De nombreux Québécois, persuadés que leurs intérêts ne sont plus représentés à Ottawa, assistent à l'érosion finale du French Power.

Économie

C'est un pays dans un piètre état économique que représente le Premier ministre du Canada aux deux sommets des sept pays riches, à Porto Rico le 27 juin 1976, et à Londres le 9 mai 1977, n'ayant pas participé à celui de Rambouillet, en novembre 1975, en raison de l'opposition de la France. Si la première réunion ne constitue pour lui qu'un tour d'horizon de la crise économique mondiale, la deuxième, en Angleterre, le satisfait au contraire manifestement, puisqu'elle ouvre la voie au dialogue Nord-Sud. Malgré son optimisme, et pensant sans doute à la situation intérieure canadienne, P. E. Trudeau appréhende une remontée du fascisme dans les pays où le problème du chômage est aigu.

Un an après le blocage des prix et des salaires, le gouvernement fédéral n'atteint pas complètement son objectif de ramener l'inflation à 6 %. Il s'en approche toutefois considérablement, à la fin de 1976, alors que la hausse du coût de la vie marque 7,5 %, soit une amélioration de 4 % sur l'année précédente. Mais les travailleurs estiment toujours qu'ils en font les frais. Et, le 14 octobre, 2 millions de syndiqués, membres du Congrès du travail du Canada (CTC), déclenchent la première grève générale de l'histoire canadienne, pour manifester, durant une journée, contre la politique du gouvernement Trudeau.

Au moment où les hommes politiques, les chefs syndicaux et les patrons cherchent un consensus en vue de la période de l'après-contrôle, une autre menace se fait jour : le chômage, qui s'élève à 9,1 % en mars, le plus fort taux jamais enregistré depuis quarante ans. Un million de chômeurs cherchent vainement du travail, le nombre d'emplois disponibles n'étant que de 112 000, soit 140 000 de moins que prévu. À Ottawa, aucune politique n'est envisagé pour redresser la conjoncture ; le gouvernement perçoit une reprise économique aux États-Unis et compte sur ses retombées, au Canada, pour relancer l'économie.

Enfin, à ce tableau s'ajoute la chute vertigineuse du dollar canadien. En mars, il franchit le seuil des 95 cents USA, le plus bas niveau depuis sept ans. Trois raisons expliquent cette dégringolade :
– le Canada vit au-dessus de ses moyens et à crédit ;
– les rumeurs accréditées d'une baisse du taux d'escompte de la Banque du Canada ;
– l'instabilité politique engendrée par l'élection du Parti québécois.

Olympiades

Le 17 juillet, 8 000 athlètes du monde entier participent à Montréal à la XXIe Olympiade, inaugurée (dans un stade inachevé) par la reine Élisabeth II d'Angleterre et du Canada, devant 70 000 spectateurs et 1 milliard de téléspectateurs. Durant quinze jours, la politique prend souvent le pas sur le sport et les records olympiques.

Québec

Dans le tableau des élections législatives du 15 novembre 1976, les partis politiques sont classés de la gauche vers la droite. Tous les partis ont été retenus, même ceux qui n'ont qu'une faible audience auprès de l'électorat, afin de mieux situer les grandes formations politiques : Parti québécois (PQ), Parti libéral du Québec (PLQ), Union nationale (UN) et Crédit social (CS).

Gauche

Trois partis : le Parti communiste du Québec (PCQ), le Parti des travailleurs du Québec (PTQ) et la coalition NPD-RMS (Nouveau parti démocratique et Regroupement des militants syndicaux). De ces trois formations, seul le PCQ a une longue tradition politique au Québec. Fédéraliste (le PCQ est une branche du PC canadien) et coupé des couches populaires, il est presque absent de la vie politique québécoise, du moins au niveau électoral. Des ressources insuffisantes le contraignent à ne présenter qu'une douzaine de candidats lors des élections législatives, d'où le faible pourcentage des suffrages qu'il obtient à chaque scrutin général.

Le PTQ et la coalition NPD-RMS sont des partis socialistes créés, à l'exception du NPD, à la veille des élections du 15 novembre, pour combler le vide politique entre les sociaux-démocrates et les communistes. Sans position constitutionnelle précise, ils s'adressent avant tout aux travailleurs (40 % sont syndiqués au Québec), mais sans l'appui des centrales syndicales, qui songent sérieusement à lancer un parti travailliste.

Centre gauche

Le Parti québécois (PQ), sorti vainqueur du scrutin, et l'Alliance démocratique (AD) sont des partis sociaux-démocrates, situés entre les libéraux et les socialistes. Leurs orientations politiques sont progressives et quasi identiques, excepté sur l'avenir constitutionnel du Québec. Le PQ, essentiellement québécois français, prône la souveraineté politique du Québec ; l'AD, fondée par des anglophones quelques semaines avant les élections générales, préconise le maintien du fédéralisme, renouvelé ou dans sa forme actuelle.