Le 9 septembre, on apprend avec surprise que William Craig, leader du parti Vanguard, et l'un des boutefeux (avec le pasteur Paisley) de l'extrémisme loyaliste, démissionne de la convention constitutionnelle. Selon certaines rumeurs, il serait partisan d'un accord avec les catholiques modérés du parti travailliste social-démocrate (SDLP) pour mettre sur pied un gouvernement provincial de coalition. Quelques mois plus tard, il l'annonce officiellement, et il est dénoncé comme traître par les autres membres de la coalition loyaliste.

Tandis que la convention continue à palabrer, les attentats se poursuivent : le 2 octobre, ils font 12 morts et 40 blessés. Belfast se bidonvillise à vue d'oeil ; de nombreux magasins sont incendiés, les principaux hôtels sont, peu à peu, rendus inutilisables. La situation économique se dégrade encore plus vite qu'en Angleterre, où sévit une dure récession : à la fin de novembre, 9,3 % de la population active de l'Ulster est en chômage.

On apprend avec surprise, le 27 novembre, que des membres de l'IRA provisoire et de l'Ulster défense association (UDA), la principale organisation paramilitaire protestante, se sont rencontrés aux Pays-Bas sous les auspices de religieux néerlandais. Les mauvaises langues assurent que les négociations n'ont pas porté sur la manière de rétablir la paix en Ulster, mais sur la façon la plus sûre et la plus fructueuse de partager entre les deux organisations le racket des débits de boissons et autres établissements publics qui font, depuis le début des troubles, la fortune de quelques-uns.

Fidèle à sa politique d'apaisement, Merlyn Rees met fin, le 5 décembre, à l'internement sans jugement. Désormais, plus personne ne pourra être emprisonné sans comparaître rapidement devant un tribunal Les derniers internés sont relâchés.

Un affreux attentat inaugure, le 5 janvier, l'année 1976 : 10 ouvriers protestants, qui revenaient en bus de leur travail, sont abattus à Bessbrook, dans le sud du comté d'Armagh, cette partie de l'Ulster que l'IRA a baptise Provoland (le pays des Provos). Londres décide d'envoyer des renforts en Irlande du Nord : 600 soldats qui portent les effectifs militaires présents dans la province à leur chiffre maximal ; 15 000 hommes. À grand renfort d'informations confidentielles, on apprend que des hommes du Special Air Service (SAS), une unité de contre-terrorisme créée lors de la dernière guerre, vont aussi opérer en Ulster.

Statu quo

Merlyn Rees, fidèle à sa tactique de la carotte et du bâton, annonce, le 12 janvier, que la convention constitutionnelle, qui s'est séparée sans résultats, reprendra le 3 février, pour quatre semaines. Par la même occasion, les autorités dressent un bilan d'un an de trêve des Provos : 300 morts.

Les autorités britanniques mettent fin, le 1er mars, au régime spécial dont bénéficient depuis 1972 les condamnés politiques en Irlande du Nord, régime qui n'existe pas en Grande-Bretagne.

Le 2 mars, la convention constitutionnelle se sépare définitivement sans être arrivée au moindre résultat, sinon de permettre aux loyalistes de réaffirmer avec éclat leur opposition totale à un partage du pouvoir provincial avec les catholiques modérés. Mais la fin de la convention marque aussi la fin de la coalition loyaliste née en janvier 1974 pour lutter contre l'ingérence de Dublin et de Londres dans les affaires de l'Ulster. Le 3 mars, Merlyn Rees annonce aux Communes que Londres réinstaure son administration directe sur l'Irlande du Nord, puisque celle-ci a été incapable de se donner le gouvernement provincial interconfessionnel que souhaite Westminster. La boucle est bouclée. Huit ans après le début des troubles, (près de 1 500 morts), on est ramené au statu quo.

Grèce

Athènes. 8 970 000. 68. 0,7 %.
Économie. PNB (72) : 1 816. Production : G(72) 118 + A(73) 137 + I(73) 146. Énerg. (*73) : 1 828. C.E. (73) : 9 %.
Transports. (*73) : 1 615 M pass./km, 798 M t/km. (*73) : 364 800 + 162 600.  : 21 759 000 tjb. (73) : 3 154 M pass./km.
Information. (72) : 104 quotidiens ; tirage global : *699 000. (70) : *990 000. (72) : *520 000. (73) : 1 670 000.
Santé. (72) : 15 351. Mté inf. (73) : 25,3.
Éducation. (71). Prim. : 910 728. Sec. et techn. : 612 325. Sup. : 75 348.
Institutions. Le 24 juillet 1974, le régime des colonels s'effondre, laissant le pouvoir à Constantin Caramanlis. Un parlement est élu au suffrage universel le 17 novembre. Le référendum du 8 décembre 1974 confirme la déchéance du roi Constantin XIII et instaure la république. Constitution votée par l'Assemblée nationale le 7 juin 1975, entre en vigueur le 11 juin 1975. Président de la République : Constantin Tsatsos, élu le 19 juin 1975. Premier ministre : Constantin Caramanlis.

L'immobilisme de Caramanlis multiplie les signes de dégradation

La récession économique, des conflits sociaux, l'absence de profondes réformes structurelles, un certain immobilisme dans le domaine de la politique étrangère, tout concourt à alimenter la fronde des partis de l'opposition contre le Premier ministre, Constantin Caramanlis, dont le prestige personnel paraît entamé. La déception qu'exprime une bonne partie de la presse est à la mesure de l'immense espoir qu'avait suscité son accession au pouvoir en juillet 1974.

Indulgence

Loin de réaliser l'union sacrée qu il appelait de ses vœux, Caramanlis est de plus en plus contesté par les formations du centre, de la gauche et de l'extrême gauche, qui lui reprochent en premier chef, son indulgence à l'égard des anciens partisans de la dictature militaire (1967-1974).