Le 15 janvier à Hanovre, elle inflige une sévère défaite à la coalition libérale-socialiste en faisant élire, contre toute attente, son candidat au poste de ministre-président de Basse-Saxe. Trois députés libéraux ou sociaux-démocrates votent contre leur propre candidat ou s'abstiennent. La démocratie chrétienne renforce ainsi son pouvoir à la chambre des États, où sa majorité passe de une à onze voix. Aucune loi nécessitant l'accord du Bundesrat ne peut être votée sans son assentiment. Ainsi fait-elle échouer le 14 mai la loi sur la réforme de la formation professionnelle, qui visait à créer des places d'apprentissage en prélevant une taxe sur les entreprises, et le 4 juin l'augmentation de deux points du taux de la TVA proposée par le gouvernement et votée par le Bundestag.

Elle utilise aussi son nouveau pouvoir pour retarder, en février et mars, la ratification des accords germano-polonais signés le 9 octobre à Varsovie. Les accords sont finalement ratifiés le 12 mars à l'unanimité par la chambre des États après que le gouvernement polonais a, dans une lettre, donné une interprétation satisfaisant la démocratie chrétienne.

L'affaire polonaise rapproche les libéraux des chrétiens-démocrates modérés, car ce sont les efforts conjugués de H-D. Genscher, ministre des Affaires étrangères et président du parti libéral, et des modérés de la CDU, autour de Helmut Kohl, candidat à la chancellerie, qui ont permis d'obtenir ce résultat. À son congrès de Fribourg, le FDP se prononce cependant le 31 mai pour la reconduction de la coalition avec le SPD, bien que le président de la République, W. Scheel, ancien président du FDP, ait laissé entendre en janvier 1976, par des indiscrétions calculées, qu'il n'était pas opposé à un changement d'alliance.

Le vote de la chambre des États renforce d'autre part la position de H. Kohl au sein de l'opposition, par rapport à F.-J. Strauss, partisan d'une confrontation totale avec la coalition gouvernementale.

Aux élections régionales, le parti social-démocrate continue à perdre des voix (6,5 % à Brême, le 28 septembre 1975, et 4,3 % dans le Bade-Wurtemberg, le 4 avril 1976). Dans ce dernier Land, la démocratie chrétienne renforce au contraire sa majorité absolue en passant de 52,9 % à 56,7 % des suffrages.

Contre toutes ces déconvenues, le SPD fait front. À son congrès de Mannheim, du 11 au 15 novembre, il se rassemble autour de W. Brandt et de H. Schmidt, qui sont réélus respectivement président et vice-président du parti avec le même nombre de voix (407). La gauche sociale-démocrate impuissante assiste à l'effondrement de ses espoirs nés deux ans auparavant au congrès de Hanovre. L'unité autour de la direction du parti profite en fait à la droite, qui reprend un à un les bastions régionaux de la gauche.

H. Schmidt présente à ses amis une alternative simple : ou bien ils soutiennent une politique modérée, ou bien ils retournent dans l'opposition « sur le banc des spectateurs ». Certaines organisations régionales du parti n'en restent pas moins divisées, et, en mars-avril, la direction nationale doit intervenir pour éviter une crise grave dans la section de Munich. La droite du SPD reproche à W. Brandt de planer au-dessus des problèmes quotidiens et de s'intéresser plus à la politique étrangère qu'à la cuisine de parti. Remis de l'affaire de l'espion Guillaume, (Journal de l'année 1973-74), condamné le 15 décembre 1975 à treize ans de prison par le tribunal de Düsseldorf, W. Brandt pense toujours à sa vocation internationale. En marge du congrès de Mannheim, il a réuni une quarantaine de chefs de partis socialistes et progressistes d'Europe, d'Asie, d'Amérique et d'Afrique.

Le poids du FDP dans la coalition grandit dans la mesure où la popularité du SPD diminue. Les réformes qui ne sont pas bloquées par la démocratie chrétienne sont édulcorées par les libéraux (comme, par exemple, la cogestion). Cependant le parlement vote au mois de mars une réforme de la condition pénitenciaire et, au mois de mai, la réforme du droit du mariage, qui introduit le divorce constat d'échec, et la nouvelle loi sur l'avortement ; celle-ci libéralise l'interruption de grossesse en la rendant possible quand certaines conditions médicales, eugéniques ou éthiques sont réunies.