C'est dans ce climat que le général Carlos Bobbio Centurion, commandant l'École d'intervention militaire de Chorillos et connu pour ses opinions de droite (il a été mis à la retraite d'office), tente de soulever ses troupes. Mais il ne semble recevoir aucun concours d'autres éléments de l'armée et il échoue. Le 16 juillet, le général Fernandez Maldonado, chef du gouvernement et chef d'état-major de l'armée de terre, est lui-même écarté du pouvoir, sous la pression des militaires conservateurs et des milieux d'affaires. Il est remplacé par le général Guillermo Arbulu.

Dès lors, les mesures de « remise en ordre » se succèdent : interdiction des grèves, dénationalisation partielle de la pêche industrielle (une des principales ressources péruviennes), octroi de permis de recherches à des compagnies pétrolières étrangères, suppression de la cogestion dans les entreprises et limitation de la participation ouvrière, mesures d'encouragement au secteur privé. La contraception est interdite à partir du 1er janvier 1977.

Les arrestations restent limitées, mais certains officiers supérieurs, qui avaient participé à la création d'un parti socialiste révolutionnaire à l'automne, sont expulsés.

L'annonce d'un plan économique d'urgence provoque une hausse des prix et entraîne des désordres dans plusieurs villes du Sud dans la dernière semaine du mois de juin.

Armes soviétiques

À l'extérieur, la junte entend désormais « reporter un regard sur l'Amérique du Sud », même si les régimes qui l'entourent sont loin d'être progressistes.

Le chef de l'État, le général Morales Bermudez, rencontre en novembre 1976 le président du Brésil, le général Geisel ; il se rend aux Venezuela et en Colombie. Mais une certaine tension, en revanche, éclate avec le Chili à propos du statut du corridor d'accès à la mer que celui-ci envisage d'accorder à la Bolivie.

Après de longues hésitations entre le Mirage français, le Tiger Northrop américain et le Kfir israélien, le Pérou décide d'acheter des avions de combat à l'URSS : 36 Sukhoi 22, qui lui sont vendus à des conditions très avantageuses par les Soviétiques, qui signent ainsi leur premier contrat d'armes en Amérique latine, exception faite de Cuba.

Salvador

San Salvador. 4 010 000. 187. 3,2 %.
Économie. PIB (74) : 396. Production : G(73) 115 + I(74) 113. Énerg. (*74) : 242. C.E. (74) : 30 %.
Transports. (*74) : 40 000 + 20 000.
Information. (73) : 13 quotidiens ; tirage global : *348 000. (71) : *350 000. (73) : *110 000. (71) : *57 000 fauteuils ; fréquentation : *19,4 M. (74) : 50 000.
Santé. (73) : 950. Mté inf. (73) : 59,1.
Éducation. Prim. (72) : 618 428. Sec. et techn. (72) : 618 428. Sup. (73) : 20 034.
Institutions. Indépendant depuis 1841. République présidentielle. Constitution de 1962. Président et chef de l'exécutif : général Carlos Humberto Romero Mena, élu le 20 février 1977 ; succède au colonel Arturo Armando Molina.

Réforme agraire

La vie politique est marquée, à la fin de 1976, par des discussions houleuses sur les premières applications de la loi de réforme agraire votée en 1975. Jugée trop timide pour les paysans, cette réforme paraît trop audacieuse aux possédants, qui tentent d'en faire limiter la portée, par l'intermédiaire de la puissante Union comunal salvadorena, aux terres non cultivées. Le succès de leur démarche, le souvenir d'élections contestées en 1972 situent la consultation électorale du 20 février 1977 dans un climat difficile.

Le général Carlos Humberto Romero Mena, présenté par le Parti de la conciliation nationale (PCN), au pouvoir depuis quinze ans, se proclame vainqueur au terme d'un scrutin que la coalition d'union nationale, constituée en opposition, et son candidat, le colonel Claramount, qualifient de frauduleux.

État de siège

D'importantes manifestations de protestation donnent lieu à des affrontements sanglants (28 février) ; l'état de siège est proclamé. Depuis, les incidents se multiplient, et non des moindres puisque le ministre des Affaires étrangères, enlevé le 19 avril par une organisation d'extrême gauche, le Front populaire de libération, est assassiné. Des missionnaires, accusés de prendre la défense des paysans, sont expulsés. L'état de siège est prolongé. L'Église, favorable aux syndicats de paysans, est violemment prise à partie par l'oligarchie terrienne et l'armée. Plusieurs prêtres sont assassinés.