L'élargissement de la Communauté suscite toujours discours politiques et manifestations. En juillet 1978, le président de la République charge le Premier ministre de préparer un plan décennal de développement du grand Sud-Ouest (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées, Aquitaine). Il s'agit, pour l'agriculture, d'accélérer le renforcement des structures de production et de commercialisation ainsi que le développement des activités rurales. La France doit obtenir de ses partenaires une amélioration de la réglementation applicable aux productions méditerranéennes. Elle doit, également, veiller à ce que la négociation avec les pays candidats ménage les précautions, transitions et sauvegardes nécessaires à une adhésion satisfaisante et honorable.

Jean-François Breton, directeur de la SOPEXA, est nommé, en septembre, chargé de mission pour les productions agricoles méditerranéennes afin de les préparer à l'élargissement.

Commerce extérieur

L'année 1978 se solde, pour le secteur agro-alimentaire, par un excédent de 1,1 milliard de F. Les exportations s'élèvent à 55,4 milliards (46,7 en 77) et les importations à 54,3 (50,5 en 77). Les pays de la Communauté absorbent 66,3 % de nos ventes, alors qu'ils nous fournissent 46,5 % de nos achats.

Le centre français du commerce extérieur explique que l'évolution positive de la balance extérieure est due, malgré les distorsions monétaires, à une baisse du déficit provoqué par les importations de café et de légumes et au fort excédent en céréales. Si le poste boissons voit son solde positif passer à 8,3 milliards (6,3 en 77), en revanche celui des produits de seconde transformation reste déficitaire de 800 millions. Les résultats des quatre premiers mois 1979 sont bons, puisque le solde excédentaire atteint 2,2 milliards.

L'Europe verte

L'actualité européenne est dominée par trois grands problèmes : les attaques britanniques contre la politique agricole commune, les montants compensatoires monétaires et les importations de manioc.

La Commission des communautés européennes fait part au Conseil européen qui se tient à Brême les 6 et 7 juillet 1978 de ses réflexions sur le développement futur de cette politique « en vue de réduire les excédents et d'aboutir ainsi à un meilleur équilibre des dépenses dans le budget de la Communauté ».

Sans complaisance, ce document reconnaît que l'application de la politique agricole commune s'est heurtée à de sérieuses difficultés : aggravation du déséquilibre de certains marchés (lait, sucre notamment), persistance de déséquilibres considérables entre les différents revenus, désorganisation du marché commun agricole du fait des perturbations monétaires.

Le texte souligne le caractère limité des nouveaux débouchés mondiaux ainsi que l'impossibilité de dégager les excédents en augmentant les exportations. Or, les dépenses agricoles représentent, avec près de 9 milliards d'unités de compte (54 milliards de F), 70 % du budget de la Communauté. C'est la raison pour laquelle la Commission propose le gel général des prix pour la campagne 1979-1980. Pour le lait, elle propose que tout accroissement de la production entraîne, automatiquement, soit une réduction du prix d'intervention, soit un relèvement de la taxe de coresponsabilité. La politique des structures doit être renforcée et mieux adaptée aux besoins régionaux.

La Commission propose en décembre au conseil des ministres de geler les prix des produits excédentaires et d'augmenter très modestement les autres (0,3 %). La France annonce qu'elle va soutenir cette thèse, puis, quelques semaines plus tard, elle s'y oppose.

Paris bloque l'entrée en vigueur du SME, prévue pour le 1er janvier, afin d'obtenir un démantèlement des montants compensatoires monétaires (MCM) positifs futurs. Le compromis, sous forme de gentlemen agreement l auquel ne participent pas les Britanniques qui veulent obtenir un gel des prix, intervient le 5 mars 1979 après de nombreuses et laborieuses négociations à tous les niveaux.

Les MCM qui, malgré le SME, apparaîtront à la suite de la réévaluation d'une monnaie seront réduits en deux étapes, prenant respectivement effet au début de la première et de la deuxième campagne suivant la décision relative aux prix agricoles intervenant après l'instauration de ces montants. Mais ces décisions ne doivent conduire ni à une baisse ni à une hausse des prix en monnaie nationale. Les Neuf décident d'appliquer une franchise de 1 point aux MCM des États qui réévalueraient leur monnaie. Le panier de monnaies donnant à l'ECU une valeur moyenne plus faible que l'unité de compte défunte, celle-ci est remplacée par l'ECU vert qui est adapté grâce à un coefficient de 1,2.

Déséquilibres croissants

Le Conseil européen qui se tient à Paris en mars réaffirme son attachement aux objectifs de la politique agricole commune. Mais, constatant les déséquilibres croissants sur les marchés agricoles qui entraînent un accroissement des dépenses de soutien, il estime qu'une politique prudente des prix et la recherche de mesures adaptées à chaque production excédentaire sont nécessaires.