Devant l'intransigeance britannique, il est impossible aux Neuf de fixer les prix agricoles de la campagne 1979-1980. Le mini-accord qui intervient dévalue les monnaies vertes : 5,12 % pour le franc, 5 % pour la livre et la lire, 0,3 % pour la livre irlandaise. Il en résulte une augmentation, pour la France, de 5,4 % des prix garantis et un démantèlement de 5,3 points des MCM. Ces derniers sont donc réduits de moitié puisqu'ils étaient de 10,6 %. Les MCM sur le porc disparaissent totalement.

Le marathon traditionnel se termine le 22 juin au petit matin par un accord jugé inespéré par le ministre de l'Agriculture. Les prix garantis européens sont augmentés de 1,5 %, sauf celui du lait qui est gelé. La France obtient une nouvelle dévaluation de sa monnaie verte de 1,5 %, qui entraîne un démantèlement du même ordre de grandeur de ses MCM. Ainsi l'augmentation moyenne des prix français est-elle de 8,1 % (8,5 % pour tous les produits, sauf pour le lait dont la hausse est de 7 %). La Grande-Bretagne obtient une dévaluation de la livre verte de 5 % et l'Italie de 4 % de la lire verte. Les MCM de ces pays sont diminués d'un pourcentage similaire. Les MCM positifs sont diminués de 1 % pour la RFA et de 0,5 % pour le Benelux. Ce qui les ramène respectivement à 9,8 % et à 2,8 %, les prix augmentant dans ces pays de 0,5 % et de 1 % (sauf le lait). La taxe laitière reste fixée à 0,5 %. Elle devrait passer à 1,5 % le 1er avril 1980 pour les producteurs dont l'augmentation des livraisons dépasse 2 %.

En 1978, la CEE importe 6 millions de t de manioc contre 3,8 en 1977 et 700 000 t dix ans auparavant. Provenant de Thaïlande, il est surtout acheté par les Pays-Bas et la RFA. La France multiplie ses importations par trois avec 700 000 t. N'acquittant que 6 % de droits de douane, ce produit se substitue progressivement aux céréales (moitié prix du maïs) qu'il faut exporter à perte sur le marché mondial.

Le manioc provoque des distorsions de concurrence, les pays septentrionaux développant leurs élevages de porcs et de volailles. En France, les industriels de l'alimentation animale se heurtent aux céréaliers, qui menacent de se lancer dans l'élevage, et ces derniers aux éleveurs. Pauvre en protéines, le manioc oblige à des importations de soja des États-Unis et du Brésil, payables en dollars.

Le commissaire européen pour l'agriculture obtient du gouvernement thaïlandais qu'il réduise les exportations de ce produit et les taxe. Il doit être déconsolidé au GATT. En contrepartie, la Communauté accordera à la Thaïlande une aide financière de 4 millions de F pour développer la culture d'une légumineuse.

Les industries agricoles et alimentaires

Le gouvernement accentue sa politique privilégiant le secteur agro-alimentaire. Un comité interministériel réforme les aides financières consenties aux industries. La prime d'orientation devient cumulable avec d'autres et se simplifie. Unique objectif : accroître la compétitivité des entreprises vis-à-vis de la concurrence étrangère. Les prix des produits alimentaires sont progressivement libérés de mai à août 1978.

Le groupe interministériel de politique alimentaire créé en mars 1978 est installé en juillet. Il doit coordonner les actions des administrations concernées par la filière agro-alimentaire et s'élargir à la dimension du dialogue nord-sud. Le ministère de l'Agriculture signe des conventions de développement avec une vingtaine d'entreprises. Objectif : accroître le volume des exportations.

À l'occasion du 8e Salon international de l'alimentation (SIAL) qui se tient en novembre à la Porte de Versailles, le ministre de l'Agriculture rappelle les grands axes de sa politique alimentaire. La puissance de l'industrie doit reposer sur une compétitivité réelle, qui implique la maîtrise des technologies de production et de transformation et la maîtrise des techniques de vente. Le ministre révèle que les effectifs de ce secteur ont progressé de 1 % par an au cours des deux dernières années. Ils représentent, pour l'ensemble de la filière agriculture-industries alimentaires, près de 30 % des actifs du pays.