu une légère augmentation (+ 1,8 %).

Budget

Face à cette nouvelle situation, le gouvernement s'épuise dans d'interminables querelles budgétaires, car les obligations sociales de l'État augmentent quand ses recettes fiscales diminuent. À l'automne 1981, la préparation du budget 1981 a failli provoquer la rupture du gouvernement.

Les menaces d'éclatement de la coalition réapparaissent lors de l'élaboration du plan de relance, au printemps 1982.

Ce plan prévoit une aide aux investissements et à la protection de l'environnement, une amélioration de l'approvisionnement énergétique et une lutte plus active contre le chômage des jeunes. Pour le faire adopter par la coalition, le chancelier pose la question de confiance au Bundestag. Seul Willy Brandt avait eu recours à ce procédé en 1972.

Le financement du plan de relance par l'augmentation de la TVA de 13 à 14 % n'est pas encore assuré, car il nécessite l'approbation des Länder, majoritaires dans la seconde chambre, le Bundesrat.

Excédent

En revanche, la République fédérale a obtenu de bons résultats dans d'autres secteurs de l'économie. Le commerce extérieur a connu en 1981 un solde positif de 32 milliards de DM, dont près d'un tiers (11,8 milliards) dû au commerce avec la France. Ce solde est le plus important du monde occidental. La bonne tenue des exportations se poursuit en 1982 avec, en mars, un excédent record de la balance commerciale (6,4 milliards de DM).

La réévaluation du DM de 5,5 %, le 5 octobre 1981, n'a pas nui aux exportations, qui continuent de profiter de la qualité des produits allemands, de la ponctualité des livraisons et du taux d'inflation, plus faible que dans de nombreux autres pays.