Jacques Dontot, ancien directeur général du groupe Thomson, a accepté en mars 1973 de présider la première filiale française de la très puissante société japonaise d'électronique Sony.

Bâtiment

Une expansion controversée

Pour les communiqués officiels, l'année 1972 a été, dans le domaine de la construction de logements, l'année des records, avec 546 000 logements terminés (contre 475 000 en 1971, soit + 14,8 %) et 554 000 mis en chantier (contre 516 000 en 1971, soit + 7,3 %).

L'expansion apparaît aussi dans la progression du chiffre d'affaires de l'industrie du bâtiment, qui passe de 108 milliards de francs en 1971 à 121 milliards en 1972 (+ 5,6 %). Plusieurs facteurs expliquent cette évolution.

Besoins

La croissance démographique (le nombre des mariages a augmenté de 4 % au cours du 1er semestre 71 par rapport à la période correspondante de 1970) et l'évolution économique permettent de comprendre la pression de la demande. Il faut aussi tenir compte du lancement de gigantesques programmes industriels – Fos, Dunkerque, Roissy –, qui nécessitent le logement de milliers d'ouvriers, le démarrage des villes nouvelles à proximité de Paris, de Lyon et de Lille, qui entraînent la construction d'une quantité importante de logements.

Solvabilité

Parallèlement, la hausse du pouvoir d'achat, l'existence d'une épargne liquide considérable et, surtout, le phénomène d'érosion monétaire accroissent l'intérêt des placements dans la pierre.

Pourtant, l'optimisme du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'équipement, du logement et du tourisme (MATELT) doit être corrigé par plusieurs facteurs moins exaltants :
– tout d'abord, la Fédération du bâtiment conteste les statistiques officielles. Le chiffre de logements terminés – 546 000 – lui paraît devoir être diminué d'une trentaine de mille : en effet, la suppression de l'exonération pendant vingt-cinq ans de l'impôt foncier bâti pour les immeubles non HLM terminés après le 1er janvier 1973 aurait incité les constructeurs à déclarer comme terminés des immeubles qui ne le seront, en fait, que dans le courant du 1er semestre 1973 ;
– même en se tenant aux statistiques du ministère, force est bien de constater que la progression de la construction profite surtout au secteur des logements non aidés ou des logements primés sans prêt, tandis que le logement social accentue son retard.

Enfin, le gros point noir réside dans l'augmentation continuelle des prix et cela dans tous les domaines :
– la hausse du prix des terrains ne cesse de s'aggraver, notamment dans le centre des villes. Ainsi, à Paris, où les prix ont augmenté de 50 % en deux ans dans de nombreux arrondissements, on constate, de 1971 à 1972, des bonds de 1 400 à 2 000 F le mètre carré dans le secteur Italie, de 1 100 à 1 600 F dans le XIXe ou de 2 000 à 3 000 F dans le XVe ;
– la hausse du prix de la construction, ensuite, qui est passée de + 2,8 % en 1970 à + 5,9 % en 1971 ;
– la hausse des taux d'intérêt, enfin, provoquée à la fois par les restrictions de crédit à l'automne 1972 et par l'évolution mondiale du loyer de l'argent.

Ainsi, au début de 1973, le taux d'intérêt moyen s'établissait à 12 %. Soit, pour un crédit sur vingt ans, un remboursement mensuel de l'ordre de 114 F par 10 000 F empruntés, au lieu de 100 F à la fin de l'automne.

Ségrégation

Toutes ces hausses, renchérissant finalement le coût du logement, ont pour résultat d'accentuer les phénomènes de ségrégation sociale dans les villes, les jeunes ménages et les catégories les plus défavorisées étant repoussées de plus en plus loin vers des banlieues mal équipées et mal desservies. C'est pour tenter d'enrayer cette évolution que le ministre de l'Aménagement du territoire décidait, en mars 1973, d'« interdire les grands ensembles » et de mieux répartir logements sociaux et logements de standing : une directive limitait désormais à 1 000 logements les programmes pouvant être réalisés dans les agglomérations de moins de 50 000 habitants et à 2 000 dans les autres, avec un pourcentage minimal de 20 % et maximal de 50 % d'HLM.