Au lendemain de la consultation, le général Pinochet n'hésite pas, en tout cas, à parler de « désaveu pour l'ONU » et laisse entendre qu'il ne laissera de nouveau entrer une commission d'enquête des Nations unies au Chili que « lorsque les règles du jeu auront changé ».

À partir du mois de mars, cependant, le processus de libéralisation du pays s'accélère : le 11, l'état de siège, en vigueur depuis le 11 septembre 1973, est levé. Le 19 avril, une amnistie est décidée en faveur de tous les Chiliens, y compris des dirigeants socialistes et d'anciens officiers, condamnés à des peines de prison par les tribunaux militaires. Des exilés reçoivent l'autorisation de rentrer au pays. Le couvre-feu, qui était imposé depuis le putsch, est levé à son tour. Un nouveau cabinet est formé le 14 avril par le ministre de l'Intérieur, Sergio Fernandez, et les civils y sont plus nombreux que les militaires.

Économie

Les résultats de la lutte engagée contre l'hyperinflation sont relativement satisfaisants : après avoir atteint 1 000 % en 1973, 340 % en 1975 et 174 % en 1976, le taux de dépréciation de la monnaie s'est maintenu à 60 % en 1977. Mais l'indice officiel du chômage dépasse 12 %, et le niveau de vie des ouvriers et des employés n'est toujours pas revenu à son niveau d'avant 1970.

Les relations entre le Chili et l'Argentine se dégradent sérieusement, en décembre, à propos de trois îles situées à l'embouchure du canal de Beagle, à l'extrême sud du continent, sur lesquelles chacun des deux pays entend assurer sa souveraineté.

Cependant, une rencontre Pinochet-Videla, le 19 janvier 1978, à Mendoza (Argentine), permet de débloquer la situation. Le 20 février, les deux hommes d'État se retrouvent à Puerto Montt, au Chili, et signent un accord prévoyant l'ouverture, dans un délai de sept mois, de négociations directes, sans arbitrage international, sur ce différend territorial.

Le 17 mars enfin, une autre querelle éclate avec un pays voisin : La Paz décide de rompre ses relations diplomatiques avec Santiago, sous le prétexte que le Chili est revenu sur ses engagements relatifs à la négociation sur la restitution à la Bolivie de son accès à la mer.

Colombie

Bogota. 24 370 000. 21. 2,8 %.
Économie. PIB (75) : 577. Production (75) : G 135 + A 148 + I (74) 133. Énerg. (*75) : 671. C. E. (75) : 11 %.
Transports. (*75) : 523 M pass./km, 1 139 Mt/km. (73) : 326 900 + 107 000.  : 212 000 tjb. (75) : 1 384 M pass./km.
Information. (74) : 36 quotidiens ; tirage global : 1 449 000. (74) : *2 805 000. (72) : *971 000. (73) fréquentation : 163,6 M. (75) : 1 280 000.
Santé. (73) : 10 625. Mté inf. (72) : 53.
Éducation. (74). Prim. : 3 791 543. Sec. et techn. : 1 284 347. Sup. : 148 613.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Julio Cesar Turbay Ayala, élu le 4 juin 1978 ; succède à Alfonso Lopez Michelsen.

Le nouveau chef d'État J. C. Turbay affronte une situation périlleuse

Automne chaud en Colombie ; les 4 000 employés du principal complexe pétrolier du pays, Barrancabermeja, font grève pendant plus de deux mois (24 août-31 octobre 1977). Le mouvement se déroule malgré les arrestations et les licenciements qui se multiplient. À l'appel des quatre centrales syndicales unies pour la première fois, une grève générale paralyse la totalité du pays, le 14 septembre. Deux mois plus tard, le 18 novembre, d'imposantes manifestations (40 000 personnes dans les rues de Bogota) ont lieu dans les principales villes. La population réclame la levée de l'état de siège en vigueur depuis 1975 et une hausse de 50 % des salaires.

Vague de fond

Explosions qui peuvent étonner dans un pays où l'économie est florissante, les possibilités de développement considérables et où le café, principale ressource, rapporte cinq fois plus qu'en 1972. Mais cette espèce de vague de fond est explicable ; le développement colombien, essentiellement axé sur les secteurs agricoles et industriels de pointe, favorise surtout les grands propriétaires fonciers et la bourgeoisie citadine. Le monde paysan traditionnel est désarmé face aux grandes exploitations modernes qui se développent et en même temps provoquent un chômage grandissant.