Le même jour, les autorités de Santiago font état de deux documents qui prouvent, selon elles, que la démocratie chrétienne entendait constituer une force politique capable de renverser le gouvernement militaire. L'un des deux textes aurait été élaboré par Andres Zaldivar, ancien ministre des Finances sous la présidence de Frei. Il préconise une alliance de tous les groupes et mouvements aspirant à la démocratisation du pays. La droite « fasciste et néo-fasciste », les groupes révolutionnaires de gauche, tel le MIR, partisans d'une solution armée, et le parti communiste sont exclus de ce projet.

Le second document, attribué à l'ancien parlementaire Tomas Reyes, estime que « la promesse initialement formulée par la junte de restaurer les institutions s'est transformée en dictature de plus en plus individualisée » et indique que « la démocratie chrétienne doit s'implanter dans toutes les classes de la société » et « travailler pour réunir les forces civiles et militaires du pays ».

Quant à la lutte engagée contre les militants de gauche, elle demeure implacable. En novembre, cependant, le gouvernement annonce la libération de plus de 300 détenus politiques (dont bon nombre seront expulsés) et affirme qu'il ne reste plus dans les prisons chiliennes de personnes arrêtées en vertu de la loi sur l'état d'urgence, à l'exception de l'ex-sénateur communiste Jorge Montes. Cette allégation est démentie par plusieurs organisations humanitaires, dont Amnesty International.

Échange

Le dirigeant du PC chilien Luis Corvalan est échangé, le 17 décembre 1976, contre le contestataire soviétique Vladimir Boukovski. L'opération qui, selon le général Pinochet, avait pour objectif « d'attirer l'attention sur la violation systématique et flagrante des droits humains dans les pays socialistes » est qualifiée de « succès sur toute la ligne » par le chef de l'État. Deux jours plus tard, ce dernier met au défi Fidel Castro de prouver que le prisonnier politique cubain Huber Matos, incarcéré en 1959, est toujours vivant et propose une nouvelle fois de l'échanger contre Jorge Montes. Aucune suite ne sera donnée à cette proposition. Cependant, Montes sera échangé, le 18 juin 1977, contre onze détenus politiques d'Allemagne de l'Est.

Pour leur part, les relations entre Santiago et Washington tendent à se refroidir. L'arrivée de Jimmy Carter, qui, lors de sa campagne électorale, a reproché à Gerald Ford d'avoir fourni une aide militaire massive au Chili sans se préoccuper de la question des droits de l'homme, inquiète la junte.

Le 9 mars 1977, à Genève, les États-Unis votent une résolution de la commission des Nations unies pour les droits de l'homme condamnant sévèrement le Chili. Le gouvernement américain désavouera cependant les déclarations du chef adjoint de la délégation des Etats-Unis, Brady Tyson, qui avait regretté le rôle joué par son pays dans le coup d'État de 1973. Tyson admettra d'ailleurs avoir « outrepassé ses instructions ». En mai, enfin, les dirigeants américains rencontrent, à Washington, Eduardo Frei et l'ancien ministre des Affaires étrangères d'Allende, Colodomiro Almeida.

Colombie

Bogota. 23 540 000. 21. 3,4 %.
Économie. PIB (73) : 439. Production (74) : G 128 + A 143 + I 133. Énerg. (*74) : 636. C.E. (73) : 11 %.
Transports. (*74) : 483 M pass./km, 1 329 M t/km. (73) : 326 900 + 107 000. : 209 000 tjb. (74) : 1 312 M pass./km.
Information. (73) : 52 quotidiens ; tirage global : *1 299 000. (73) : *2 793 000. (72) : *1 200 000. (68) : 431 400 fauteuils ; fréquentation : 92,8 M. (74) : 1 090 000.
Santé. (73) : 10 625. Mté inf. (73) : 98,4.
Éducation. Prim. (73) : 3 173 994. Sec. et techn. (72) : 911 419. Sup. (73) : 124 236.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Alfonso Lopez Michelsen, élu le 21 avril 1974 ; succède à Misael Pastrana Borrero.

Dégradation

Les symptômes de crise sont nombreux en Colombie : rétablissement (7 octobre 1976), de l'état de siège levé en juillet ; démission de 6 ministres (13 octobre) ; fermeture de l'université de Bogota (20 octobre/15 novembre), du fait d'une agitation universitaire qui se généralise ; grève de deux mois (septembre/octobre) du corps médical, qui témoigne de la dégradation du niveau de vie. Le terrorisme sous toutes ses formes (enlèvements de propriétaires terriens, séquestrations d'hommes d'affaires) connaît une recrudescence au début de 1977, et des émeutes éclatent un peu partout (février).