Le marché intérieur ne s'est pas étendu, et les conditions de vie se sont détériorées du fait de l'inflation. Des efforts sont faits sur le plan agricole, avec l'implantation, à partir de février 1978, de groupes de réfugiés blancs d'Afrique du Sud et de Rhodésie dans la partie orientale du pays. Cette politique de peuplement, non exempte d'arrière-pensées politiques, suscite des critiques. Le secteur industriel, en revanche, est quelque peu sacrifié par le gouvernement, qui s'attire ainsi l'hostilité de la bourgeoisie d'affaires, seule catégorie sociale susceptible de le soutenir.

L'amélioration de l'image de marque bolivienne à l'étranger fait également partie des objectifs du pouvoir. C'est un moyen de se concilier les États-Unis au moment où soucieux de remporter une victoire de prestige le gouvernement voudrait faire aboutir la revendication presque centenaire (1879) de l'accès à la mer. Les pourparlers amorcés avec le Chili (mais bloqués par le Pérou en 1976) sont au point mort.

La Bolivie, avec l'idée de forcer peut-être la main du Chili, en conflit avec l'Argentine, rompt ses relations diplomatiques avec Santiago le 17 mars 1978.

Oppositions

L'annonce des élections apparaît comme une réplique à la montée des oppositions ; elle constitue l'une de ces démonstrations spectaculaires dont les gouvernements en difficulté ont besoin. L'opinion, elle, qui craint par ce biais une consolidation de la dictature, se mobilise.

Une grève de la faim, organisée par quelques femmes d'exilés politiques, le 28 décembre 1977, prend rapidement des proportions alarmantes. Les grévistes réclament une amnistie générale dans ce pays où 15 000 militants de gauche ont été arrêtés en 6 ans (rapport de l'Assemblée permanente des droits de l'homme) afin que tous puissent participer à la consultation électorale.

Le gouvernement, qui n'a accordé le 22 décembre qu'une amnistie partielle, réagit maladroitement. Son inflexibilité (de nombreux grévistes sont arrêtés) durcit les revendications populaires. L'ambiguïté de son attitude à l'égard de l'archevêque de Sucre, qui s'est offert comme médiateur, lui attire l'hostilité de l'Église qui, de plus en plus, prend fait et cause pour les grévistes.

Amnistie

L'annonce, le 6 janvier 1978, de la candidature officielle à la présidence du général Pereda Asbun (son récent passage au ministère de l'Intérieur n'a guère contribué à le rendre populaire) ne fait que renforcer la grève qui gagne toutes les grandes villes. L'ancien président Salinas participe à la contestation.

Finalement, après avoir fait procéder à des arrestations dans les églises, déchaînant ainsi l'indignation, après la démission de deux de ses conseillers réputés libéraux, le gouvernement doit céder. Il accorde (18 janvier) l'amnistie générale de tous les prisonniers, exilés et fugitifs pour motifs politiques ou syndicaux.

Le 25 janvier, la Confédération des travailleurs (interdite depuis novembre 1974) est reconstituée. Le dirigeant du Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNA), Victor Paz Estenssore, rentre le 8 mai 1978, bientôt imité par le vieux leader syndicaliste, Juan Lechin.

L'Église, qui se démarque du régime en place, demande des élections « véritablement démocratiques, libres et propres » (déclaration du Comité épiscopal, 29 janvier).

Le retour des anciens leaders politiques n'est pas sans menacer le candidat officiel à la présidence et, six semaines avant les élections (23 mai), le Gal Banzer menace d'interrompre la campagne électorale en cas de désordre.

Brésil

Brasilia. 109 180 000. 13. 3 %.
Économie. PIB (73) : 774. Production : G (73) 137 + A (75) 148 + I (75) 164. Énerg. (*75) : 670. C. E. (73) : 8 %.
Transports. (74) : 10 649 M pass./km, 55 220 Mt/km. (74) : *3 679 300 + *1 001 900.  : 3 096 000 tjb. (75) : 4 503 M pass./km.
Information. (73) : 280 quotidiens ; tirage global : 4 050 000. (74) : *6 275 000. (74) : *8 650 000. (71) : 1 883 200 fauteuils ; fréquentation : 195,4 M. (75) : 3 371 000.
Santé. (72) : 48 726.
Éducation. Prim. (72) : 14 082 098. Sec. et techn. (73) : 1 476 288. Sup. (74) : 954 674.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général Ernesto Geisel, élu le 15 janvier 1974 ; succède au président Garrastazu Medici.

Deux échéances politiques : les présidentielles et les législatives

Déjà très affecté par les réformes de l'organisation judiciaire et du droit électoral imposées par le gouvernement (Journal de l'année 1976-77), le climat politique se durcit. Le Mouvement démocrate brésilien (MDB), seul parti d'opposition, ne ménage pas ses critiques, et les ripostes sont immédiates : Alencar Furtado, chef parlementaire du MDB, est privé de son mandat de député le 30 juin 1977, et l'accès de la radio et de la télévision demeure interdit à l'opposition (Journal de l'année 1976-77). Ces coups de semonce n'atténuent pas la virulence d'une opposition qui, bien au contraire, ne fait que se renforcer à l'approche des élections présidentielles (15 octobre) et des législatives (15 novembre 1978).

Mécontentement

Le MDB, réuni en congrès extraordinaire le 14 septembre 1977, réclame, à l'unanimité de ses 350 délégués, la convocation d'une Assemblée constituante. Il lance dans les semaines qui suivent une campagne dénonçant le chaos institutionnel et l'absence de légitimité du pouvoir politique. Renouvelant leurs positions antérieures, les 250 évêques brésiliens lancent un nouvel appel, le 26 août 1977, pour le retour à la démocratie.