Des stages de formation, pour une durée de 6 mois, dans les entreprises ou l'administration sont proposés aux jeunes de moins de 25 ans qui n'ont pas encore travaillé. Les charges qu'entraîne pour le budget de l'État le paiement de ces dizaines de milliers de chômeurs se comptent par milliards.

Un sondage révèle que 90 % des Belges souhaitent un contrôle sévère des abus en matière de perception des allocations de chômage et que 65 % trouveraient normal que l'on renvoie dans leur pays d'origine les étrangers sans travail.

Front commun

Le syndicat socialiste et le syndicat chrétien, réunis dans un front commun, proposent, pour résorber en partie le chômage, l'abaissement généralisé du temps de travail. La généralisation de la semaine de 36 heures, disent-ils, libérerait des postes qui pourraient être occupés par des chômeurs. Le patronat, au cours des négociations, est d'autant moins d'accord que, dans l'esprit des syndicalistes, cet abaissement du temps de travail se fait sans abaissement des salaires, et le patronat propose de recourir au travail à mi-temps.

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) fait état d'une enquête du secteur des fabrications métalliques (Fabrimétal) qui constate que, « si, sur 3 millions de postes de travail existant actuellement en Belgique, 6 % étaient installés à mi-temps, près de 100 000 emplois nouveaux seraient réellement créés ».

Le patronat appuie sa thèse sur un sondage de l'INUSOP (Institut universitaire de sondage d'opinion publique) selon lequel 25 % des travailleurs et 44 % des chômeurs seraient favorables au travail à mi-temps.

Soutenu par Guy Spitaels, L. Tindemans émet publiquement des réserves sur la proposition syndicale.

Grèves

Les syndicats, qui s'étaient, durant des mois, mobilisés pour la semaine de 36 heures, engagent la bataille. Grèves dans le secteur pétrolier, dans les grands magasins, à la Fabrique nationale d'armes à Herstal, chez Volvo, à Caterpillar, chez Solvay, dans la sidérurgie, dans le secteur des papeteries et des arts graphiques, etc. Ils arrivent à obtenir, ici et là, la promesse d'une diminution progressive du temps de travail.

Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ne voient pas d'un bon œil la revendication syndicale gagner ainsi du terrain : elles craignent l'effet de contagion. En faveur des PME (dont on reconnaît, depuis la crise, la grande utilité économique), Antoine Humblet, ministre de l'Agriculture et des Classes moyennes, met, lui aussi, au point un plan.

Le plan Humblet, qui contient des dispositions permettant aux patrons de mettre plus facilement fin à un contrat d'emploi sous prétexte de sauver des entreprises en difficulté, est immédiatement combattu par les syndicats. Le ministre obtient cependant l'accès des PME aux marchés publics, quelques facilités fiscales et l'extension des services rendus par l'Institut économique et social des classes moyennes.

Déficit

Ce contexte social difficile, sur fond de crise économique grave, a des conséquences budgétaires catastrophiques. Le gouvernement doit faire face à toutes les dépenses sociales (instituées petit à petit par des législateurs aussi généreux qu'imprévoyants), à la charge énorme du chômage, en même temps qu'il voit diminuer les rentrées fiscales et celles des cotisations sociales.

Le déficit budgétaire s'élève à quelque 100 milliards de F belges. La charge fiscale a atteint le maximum supportable, et le gouvernement s'est engagé à ne pas lever d'impôts supplémentaires. Un seul remède s'impose donc : faire des économies.

Dans la Fonction publique, l'éventail des économies est pratiquement fermé. Si on peut rogner sur des achats de matériel, on ne peut espérer diminuer les revenus des agents de l'État ! Il reste aussi à faire des économies dans les services rendus au public, dans le domaine social en tout premier lieu. À Mark Eyskens, secrétaire d'État au Budget et à l'Économie régionale flamande, revient le périlleux honneur de présenter un plan d'assainissement.

Plan anti-crise

Le jeune secrétaire d'État se montre intraitable avec ses collègues du gouvernement. Aucun ministre n'est prêt à admettre qu'on diminue son budget. Dès lors, M. Eyskens met ses collègues devant ce choix : ou accepter une diminution sélective des dépenses ou amputer tous les budgets uniformément de 2 % ! Au mois d'avril, la presse publie les grandes lignes du plan Eyskens.