Le 15 mai, Pierre Messmer inaugure le central Tuileries (il regroupera 250 000 lignes) et annonce que les crédits prévus par le Plan pour l'équipement téléphonique seraient accrus de 25 % en 1974, 75 et 76. La France devrait disposer en 1977 de 12 millions de lignes (5,7 millions à la fin de juin 1973).

Électroménager

Les activités des sociétés fabriquant des biens de consommation ont augmenté de 15 %. Les exportations de ce secteur ont progressé de 18 %, grâce, notamment, aux ventes à l'étranger de cuisinières, réfrigérateurs, machines à laver (+ 34 %). Ce dernier pourcentage illustre la fin de la suprématie de l'industrie italienne de l'électroménager. Au reste, la plupart des grandes firmes d'outre-Alpes de cette industrie ont été rachetées par des groupes étrangers. Philips (Pays-Bas) a pris le contrôle d'Ignis et AEG Telefunken (Allemagne fédérale) celui de Zanussi.

Une légère inquiétude cependant : les importations ont, elles aussi, rapidement augmenté (+ 23 %) sous la pression de la demande intérieure, en raison, surtout, de la vive progression des achats de matériels – de postes de radio plus particulièrement – produits dans les pays du Sud-Est asiatique où les salaires sont particulièrement bas.

Dans le secteur des biens intermédiaires (essentiellement les composants électroniques), après une longue période de dépression, les activités ont retrouvé un bon niveau (+ 14 %). De surcroît, les carnets de commandes sont bien garnis et les délais de livraison sont relativement longs.

Aucun rapprochement important d'entreprises n'a marqué la période 1972-73 pour la construction électrique et électronique. Au mieux, un point final a été mis à certains dossiers ouverts au cours des années précédentes.

La tv couleur fait sa percée

La création de la troisième chaîne de télévision a donné un coup de fouet aux ventes de récepteurs couleur. Les producteurs ont même été pris de court et, durant les premiers mois de 1973, les acheteurs ont dû attendre parfois plusieurs semaines pour se faire installer un appareil. Cette pénurie est due en partie aux grèves de septembre-octobre (15 000 récepteurs perdus ou retardés). En 1972, 411 000 téléviseurs pouvant recevoir des émissions en couleurs ont été fabriqués en France (+ 37 % par rapport à 1971) ; 3 000 ont été exportés et 37 000 importés. Ces derniers, équipés pour recevoir des programmes émis selon les systèmes Pal et Secam, ont été achetés par les habitants des régions proches des frontières belges et allemandes. Au total, 445 000 récepteurs couleur ont été vendus en France en 1972 (1 580 000 en Grande-Bretagne). Les ventes d'appareils noir et blanc – 1 180 000, les neuf dixièmes étant produits en France – diminuent de 7 %. Les prévisions pour 1973 : 560 000 récepteurs couleur et 1 150 000 noir et blanc.

Ordinateurs

La Compagnie internationale pour l'informatique (CII) – contrôlée par Thomson-Brandt – a étendu, le 19 janvier 1973, la portée de l'accord qu'elle avait signé en 1972 avec le groupe allemand Siemens (Journal de l'année 1971-72). Ce rapprochement ouvre la voie, enfin, à une industrie européenne des ordinateurs. Un autre accord entre les deux partenaires (CII et Siemens) devait ensuite intervenir avec le groupe hollandais Philips. Cet engagement tripartite porte essentiellement sur les ventes en commun d'ordinateurs de gestion et de bureau. Le chiffre d'affaires de la CII a été, en 1972, de 815 millions de francs (+ 30 %).

Composants

En revanche, un rapprochement longtemps médité n'a pas abouti. Il devait associer les trois principaux fabricants de composants d'Europe : Sescosem (filiale française du groupe Thomson), Telefunken (RFA) et Plessey (GB). Dès l'été 1972, Plessey s'était retiré. L'amélioration sensible dans l'industrie des composants, après une crise grave, semble être la cause de l'échec des négociations. Électricité de France, qui devait choisir en décembre 1972 le destinataire de sa prochaine commande de centrales nucléaires, a différé son choix de plusieurs mois. Le 26 mai, elle confie à la Compagnie générale d'électricité (CGE) la commande d'une centrale. Cet ordre ne sera confirmé qu'après l'étude des conclusions auxquelles conduiront les mises au point concernant l'assise européenne du groupement industriel et ses accords de coopération avec le Commissariat à l'énergie atomique. Les pouvoirs publics ont voulu s'entourer de garanties quant à la sécurité de fonctionnement de la future centrale. La CGE a en effet passé deux accords qui tendent à renforcer sa position, faible encore, dans la construction de centrales nucléaires. Le premier, au début de l'été de 1972, avec General Electric – dont elle est la licenciée. La firme française profitera des progrès faits par le groupe américain sur les réacteurs à eau bouillante. Le second accord, en février 1973, a été passé avec Babcock-Atlantique pour la construction de réacteurs surrégénérateurs. Ce nouveau groupement devrait être candidat à la construction – à Malville (Isère) – du surrégénérateur européen de 1 200 mégawatts commandé par EDF, la RWE (RDA) et l'Enel (Italie).