Les dirigeants de Bonn sont gênés par ces révélations, car, depuis plus d'une dizaine d'années, ils négocient discrètement le passage à l'Ouest de citoyens est-allemands, ainsi que la libération anticipée de prisonniers politiques, contre paiement d'une sorte de rançon.

À la mi-mars, les relations traversent une nouvelle crise. Le ministre ouest-allemand de l'Économie, Hans Friderichs, quitte brusquement la foire de Leipzig pour protester contre le refus des Allemands de l'Est d'accorder une accréditation à deux journalistes de RFA. Le lendemain, Bonn interdit l'atterrissage d'un avion spécial qui devait amener les représentants du parti est-allemand SED au congrès du parti communiste ouest-allemand DKP.

Cependant les deux États allemands signent, le 19 décembre 1975, un ensemble d'accords portant sur l'amélioration des voies d'accès à Berlin-Ouest. Les autoroutes seront réparées ou élargies, des gares seront réouvertes ainsi qu'un nouveau point de passage routier. La RFA accepte de participer au financement des travaux et d'augmenter le versement forfaitaire pour les visas des voyageurs occidentaux se rendant à Berlin-Ouest à travers la RDA ; ce forfait passe de 230 à 400 millions de DM par an pour les quatre prochaines années.

Bonn et Berlin-Est signent un nouvel accord postal, le 12 mars, qui garantit l'acheminement plus rapide des lettres et des paquets. L'Allemagne de l'Est sort aussi de l'anonymat postal ; le X devant le code postal doit être désormais remplacé par les lettres DDR, sigle allemand de la RDA.

Allemagne de l'Ouest

Bonn. 62 040 000. 249. 0,7 %.
Économie. Seul des grands pays de l'Europe occidentale à posséder, malgré la récession et la crise pétrolière, une balance commerciale excédentaire. Le solde positif de la balance des paiements est moindre, diminué notamment par des investissements à l'étranger, qui constituent en fait un placement à long terme. Investissements, transferts de capitaux publics, exode de fonds liés aux touristes se déplaçant à l'étranger et aux envois des travailleurs immigrés, rien, en fait, n'altère la solidité du Deutsche Mark.
PNB (73) : 5 671. Production : G(73) 112 + A (73) 116 + I (73) 114. Énerg. (*73) : 5 792. C.E. (73) : 19 %.
Population active (73) 26 202 000 dont A : 7,5 % ; I : 49,5 % ; D : 43 %. PNB par secteurs (73) A : 2,9 % ; I : 52,1 % ; D : 45 %. Prix à la consommation (évolution 74) : +7,5 %. Balance commerciale (74) exp. : 91,1 MM $, imp. : 69,1 MM $. Balance des paiements (74) : excédent 3,6 MM. Productions (74) : houille 95 Mt, pétrole importé 140 MT, électricité : 312 TWh, acier 53,2 Mt, automobiles 3,1 M d'unités.
Transports. (*73) : 39 797 M pass./km, 67 256 M t/km. (*73) : 16 568 800 + 1 104 200.  : 7 980 000 tjb. (73) : 9 995 M pass. /km.
Information. (72) : 1 223 quotidiens ; tirage global : 18 126 000. (73) : 20 586 000. (73) : 18 486 000. (72) : 1 279 800 fauteuils ; fréquentation : 149,8 M. (73) : 17 803 000.
Santé. (72) : 113 561. Mté inf. (72) : 22,7.
Éducation. (71). Prim. : 6 476 647. Sec. et techn. : 4 506 317. Sup. : 597 685.
Institutions. République fédérale allemande, indépendante le 5 mai 1955. Constitution de 1949, Président de la République : Walter Scheel, élu le 15 mai 1974 ; succède à G. Heinemann. Chancelier : Helmut Schmidt.

À la veille des élections, la coalition gouvernementale s'essouffle

« L'Allemagne, un modèle ». Le slogan choisi par le parti social-démocrate pour les élections législatives du 3 octobre 1976 illustre la dominante de la politique ouest-allemande. L'Allemagne de l'Ouest s'offre en modèle à ses partenaires européens, pour sa stabilité politique, sa paix sociale, sa réussite économique. Le chancelier Schmidt donne des leçons à tout le monde : « Celui qui fait à temps les réformes sociales n'a pas besoin de réfléchir sur un compromis historique », déclare-t-il le 8 avril devant le Bundestag, l'œil fixé sur l'Italie où la montée des communistes l'inquiète.

H. Schmidt se défend d'être le maître d'école de l'Europe mais n'hésite pas à donner son avis sur la politique intérieure de ses alliés. Cette attitude lui vaut quelques désagréments même avec le gouvernement français. Elle alimente aussi la polémique intérieure avec la démocratie chrétienne, qui se sent visée par les attaques contre les démocrates chrétiens italiens.

Opposition

Les déclarations du chancelier ne sont pas dépourvues en effet d'arrière-pensées électorales, mais il n'est pas certain qu'elles se révèlent finalement payantes. Lorsque s'ouvre, au début de l'été 1976, la campagne électorale, la coalition libérale-socialiste au pouvoir depuis 1969 a en tout cas un handicap à remonter. Certes, les sondages sont contradictoires, mais l'opposition chrétienne-démocrate gagne des points tout au long de l'année.