Le ralentissement de la croissance économique de l'URSS est confirmé par les résultats décevants de 1980 qui viennent s'ajouter à ceux — aussi mauvais — des années précédentes.

La production industrielle augmente de 3,6 % (contre 4,5 %) et la productivité du travail de 2,6 % (contre 3,8 %). Même constatation pour l'agriculture : la récolte de céréales (189,2 millions de t) dépasse de dix millions celle de 1979, mais reste très en deçà des 235 millions fixés.

Détournements

Ce qui explique que l'URSS devrait importer un total de 34,5 millions de t pendant la période juillet 1980-juin 1981. Mais, en dépit de l'embargo céréalier décrété par Jimmy Carter (Journal de l'année 1979-80), et levé le 24 avril 1981 par son successeur Ronald Reagan, l'Union soviétique ne semble pas avoir trop souffert.

Grâce à l'augmentation des exportations argentines, australiennes et canadiennes, aux multiples fraudes (ventes d'aliments composés pour bétail contenant des céréales, par exemple) et détournements de trafic par les autres pays de l'Est, le déficit dû à l'embargo est globalement évalué à moins de six millions de tonnes.

Dans le domaine des matières premières, la production de pétrole (603 millions de t) permet à l'URSS de conserver sa place de premier producteur mondial, mais elle est en baisse par rapport aux prévisions. Ce qui laisse sceptiques les experts quant à la réalisation de l'objectif de 640 millions de t par an pour 1985. Ralentissement également sensible pour le charbon et l'acier : – 0,8 % et – 0,3 % par rapport à l'année 1979.

Seul le gaz apparaît comme un des rares produits industriels pour lequel le plan a été réalisé : 435 milliards de m3. C'est le point fort de l'économie soviétique, et l'URSS négocie avec plusieurs pays européens, dont la France et la RFA, la signature d'un contrat du siècle prévoyant la livraison annuelle de 40 à 45 milliards de m3, soit le double des livraisons actuelles, qui ont déjà permis à l'URSS de rétablir en 1980 sa balance commerciale.

Consommation

Réalistes devant ce constat plutôt négatif, les autorités fixent des objectifs modestes, non seulement pour la seule année 1981, mais aussi et surtout pour le XIe Plan quinquennal (1981-1985) : la croissance de la production ne dépasse pas celle réalisée au cours des cinq dernières années.

Mais, tout en prévoyant un net ralentissement de la croissance, le XIe Plan — sans minimiser l'importance de l'industrie lourde — met l'accent sur le développement des biens de consommation et, lors du XXVIe Congrès, Leonid Brejnev propose — sans le définir — un « programme alimentaire spécial » destiné à favoriser l'essor de l'agriculture (notamment de l'élevage), et à remédier à la pénurie endémique de lait et de viande.

De ce XXVIe Congrès, on retiendra enfin la bonne volonté affichée de Leonid Brejnev dans le domaine international. Apôtre de la paix comme il aime toujours se présenter, le numéro un soviétique se dit prêt à discuter de toutes les grandes questions en suspens dans le monde, mais accorde une préférence notoire à l'ouverture d'un « dialogue actif à tous les niveaux » avec les Américains.

C'est là, en fait, la raison essentielle du caractère extrêmement modéré de son intervention. Pour rétablir une économie en chute libre, Moscou a tout à la fois besoin de calmer le jeu international — source de dépenses énormes, notamment en armements — et d'obtenir des aides importantes sur les plans alimentaire et technologique. Or qui, dans ces domaines, est maître, sinon Washington ?

Collusion

La fin justifiant les moyens, l'Union soviétique sait oublier, pour développer ce dialogue momentanément utile, les avertissements, les violentes attaques du président Ronald Reagan et de son équipe.

Les occasions d'affrontements ne manquent pas : Afghanistan, Salvador, Proche-Orient, Pologne. Dès sa première conférence de presse, le nouveau président des États-Unis accuse le 29 janvier 1981 les dirigeants soviétiques de « se réserver le droit de commettre n'importe quel crime, de mentir, de tricher ».