Sur le plan des relations entre l'État et l'Église catholique, le débat constitutionnel laisse aussi des traces.

Symboliquement le primat de Pologne prononce son sermon pascal dans une chapelle de bois provisoire. Cela pour démontrer l'insuffisance des lieux du culte dans un pays où 93 % des citoyens sont baptisés, où 70 % pratiquent régulièrement et où les vocations sont de plus en plus nombreuses. L'État néanmoins fait preuve d'une certaine bonne volonté en acceptant la nomination à l'archevêché de Wroclaw, vacant depuis dix mois, d'un candidat qu'il avait d'abord récusé.

Coopération

Quinze accords économiques sont signés avec la France lors de la visite à Paris de Piotr Jaroszwïcz. Au cours de 1975, les échanges entre les deux États ont crû de 38 % par rapport à l'année précédente. La France, qui est le 5e partenaire commercial de la Pologne, va augmenter ses achats de charbon, et la Pologne livrera 20 000 t de soufre en cinq ans contre des biens d'équipement.

La visite à Bonn du ministre des Affaires étrangères Jerzy Olszowski marque un net réchauffement dans les relations germano-polonaises. La ratification de leurs accords bilatéraux d'Helsinki a un peu rassuré la CDU sur l'émigration des citoyens polonais d'origine allemande. À Varsovie, on souhaite réduire le déficit commercial avec la RFA (environ 2 milliards de DM). La visite, en juin, d'Edward Gierek donne lieu à la signature d'accords économiques et culturels.

Cinq à six millions d'Américains d'origine polonaise sont le constant trait d'union entre les USA et une Pologne fascinée par la puissance technologique de l'Amérique. Trois ans après Nixon, Gerald Ford, sur la route d'Helsinki, s'arrête à Varsovie. Après le fructueux voyage de Gierek à Washington en 1974, on s'attend à ce que les échanges commerciaux franchissent en 1976 la barre du milliard de dollars pour doubler vers 1980. Deux millions et demi de t de céréales fourragères seront achetées aux USA pendant au moins cinq ans.

Kremlin

Cette ouverture de la Pologne vers l'Occident n'est pas sans inquiéter le Kremlin. Les crédits, même à un taux préférentiel, accordés par la France et la RFA aggravent le déficit polonais. Et les Soviétiques se demandent comment un si gros effort auprès des Occidentaux peut s'harmoniser avec la coopération avec l'URSS. Et puis cette Pologne, si imprévisible, si mouvante, renâcle devant la censure (d'inspiration soviétique selon certains), qui étouffe l'information et l'édition. Au 7e Congrès, le comportement cavalier de Brejnev à l'égard de Gierek a fait sentir aux dirigeants polonais les limites de leur indépendance.

La Pologne a trop besoin des livraisons soviétiques de matières premières pour l'oublier. Au moment de la conférence idéologique du bloc communiste à Varsovie en janvier 1976, Trybuna Ludu l'a très bien explicité : « La coexistence pacifique implique non seulement la poursuite de la lutte idéologique, mais accroît même son importance dans les relations Est-Ouest. » La recherche polonaise d'une meilleure qualité de vie ne peut se faire hors de l'obédience soviétique.

À Varsovie, on sait que la patte de Moscou s'appesantit toujours quand la cohésion d'un pays frère est ébranlée. C'est pourquoi, à la veille du Sommet des PC européens, et après 24 heures de grèves et d'émeutes (il y aurait eu des morts), provoquées par les hausses des produits alimentaires, le gouvernement préfère céder. Même si, en annulant des mesures depuis longtemps prévues et de toute façon inévitables, il s'enferme un peu plus dans l'étau économique.

Portugal

Lisbonne. 8 740 000. 96.
Économie. PNB (72) : 1 506. Production : G(72) 116 + A(73) 109 + I(73) 112. Énerg. (*73) : 898. C.E. (72) : 15 %.
Transports. (*73) : 4 106 M pass./km, 819 M t/km. (*73) : 769 500 + 213 600.  : 1 243 000 tjb. (73) : 1 679 M pass./km.
Information. (72) : 29 quotidiens ; tirage global : *745 000. (*73) : 1 505 000. (73) : 569 000. (72) : fréquentation : 25,8 M. (73) : 948 000.
Santé. (72) : 8 972. Mté inf. (73) : 44,4.
Éducation. (71). Prim. : 988 559. Sec. et techn. : 486 695. Sup. : 53 389.
Institutions. Un coup d'État militaire renverse, le 25 avril 1974, l'État corporatiste institué le 19 mars 1933. Nouvelle Constitution promulguée le 2 avril 1976 par le président Costa Gomes. Chef de l'État : général Ramalho Eanes, élu le 27 juin 1976, succède au général Francisco Da Costa Gomes. Premier ministre désigné : Mario Soarès.

Les socialistes prennent les rênes en main

L'année 1974-75 avait pu se caractériser comme celle de la révolution triomphante. L'année 1975-76 paraît être celle du reflux, illustrée par une dramatique lutte pour le pouvoir et, finalement, un vaste jeu de dupes où les vainqueurs d'hier se retrouvent évincés. La guerre civile que l'on craignait est toutefois évitée.