Pioneer 10 croisera l'orbite de Pluton en 1984. Il sillonnera probablement l'espace interstellaire pendant des millions, voire des dizaines de millions d'années sans jamais rencontrer un autre astre. Comme il faudrait en visiter beaucoup pour avoir la probabilité de rencontrer une planète habitée, on peut escompter que ce messager des Terriens ne livrera jamais son message.

Car il y a un message... Pioneer est porteur d'une plaque d'aluminium doré de 15 à 23 cm, sur laquelle on a gravé des images qui, dit-on, ont des chances de rester lisibles pendant 100 millions de nos années terrestres. Recourant à un symbolisme rationnel, on a représenté sur cette plaque : la position par rapport à la Terre de 14 radiosources du type pulsar, avec indication de leur fréquence exprimée en langage binaire et rapportée à la fréquence de l'atome d'hydrogène (présent partout dans l'univers) ; un homme et une femme, nus, sont indiqués comme étant les créateurs de la sonde, représentée schématiquement derrière eux ; des symboles suggèrent que la taille de la femme (1,60 m) est égale au nombre binaire 8 multiplié par la longueur d'onde d'une raie caractéristique de l'hydrogène (20 cm) ; enfin, le Soleil et les 9 planètes sont figurés, et, avec eux, la trajectoire de la sonde qui, partant de la Terre, passe entre Jupiter et Saturne.

TU, TAI et TUC ; la Terre retarde

TU, c'est le temps universel fondé sur la rotation de la Terre : une étoile se trouve au méridien et on déclenche un chronomètre de haute précision ; lorsque l'étoile revient au méridien, vingt-quatre heures se sont écoulées.

Mais la durée de la rotation de la Terre varie au fil des années, ce qui ne fait pas l'affaire de tous ceux qui ont besoin d'une base de temps vraiment constante. D'où l'adoption d'horloges atomiques ou moléculaires : insensibles aux mouvements de la Terre, atomes et molécules vibrent un très grand nombre de fois par seconde, un nombre de fois qui demeure pratiquement indépendant de toute perturbation extérieure. L'heure indiquée par les meilleures horloges constitue ce que l'on nomme le TAI, c'est-à-dire temps atomique international.

Le 1er janvier 1958, par convention, les horloges atomiques furent mises à la même heure zéro. Depuis lors, la Terre ayant ralenti sa rotation, le TU a pris du retard (10 secondes accumulées à la fin de 1971). Pour beaucoup d'usagers, cet écart est gênant ; pour d'autres, il est inadmissible. Alors, on a institué le TUC (temps universel coordonné), qui, depuis le 1er janvier 1972, est diffusé par les signaux horaires à toute la planète. Il s'agit du temps universel, auquel on ajoute le nombre entier de secondes de retard qu'il a prises par rapport au garde-temps atomique. De temps à autre — mais toujours un 31 décembre ou un 30 juin — une nouvelle seconde sera ajoutée au TUC. Cette opération a eu lieu le 30 juin 1972 à minuit : entre l'heure 23 h 59′ 60″ de ce jour-là et l'heure 0 h 0′ 0″ du 1er juillet, une seconde intercalaire a été ajoutée et le retard du TU est devenu de onze secondes. Tout est ainsi rentré dans l'ordre, mais pour peu de temps, car la Terre continue de retarder de plus de deux millisecondes à chaque tour.

La collaboration internationale

Dans le domaine de la collaboration internationale, on a vu se confirmer les trois tendances apparues au cours de l'année précédente (Journal de l'année 1970-71).

Premièrement, on assiste à un développement accéléré de la collaboration lorsque les programmes n'ont pas un caractère commercial et n'entraînent pas l'accès des coopérants à des informations technologiques qu'ils seraient à même d'exploiter pour leur propre compte.

Deuxièmement, on voit se manifester les réticences, tergiversations et manœuvres dilatoires des États-Unis, même à l'égard des pays alliés et amis, pour tout programme de nature à entamer le monopole économique américain (satellites de télécommunications ou de radionavigation) ou impliquant un partage des connaissances technologiques déjà acquises ou pouvant l'être lors de l'exécution du programme commun (lanceurs, navette spatiale, station orbitale).