Tandis que la guérilla urbaine est en nette régression — Carlos Lamarca, le dernier chef connu des réseaux clandestins, est tué lors d'un accrochage avec les forces armées —, le chef de l'État s'attaque à l'opposition de droite la plus dure, représentée surtout au sein de l'armée de l'air. Il écarte plusieurs dizaines d'officiers supérieurs et fait condamner les premiers policiers convaincus d'appartenir à l'Escadron de la mort. Cet essai de libéralisation est d'ailleurs rendu possible par l'accalmie, sur tous les fronts, de l'opposition.

Alors que ne subsiste, à côté du parti majoritaire (Arena), que le Mouvement démocratique brésilien (MDB) — la seule opposition tolérée — une nouvelle loi limite la création des organisations politiques et empêche l'adhésion à tout parti des citoyens privés de leurs droits civiques. D'anciens dirigeants, parmi lesquels les ex-présidents Goulart, Kubitschek, Quadros ou l'ancien gouverneur Carlos Lacerda, se trouvent ainsi visés.

Le général Medici fait adopter par ailleurs une réforme constitutionnelle prorogeant l'élection au suffrage indirect des gouverneurs d'État. Cette initiative ne laisse aucun espoir à l'opposition d'enlever des sièges de gouverneurs en 1974, 21 assemblées sur 22 ayant une majorité gouvernementale.

Église

Arrestations et pratique de la torture par les différentes polices continuent, selon certaines informations. Alors que tous les moyens de communication de masse sont contrôlés par la censure, l'Église demeure la seule organisation à disposer d'un réseau national de communication indépendant du pouvoir. De son côté, celui-ci dénonce la présence au sein de l'Église d'un secteur innovateur qui accepte « la solution révolutionnaire dans le cadre d'une perspective socialiste ». Auteur d'une Théologie de la révolution, le P. Joseph Comblin, considéré comme l'âme damnée de dom Helder Camara, est expulsé en mars.

Expansion

Le Brésil continue à faire exception en Amérique latine sur le plan économique. Pour la cinquième année consécutive, la croissance du PNB est de l'ordre de 9 %. Le gouvernement prévoit pour 1972 une hausse de 10 % dans le secteur industriel, de 7 % dans le secteur agricole, et un accroissement de 15 % des exportations, nécessaire d'ailleurs pour remplir les engagements du pays vis-à-vis de l'étranger. Basé avant tout sur l'industrialisation, cet essor, auquel s'attache désormais le nom de Delfim Neto, ministre de l'Économie, s'accompagne cependant d'une dénationalisation progressive de l'industrie et de sa colonisation progressive par les capitaux étrangers, surtout nord-américains.

La dévaluation, contrepartie de l'expansion, est érigée en système permanent d'adaptation économique, les exportateurs se trouvent dans la nécessité de maintenir un taux de change compétitif face à une rapide inflation intérieure (18,1 % en 1971).

Tandis que la population croît au rythme de 8,7 % par an (les 100 millions seront atteints en 1973), le revenu par tête ne place toujours le Brésil qu'au 9e rang des pays latino-américains ; cette croissance ne règle d'ailleurs pas la disparité sectorielle et régionale. Le revenu par tête est quatre fois moindre dans le Nord-Est (30 % de la population) que dans l'État de São Paulo (qui fournit, à lui seul, 55 % de la production industrielle).

Nouveaux territoires

Passionnant une partie des Brésiliens, frôlant l'utopie pour d'autres, le gouvernement poursuit avec des moyens exceptionnels une réalisation spectaculaire : la construction, à travers l'immense jungle tropicale, de la route transamazonienne, longue de 5 000 km, qui doit relier la côte atlantique à la frontière péruvienne, avec une transversale vers le Mato Grosso. Mais l'Amazonie, dont le défrichement ne va pas sans poser de graves problèmes pour la survie des populations indiennes autochtones, n'est encore qu'un vaste laboratoire avant d'être un possible exutoire pour de nouveaux colons, les paysans du Nord-Est surpeuplé.

Chili

9 780 000. 13. 2,4 %.
Économie. PNB (69) 610. Production (69) : G 125 ; A *105 ; I 115. Énerg. (*69) : 1 210. C.E. (69) : 18 %.
Transports. (*69) : 2 217 M pass./km, 2 652 M t/km. (*69) : 136 700 + 131 600.  : 308 000 tjb. (*69) : 729 606 000 pass./km.
Information. (68) : 122 quotidiens ; tirage global : 818 000. (69) : *1 375 000. (69) : *400 000. (68) : 266 300 fauteuils ; fréquentation : 66,5 M. (69) : 334 415.
Santé. (68) : 5 170. Mté inf. (68) : 91,6.
Éducation. (68). Prim. : 1 934 478. Sec. et techn. : 232 749. Sup. (67) : 57 146.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1925. Président et chef de l'exécutif : Salvador Allende, élu le 24 octobre 1970 ; succède à Eduardo Frei Montalva.

Obstacles intérieurs et extérieurs pour Allende

Salvador Allende forme, le 17 juin 1972, le troisième cabinet depuis son élection à la présidence de la république chilienne. Durant ces dix-huit mois, la situation économique s'est considérablement détériorée et les divergences au sein de la coalition gouvernementale se sont durcies. Il parvient néanmoins, avec cette nouvelle formation ministérielle, a maintenir la représentation des six partis qui forment l'Unité populaire. Mieux, il concilie (du moins pour un temps) les politiques opposées des socialistes et des communistes sur les nationalisations, en écartant Pedro Vuskovic, mais en lui réservant d'importantes fonctions ; et du même coup il donne en partie satisfaction aux démocrates-chrétiens.