En effet, les difficultés économiques, principalement durant l'imposition de la surtaxe de 10 %, relancent le nationalisme économique du Canada. Nombreux sont les spécialistes qui proposent une économie originale pour distinguer le pays de son voisin. « Quand les États-Unis ont un rhume, dit-on, le Canada tousse. » Cette boutade exprime assez bien la dépendance canadienne envers les Américains. Elle ne se situe d'ailleurs pas seulement au niveau des exportations, mais également à celui des investissements. En 1967, les capitaux étrangers s'élevaient à 35 milliards de dollars, dont 29 étaient de source américaine.

Cinq mois après la visite de P. E. Trudeau à Washington, le président Nixon séjourne à Ottawa du 14 au 16 avril 1972. Il y déclare entre autres, sûrement pour rappeler l'amitié qui lie les deux pays, que « le Canada est une unité distincte des États-Unis, même s'il n'y a pas de murailles entre les deux ».

Le gouvernement Trudeau y voit une approbation plus forte de sa politique de surveillance de l'entrée des capitaux étrangers. Aussi, le 2 mai, le ministre du Revenu, Herb Gray, dépose devant la Chambre des députés un projet de loi tiré d'un document de 600 pages, fruit d'une longue étude, qui vise essentiellement à limiter les prises de contrôle d'entreprises canadiennes par des étrangers.

L'opposition, bien sûr, reproche au projet de loi de ne pas avoir de dents. Cette caractéristique réjouit les provinces, surtout le Québec, dont l'économie est tributaire en grande partie des capitaux américains.

Politique étrangère

La mésentente temporaire entre les États-Unis et le Canada, sur le plan économique, n'empêche nullement ce dernier d'affermir ses liens avec les pays communistes. Au contraire.

Après des ambassadeurs, la Chine et le Canada échangent des missions commerciales. Le ministre canadien de l'Industrie et du Commerce, Jean-Luc Pépin, invité par Chou En-lai, se rend en Chine en juillet 1971, accompagné de hauts fonctionnaires. À son retour, il signale qu'il y a possibilité d'accords commerciaux entre les deux pays et remet une invitation officielle de la Chine au Premier ministre Trudeau.

Le 18 octobre, P. E. Trudeau accueille le président du Conseil soviétique, Alexis Kossyguine, qui entreprend un périple de huit jours, d'Halifax à Vancouver. Toutefois, un incident regrettable jette un froid sur les entretiens qu'il poursuit avec le Premier ministre du Canada. Un immigrant hongrois, appartenant à un mouvement d'extrême droite, l'assaille à l'issue d'une première rencontre pour protester contre le sort fait aux minorités en URSS. Inquiet pour les relations canado-russes, le Premier ministre Trudeau offre des excuses à Alexis Kossyguine.

Ce dernier quitte le Canada, le 25 octobre, à destination de Cuba. Au cours de son séjour, il a visité quatre grands centres, Ottawa, Montréal, Vancouver et Toronto, et signé un accord sur des échanges bilatéraux.

Puis, dix jours plus tard, c'est au tour du maréchal Tito, président de la Fédération yougoslave, qui arrive à Ottawa pour y demeurer cinq jours. Il s'intéresse avant tout au fonctionnement du fédéralisme canadien, qu'il compare d'ailleurs avantageusement à celui de son pays, et aux échanges commerciaux.

Francophonie

Par ailleurs, l'actualité canadienne a été marquée par la reconnaissance d'un statut de gouvernement participant pour le Québec à l'intérieur de l'Agence de coopération technique et culturelle des 22 pays francophones qui tient sa première conférence à Ottawa et à Québec du 11 au 15 septembre 1971. Le gouvernement québécois obtient cette victoire sur Ottawa quelques semaines seulement avant cette rencontre.

Cependant, le gouvernement fédéral, par cette concession, n'admet pas un prolongement des compétences du Québec en matière éducative et culturelle. Les pays francophones font une place d'autant plus grande au Québec qu'ils adoptent un budget de 5 millions de dollars.

S'il existe des frictions entre Québec et Ottawa, la France n'y est pour rien cette fois. La venue au Canada du ministre français des Affaires étrangères, Maurice Schumann, peu après la conférence de l'Agence, consacre la réconciliation des deux pays qui s'étaient brouillés au sujet du Québec. Accueilli par le chef de la diplomatie canadienne, Mitchel Sharp, il affirme : « Tout désaccord entre Ottawa et Paris est aplani et dépassé. »

USA

207 010 000. 22. 1,2 %.
Économie. PNB (69) 4 664. Production (69) : G 133 ; A *104 ; I 139. Énerg. (*69) : 10 774. C.E. (69) : 4 %.
Transports. (*69) : 19 568 M pass./km, 1 121 029 M t/km. (*69) : 86 709 800 + 17 155 200.  : 18 463 000 tjb. (*69) : 201 829 091 000 pass./km.
Information. (69) : 1 758 quotidiens ; tirage global : 62 060 000. (*67) : *285 000 000. (*69) : 81 000 000. (67) : *7 000 000 fauteuils ; fréquentation : 1 300 M. (69) : 115 222 000.
Santé. (67) : 305 453. Mté inf. (69) : *20,8.
Éducation. (68). Prim. : *32 018 000. Sec. et techn. : *19 053 000. Sup. : 7 513 091.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1787. Président et chef de l'exécutif : Richard Milhous Nixon, élu le 5 novembre 1968 ; succède à Lyndon B. Johnson.

Nixon : orientations nouvelles à la veille des élections

Cette année a été celle du « grand tournant » : Richard Nixon l'a dit et la postérité lui donnera probablement raison. Au nom d'un nouveau réalisme, des décisions d'importance historique ont été prises, de vieux principes que l'on croyait intangibles ont été remis en question. Pourtant, des ombres demeurent çà et là, des déceptions se sont fait jour, qui donnent de sérieux soucis au chef de l'exécutif américain alors qu'approche l'heure des élections présidentielles.