La production des cultures vivrières baisse, et, du coup, les prix des denrées alimentaires augmentent dans une conjoncture inflationniste renforcée par l'afflux des cafédollars (35 % en 1977). La baisse effective du pouvoir d'achat, le chômage important (20 % de la population active) que l'émigration ne peut éponger, la détérioration des conditions de vie provoquent un développement de la criminalité et de la violence.

La situation ne cesse de se détériorer. Le gouvernement n'accorde que 20 % d'augmentation sur les 50 % demandés. Le bilan de la grève générale du 14 septembre est lourd : une centaine de morts, 5 000 arrestations. Onze ministres sur 13 — dont le ministre de l'Intérieur — démissionnent le 27 septembre. L'autorité du président Lopez Michelsen est ébranlée ; son élection en 1974 (Journal de l'année 1973-74) s'était faite pourtant sur un séduisant programme de réformes sociales.

Élections

La dégradation politique s'aggrave ; le 1er décembre 1977, le Parlement approuve la création d'une Assemblée constituante, également composée de libéraux et de conservateurs et dont la session, d'un an, doit commencer le 15 juillet 1978, mais la décision est adoptée selon une procédure dont la régularité est contestée. Le président de la Chambre des représentants, l'un des leaders du parti libéral, est accusé de malversations et placé en détention préventive le 23 janvier 1978. De son côté, l'armée semble très impatiente d'intervenir dans la vie politique ; elle parvient à obtenir le vote d'un décret de nature à faciliter une action antiterroriste.

C'est dans ce climat tendu que se déroulent les élections législatives du 26 février 1978 (il a été décidé que les élections présidentielles n'auraient plus lieu le même jour). Pour la première fois depuis vingt ans, libéraux et conservateurs se présentent séparément. Les premiers sont divisés au point d'avoir retenu deux candidats à la présidence, Carlos Lleras Restrepo, ancien président de la République, qui a l'appui des milieux d'affaires (oligarchie foncière, exportateurs de café, industriels) et Julio Cesar Turbay, porte-parole d'une bourgeoisie moins traditionnelle, qu'on dit parfois compromise dans des trafics de drogue ou de pierres précieuses. Les conservateurs n'ont qu'un seul candidat : Belisario Betancour, mais ils sont également désunis. L'ANAPO est très affaibli par rapport à 1970 et les partis de gauche peu influents.

Les élections sont marquées par des abstentions records : un électeur sur trois se rend aux urnes. La démobilisation de l'électorat habitué à élire simultanément le président et les députés explique en partie cette abstention, mais elle traduit surtout une crise profonde du régime.

Au terme d'une campagne jugée très démagogique au regard de l'acuité des problèmes à résoudre, les libéraux l'emportent assez largement sur les conservateurs. Chez les libéraux, les partisans de J. C. Turbay Ayala obtiennent pratiquement deux fois plus de voix que les partisans de Restrepo.

Divorce

Et, selon les engagements pris par le parti libéral (favoriser aux élections présidentielles le candidat dont les partisans auront obtenu le meilleur score aux législatives), Julio Cesar Turbay Ayala est élu, non sans contestation des conservateurs, à la présidence le 4 juin 1978, par 15 % des électeurs (même taux d'abstentions qu'aux élections du 26 février).

Dans un pays où le fossé se creuse entre conservateurs et libéraux, qui traditionnellement se partageaient les responsabilités du pouvoir, et où le divorce entre la classe politique et le pays réel s'accentue, la tâche du nouvel élu s'annonce difficile.

Costa Rica

San José. 2 020 000. 39. 2,6 %.
Économie. PIB (75) : 978. Production (75) : G 136 + A 195 + I (73) *130. Énerg. (*75) : 544. CE. (75) : 24 %.
Transports. (74) : 81 M pass./km, 14 Mt/km. (74) : 55 100 + 37 200. (75) : 279 M pass./km.
Information. (74) : 6 quotidiens ; tirage global : 186 000. (74) : *142 000. (74) : *150 000. (75) : 112 000.
Santé. (74) : 1 213. Mté inf. (74) : 38.
Éducation. Prim. (72) : 365 465. Sec. et techn. (72) : 77 828. Sup. (74) : 32 928.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1871. Président et chef de l'exécutif : Rodrigo Carazo Odio, élu le 5 février 1978 ; succède à David Oduber Quirös.

Changement politique

Rodrigo Carazo, leader d'une coalition de partis de droite, est élu président de la République le 5 février 1978, battant Luis Alberto Monge dont le parti, au pouvoir depuis huit ans, domine la vie politique depuis une trentaine d'années. Le nouveau président a reproché à l'équipe sortante d'avoir manqué de fermeté vis-à-vis des communistes et des pays de l'Est, d'avoir également créé une bureaucratie envahissante et un « État paternaliste où les gens attendent tout de l'État ». Partisan d'une modernisation des forces de police là où il n'existe plus d'armée, champion de la libre entreprise là où les banques sont nationalisées depuis longtemps, le nouveau président pourrait remettre assez profondément en cause l'orientation politique et sociale du pays.

Cuba

La Havane. 9 460 000. 85.
Économie. Production (75) : A 125. Énerg. (*75) : 1 157.
Transports. (*75) : 695 M pass./km, 1 825 Mt/km. (73) : *70 000 + *30 000.  : 604 000 tjt. (75) : 264 M pass./km.
Information. (74) : 14 quotidiens. (74) : *1 805 000. (74) : *595 000. (72) : 294 300 fauteuils ; fréquentation : 124,3 M. (74) : 289 000.
Santé. Mté inf. (73) : 29.
Éducation. (74). Prim. : 1 923 290. Sec. et techn. : 453 193. Sup. : 68 504.
Institutions. République démocratique socialiste, proclamée le 1er mai 1961. Constitution du 24 février 1976. Président : Fidel Castro (élu par la nouvelle Assemblée nationale le 2 décembre 1976, il succède à Osvaldo Dorticos Torrado). Premier ministre et premier secrétaire du parti : Fidel Castro.

Interventions

Des indications d'une normalisation des relations entre les États-Unis et Cuba existent : installation d'une représentation américaine à l'ambassade de Suisse à La Havane (1er sept. 1977) ; organisation d'une table ronde d'hommes d'affaires, en majorité américains (nov.) ; signature d'un accord sur la frontière maritime dans le détroit de Floride (19 déc). Mais les progrès enregistrés — qui auraient pour Cuba des avantages économiques et technologiques — sont en partie gelés par la politique du gouvernement cubain dans le tiers monde, et en Afrique notamment. Plusieurs chefs d'État se rendent en visite à La Havane : Samora Machel, président du Mozambique, s'entretient le 10 octobre 1977 avec Fidel Castro, qui reçoit le 23 avril 1978 Menguistu Haïlé Mariam, chef de l'État éthiopien. F. Castro se rend à la Jamaïque du 16 au 20 octobre 1977 en visite officielle. Qualifiée de non alignée, la politique du chef d'État cubain demeure néanmoins solidement liée à Moscou. L'intervention directe en Érythrée en avril 1978 et dans la guerre du Shaba en mai conforte la position des États-Unis, qui imposent toujours leur blocus commercial.