Pour sortir de l'impasse née du différend entre l'exécutif et le législatif, Allende, soucieux du respect de la légalité, n'envisage qu'une seule issue : le référendum. Compte tenu cependant de la force électorale de l'opposition et du risque de coup d'État légal en cas de défaite, le gouvernement Allende préfère tenter de négocier un compromis sur la question du budget et sur celle des nationalisations. Le 6 avril, la position du gouvernement se trouve affaiblie par le retrait de la coalition du parti de la gauche radicale ; elle se conclut provisoirement par le remaniement ministériel du 17 juin 1972.

Complots

À ce climat d'instabilité que s'efforce de créer l'opposition s'ajoute une série de complots. En septembre 1971, des rumeurs d'une éventuelle agitation militaire circulent avec insistance. Depuis la manifestation du 1er décembre, les attentats se multiplient. Le 27 mars, une nouvelle affaire conduit à l'arrestation de plusieurs officiers en retraite. Au même moment, la révélation, par le journaliste américain Jack Anderson, d'un complot fomenté en 1970 par la CIA et l'International Telephone and Telegraph (ITT) pour empêcher l'arrivée au pouvoir d'Allende, vient donner un fondement aux rumeurs précédentes. « On nous attaque de l'extérieur et de l'intérieur », déclare le 12 mars Allende, reconnaissant ainsi qu'il a été acculé à la défensive.

Colombie

21 770 000. 19. 3,2 %.
Économie. PNB (69) 360. Production : G (67) 121 ; A (*69) 124 ; I (69) 139. Énerg. (*69) : 591. C.E. (69) : 9 %.
Transports. (*69) : 273 M pass./km, 1 166 M t/km. (68) : 141 100 + 123 200.  : 235 000 tjb. (*69) : 1 743 624 000 pass./km.
Information. (67) : 25 quotidiens ; tirage global : 1 021 000. (69) : *2 214 000. (*69) : 622 000. (68) : 431 400 fauteuils ; fréquentation : 92,8 M. (69) : 542 765.
Santé. (67) : 8 654.
Éducation. (67). Prim. : 2 586 288. Sec. et techn. : 577 417. Sup. : 58 417.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1886. Président et chef de l'exécutif : Misael Pastrana Borrero, élu le 19 avril 1970 ; succède à Carlos Lleras Restrepo.

Objectif 74

Occupation d'une raffinerie par ses 2 000 ouvriers en août 1971 ; 12 militaires tués par des membres des Forces armées révolutionnaires (communistes) ; le 26 septembre, deux dirigeants de l'Armée de libération populaire (prochinois) tués le 24 décembre ; assassinat d'un leader communiste à Yacopi, le 24 mars 1972 : attentats, coups de force et répression s'enchaînent.

Depuis l'accession à la présidence de Pastrana Borrero (Journal de l'année 1970-71), la situation politique et sociale (grève du corps enseignant) n'a cessé de se détériorer. Les élections municipales du 16 avril ont vu la victoire des deux partis au pouvoir : le parti libéral, animé par l'ancien président Lleras Restrepo, et le parti conservateur de l'actuel président, devançant l'Alliance nationale populaire (ANAPO) de l'ex-dictateur Rojas Pinilla, seul rival sérieux de la coalition gouvernementale.

Mais, avec près de 70 % d'abstentions, ces résultats ne paraissent pas suffisamment convaincants. Le pacte gouvernemental passé en 1957, au terme duquel conservateurs et libéraux se sont engagés à exercer alternativement le pouvoir, dans le cadre d'un Front national, pourra-t-il tenir jusqu'à son terme, en 1974 ? Les divisions au sein des deux partis et la situation économique autorisent un certain scepticisme.

Origine de la guérilla

Le chômage et le sous-emploi touchent près du quart de la main-d'œuvre. Étant donné la forte poussée démographique, ce chiffre pourrait atteindre le tiers de la population active en 1985 si des mesures radicales ne sont pas prises, notamment en matière de réforme agraire. Le bilan du gouvernement Borrero est maigre dans ce domaine. Selon l'expert Oscar Delgado, au rythme où se fait la distribution des terres, il ne faudrait pas moins de dix siècles pour mener l'opération à son terme. Malgré une timide relance, la composition du gouvernement est telle qu'il peut difficilement se soustraire à l'oligarchie des grands propriétaires terriens.